[Snow]L’Origine d’un vagabond

Babylone...

Voici l’histoire de la cité telle qu'elle est racontée dans les Bas Quartiers, à savoir si elle est véridique nul ne le sait...

L’origine de Babylone n'a rien de grandiose ou d’une grande épopée qui caractérise la plupart des grandes cités des plans. Un jour un Dieu déchu s’exila sur ce plan désertique pour échapper au jugement des ses frères à qui il avait causé nombreux torts et préjudices. La première chose qu’il entreprit en arrivant fut d’édifier une forteresse à l’aide de ses pouvoirs. Grâce à son influence il attira un bon nombre de mortels pour s’en faire des esclaves et commença son règne. Quelques années passèrent et la construction de la forteresse n’était toujours pas achevée. Elle s’élevait vers le ciel, projetant son ombre menaçante sur ceux qui habitaient les baraquements à ses pieds. Un jour, les frères du Dieu déchu arrivèrent et jaloux de son oeuvre décidèrent de tout s’approprier. Ce fut ce que les anciens appellent la première Guerre Divine. Chaque dieu apporta sa propre armée et la forteresse fut assiégée. Au cours de cette guerre le Dieu déchu fut détruit et ses frères survivants s’approprièrent sa forteresse et tout ce qui l’entourait. La construction de la forteresse reprit et chacun d’eux fit rajouter leur touche personnelle à la construction. Plus les travaux avançaient et plus le besoin de nouveaux esclaves se faisait ressentir.
Quelques temps plus tard, attirés par le nombre grandissant de mortels présents sur ce plan, d’autres dieux surgirent et la seconde Guerre Divine débuta. L’histoire se répéta durant des centaines d’années, un nouveau dieu s’appropriait la forteresse et d’autres venaient le défier. Durant toutes ces années la forteresse ne cessa de s’élever toujours plus haut vers les cieux à l’image des maîtres qui la dirigeaient. Elle était aussi hétéroclite que tous ceux qui l’avaient modifiée, comme si elle était composée de plusieurs bâtiments, tous encastrés les uns dans les autres, plutôt que d’être un seul et même édifice, elle était devenue une véritable cité verticale. Les esclaves vivant au pied de la tour était toujours ceux qui souffraient le plus de ces guerres de pouvoir entre les dieux. On dit que c’est au début d’un nouveau règne qu’un étranger arriva. Il se présenta au peuple comme étant le sauveur qu’ils attendaient. Il prit le pouvoir de la forteresse et dicta ses lois. Tout nouveau dieu arrivant dans ce plan devait entrer dans la forteresse et plus ses pouvoirs seraient grands, plus ils lui permettraient de monter dans la tour, jusqu'à atteindre sa limite, qui ainsi deviendrait son futur lieu de résidence. Il forma une hiérarchie selon la hauteur dans la forteresse où le dieu résidait. Les plus puissants occupaient les étages supérieurs tandis que les plus faibles habitaient les bas-fonds. Chaque étage étendait son pouvoir et sa domination sur ceux en dessous. Le haut de la tour fut nommé Les Cieux de Babylone. Personne n’a plus eu de contacts avec aucun de ceux qui ont réussi à s'y rendre mais nul doute que leurs pouvoirs doit dépasser l’inimaginable car ils ont le contrôle sur tout le plan.
Plus le temps passait et plus il y avait de dieux qui habitaient dans la Tour et ainsi, de plus en plus de mortels s'amassaient à ses pieds. C’est ainsi qu’une nouvelle classe fut créée. Ceux qui étaient des esclaves formèrent leur propre cité à la base de la tour. Une véritable société de plus de dix mille âmes fit lentement son apparition et devint les Bas Quartiers de la Tour. Les Bas Quartiers sont l’échelon le plus bas de Babylone et tous les habitants de la Tour y étendent leur manipulation et se servent de ces habitants pour régler leurs problèmes avec les autre dieux. Les habitants des Bas Quartiers de Babylone devinrent les jouets des dieux de la Tour qui sacrifiaient leur vie selon leur bon plaisir… C'était ainsi et il en a toujours été ainsi jusqu'à ce que l’Empereur des Bas Quartiers fasse son apparition…

DÉCOUVERTE


- Je t’avertis Clide, