Une âme errante

Une ombre scrutait à travers la fenêtre de la taverne. Voyant l'activité de celle-ci, la silhouette prit le parti d'ouvrir la lourde porte en bois pour contempler l'ensemble des assaillants du comptoir.

Mes hommages aux veilleurs.
je suis une âme errante en quête d'une chopine remplie, voire plus.
Auriez-vous l'aimabilité de m'offrir mon graal ?
Mon étoile m'a conduit ici après moultes batailles et guerres sans fin.
Je n'ai aucune intention bélliqueuse envers les veilleurs, seulement une envie de m'atabler pour assouvir ma soif.

La silhouette leva la tête, laissant place à un visage fatigué aux traits creusés. Il arborait une longue chevelure blanche tombant aux épaules.
Il observait les personnes de la taverne pour observer leur réaction.

Comme la plupart des soirs où les Veilleurs ne requiéraient pas sa présence, Sunkh se rendait à la première taverne du coin, histoire de se souler un peu pour oublier les remontrances d'Alarnia qui résonnaient dans sa tête à chaque minute. En effet, l'épée possédée, n'ayant aucune âme sous la main pour se repaître, ne cessait de le harceler pour l'enjoindre à se battre. Il espérait bien, comme à l'accoutumée, finir avec une ou deux putains. Sauf que cette fois ci, c'était un inconnu au bataillon qui s'était présenté. Sunkh n'aimait pas les inconnus, celui-ci allait en faire les frais... D'un pas vif, il se présenta derrière "cheveux blancs", celui-ci se retourna, sentant aisément le souffle du diabolique sur sa nuque. L'agrippant par le col, il le hissa à sa hauteur avant de lui cracher au visage :

T'es qui toi ? Un nouveau ? Qui t'a permi de venir ici, hein ? J'aime pas les inconnus, encore moins les mystérieux dans ton genre. Quand on arrive en Terra Incognita, la moindre des politesses, c'est de se présenter, ta maman te l'a jamais appris ?

Dégainant Alarnia de l'encoche placée sur son dos, Sunkh se fit plus menaçant. Il faut dire qu'avec une épée aussi longue et aussi ténebreuse, on devenait immédiatement plus convaincant.

Bon... Vu que ta mère l'a pas fait, je vais me charger de t'apprendre les bonnes manières car oui ici, nous avons coutume de dire notre nom à celui que nous allons tuer, histoire qu'il se souvienne de celui qui l'a vaincu... Je m'appelle Sunkh, fils de l'Aasimar Anthera, et je crois bien que je vais te tuer.

C'est à ce moment que la main de la frigide empoigna le diabolique. Elle le fit se pivoter sur lui même et menaçante elle s'adressa à lui.

Vous vous calmez messire Sunkh. N'abusez pas de votre rang au sein des Veilleurs pour vous comportez comme un goujat.
Ce chevalier qui n'est autre qu'une ombre n'est en rien dangereux. Cessez de vous agitez ainsi en donnant des coups dans le vent. Prenez place et offrez moi de quoi m'étancher la gorge.

Azura porta son attention sur la silhouette.

Bienvenu parmis nous étranger. Je suis Azura et lui mon allié Sunkh. Et vous, quel est votre nom?

Une tête aux poils hirsutes s'hérissa discrétement de la pénombre, non loin d'un escalier crasseux.

Une âme errante a-t-il dit?

Mais nous le sommes tous ici...
Le dénommé "Sunkh" a surgit comme un fou et se permet de faire des leçons de morale. Il ose même sortir son étrange lame. Je ne l'ai jamais apprécié ce cramé du bulbe et ça ne risque pas de changer.

Tiens! La jeune femme m'a déjà remarqué. Elle fait mine de m'ignorer, je lui en suis gré car voir le fou débouler vers moi ne m'enchante guère. Elle a les sens aiguisés... Impossible de la cerner vraiment cette "Azura". Cette assurance dans ses paroles laisserait-t-elle sous-entendre une certaine fragilité cachée?

Je ne suis pas si loin du bon vieux temps remarque... Cotoyer des gens agressifs, rancuniers et cachotiers fut mon quotidien pendant de longues années. J'en souris presque.

Bon voyons voir comment les choses évoluent. Cet individu n'est surement pas venu ici pour boire une simple chope. On ne prendrait pas un tel risque de s'aventurer ici pour si peu. Quelles sont réellement les buts de sa venue?

Oh une nouvelle odeur? Une odeur délicate, un poil nacrée, très fine... Une quatrième personne doit surement se dissimuler quelque part, profite bien de tes instants de tranquilité car je vais vite te trouver...

Entendant Azura réprimander son frère, Sankh accouru dans la longue allée du refuge des Veilleurs. C'est le souffle court qu'il adressa un petit sourire gêné à Azura avant d'appuyer d'une main ferme l'épaule de son double, obligeant se dernier à le regarder. Remarquant la moue moqueuse de ce dernier, Sankh s'exclama :

Tu es vraiment incorigible Sunkh, stupide et incorigible... Toujours à faire le malin, à te pavaner, semer la zizanie et effrayer les nouveaux venus, un vrai bandit de pacotille.

Il accentua ces paroles provocatrice non sans joie, se laissant aller au jeu du chat et de la souris.

Tu parles de bonnes manières mais où sont les tiennes ? Tu fais déshonneur à mère...
Excuse toi devant notre hôte et une bonne fois pour toute, arrête de traumatiser ainsi les arrivants, tu vas ternir notre réputation !
Raaa, je me sens si vieux avec toi, toujours à faire la morale, à te reprendre sur des choses évidentes, tu es vraiment pire qu'un nourisson.

Il s'éloigna quelques instants et tendit un verre d'eau fraiche à Azura.

Je... J'ai involontairement entendu votre "conversation" et je me permet de me rendre utile. Puisse Pélor vous garder, sainte Azura.

Il tourna la tête vers l'hôte, les joues empourprées par le sourire malicieux d'Azura.

Bienvenue cher ami, puisse ce havre de paix réchauffer votre coeur. Vous êtes ici chez vous, mettez vous à votre aise.

Elle porta le verre d'eau a ses levres et souriante elle remercia l'ange d'un hochement de la tete.
Par dessus son épaule Azura sentit un froid lui glacé les os, elle frisonna sans savoir qu'une imposante creature poilue l'observait de loin.
L'endroit était bondé et certaines personnes demeuraient debout au comptoire. La silhouette virvoltant autour de la table resta sans voix, peut etre agressé par l'accueil de Sunkh.
Pour détendre l'atmosphére la jeune femme s'adressa au frére du démon.

Prenez place a notre table seigneur Sankh, votre frére a besoin de votre bon sens pour refroidir son esprit chaud.
Il serait dommage de gaché cette superbe soirée, le printemps et a nos portes et nous devrions celebrer cela, en plus comme vous avez du le remarquer notre cité attire des visiteurs des quatre coins de La Thessalie.

Une seconde fois La diplomate tourna la tete pour fixer le bas des escaliers, elle était certaine qu'on les observait. Mais de qui s'agissait-il?

L'homme se tourna vers le seigneur Sankh et dame Azura.

Veuillez m'excuser de mon impolitesse. Il est vrai que j'ai omis de me présenter.

Je suis Morlock, maudit à travers les âges et les terres.

J'ai parcouru tant de terre que j'en ai oublié les us et coutumes.

Je suis venu seulement arpenter votre taverne en quête de courtoisie sans animosité, ni vilainie.

Je vous remercie de cet accueil noble Sankh, il est plaisant de rencontrer des êtres humanistes.

Morlock fixa Dame Azura d'un regard triste.

Vous êtes un rayon de soleil jeune fille par cette nuit sans lune. Votre bonté rechauffe le coeur.

La voix de la silhouette tira Azura de sa préoccupation. Elle ne devait plus s'en faire en tout cas, elle était dans sa cité.

Votre courtoisie est bien plus imposante que ma soit disant bonté. A votre place j'aurais mal reagit face a ce démon, qui vous traite comme un bandit . Le manque de respect est quelque chose que je ne tolére en aucun cas et donc soyez encore une fois le bienvenu parmi nous sire Morlock.
Comme vous le constatez nous ne sommes pas tous aussi brutes.Cet homme qui vous a agressé se trouve etre le frére de sang de cet ame angelique. Sankh est comme vous l'avez déja remarquer l'opposé de Sunkh qui agit tres souvent sans reflechir aux consequences de ses actions.

Elle s'interrompit de parler pour porter une deuxieme gorger a sa bouche.

Cette ambiance enfumée me donne soife et je me demande comment une ombre comme vous peut endurer cette atmosphére . Quoi que je pense que vous ne soyez pas sensible a de tels etats puisque vous n'etes qu'une silhouette.

Dame Azura
J'ai alterné le splendide, le luxuriant tout autant que le misérable ainsi que le ridicule. Je ne fais plus attention à l'atmosphère qui règne dans les espaces, je ne m'intéresse plus qu'au personne.
Mais il est vrai que je ne serai pas contre une petite chope d'hydromel pour humidifier mon gosier asséché par mes paroles.

Morlock commençait à se sentir à son aise en ce lieu. Il lui avait semblé entendre des voix qui ne lui étaient pas inconnu.

Sunkh n'avait pu aller au bout de ses menaces du fait de l'intervention d'Azura et de Sankh... Vraiment, ces deux là se devaient de toujours traîner dans ses pattes. Foutus défenseurs du "bien"... Le bien, que ce mot lui faisait horreur, qu'il sonnait faux sortant de sa bouche ! Lâchant un profond soupir d'ennui, le diabolique rangea Alarnia dans son dos.

- Pfff... T'as de la chance que tes nounous soient là pour te protéger. Que des faux-culs ceux là... T'as toujours pas compris que eux aussi ont envie de savoir qui t'es ? Alors qu'est-ce t'attends pour nous dire ce que t'es venu foutre ici hein ? T'es une Ombre toi ? Ca tombe bien, on me surnomme Tueur d'Ombre !

Devant ce regain de violence, Sankh s'interposa à nouveau devant son frère.

- Dégage le miroir, j'ai pas besoin de toi pour me contrôler, je sais où sont mes responsabilités et je sais me contrôler.

Le regard de l'ange se fit plus insistant.

- Et non, je ne m'excuserai pas, et retraite moi encore une fois de nourrisson et c'est dehors qu'on ira régler ça. Faire honte à Mère tu disais ? Tu parles comme moi d'Anthera ? Celle dont le sang coule encore sur mes mains aujourd'hui ? Maîtrise un peu plus ta bouche frère.

C'était d'un ennui... Ces Veilleurs... A peine essayait-il d'égayer sa journée que quelqu'un venait pour l'en empêcher. Vraiment, n'y avait-il que des Saints parmi ce regroupement ? Comment pourrait-on préserver un équilibre en Thessalie avec une alliance de Saintes Nitouches ?

La soirée gâchée, Sunkh se préparait à sortir lorsqu'un frisson glacé parcourut son dos. Quelqu'un l'observait. Et pas que d'un oeil, cela se sentait. Il fit volte-face et aperçut deux yeux brillants près des escaliers menant aux chambres. La Chose regardait tour à tour son jumeau avant de le fixer lui. Le Tueur d'Ombre avança à grands pas vers la pénombre où se dissimulaient les yeux. Arrivé à un mètre de distance, il put enfin découvrir le corps à qui appartenaient les deux globes.

- Par les couilles d'Asmodée... T'es quoi toi ? Hé Sankh ! T'as acheté une nouvelle peluche ?

Le Saint Ange l'observait fixement depuis quelques secondes. Il se contenta de fermer les yeux et de hocher la tête en soupirant d'un air las, avant de se reconcentrer sur le nouvel arrivant, Morlock.

Sunkh approcha son visage à quelques centimètres de la tête hirsute. La bête ne cillait pas, et continuait de le fixer d'un regard indifférent. Alarnia, par le regard de son possesseur, observait aussil 'étrange créature

°Ca a une âme cette chose?*
°Aucune idée. De toute façon, je compte pas le tuer tout de suite, il m'amuse.
°T'as intérêt à trouver de quoi me rassasier, la dernière âme que j'ai dévorée remonte à presque une semaine !
°Je t'ai dit que je verrais !

Rompant le duel de regards qui durait depuis déjà plus d'une minute, avec la bête, Sunkh observa l'ensemble de son corps, avant de lui lancer sèchement.

- Hé, boule de poils, ça te dirait de devenir mon animal de compagnie ? Au fait, t'as un nom? Enfin tout ça, si tu comprends ce que je dis bien sûr. Sinon tu vaux même pas la peine d'être tué...

Sans savoir pourquoi, le diable sentait que cet "animal" lui plaisait particulièrement...

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* Note : ° représente les dialogues intérieurs entre Sunkh et l'esprit de son épée, Alarnia (pour plus de précisions, lire le Rp commun "Menace sur la Cité"
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Fallait s'y attendre, le démoniaque m'a repéré.
Bige! Il empeste encore plus l’audace et la prétention de près. Il y aura toujours des gens qui parlent un moment avant d’avoir pensé. Je me suis fréquemment demandé si l'arrogance était une façon de rechercher le dialogue par le conflit, un moyen de capter l'attention. Ces gens n’attendent finalement qu’une chose, qu’on leur parle et surtout qu’on les écoute.
Il a fallut qu’il s’amène vers moi pour m’affubler de questions toutes aussi insignifiantes les unes que les autres.
Essaye-t-il de me provoquer ? Avec moi il est bien mal parti.
En tout cas son étonnement n’a pas trahit ses pensées. Il n’a pas l’air de connaître ma race. C’est tout de même étonnant pour un suppliant. Remarque même pour un individu de ma propre race, je suis assez spécial. Les Gardinals sont si divers...

Quoiqu’il en soit même si je désirais lui répondre ça m’étonnerait qu’il comprenne le langage des signes. Il a l’air plutôt jeune. Et surtout bien prédisposé à la magie. J’aurais presque envie de lui enseigner quelques petites choses... Peut-être n’en a-t-il pas besoin ?

Je vais laisser parler cet inconnu que le hasard a placé auprès de moi. Il ne me coûtera bientôt pour le connaître que de l’avoir écouté.
C'est avec un sourire non dissimulé que je me rapproche de lui à moins d'un pas.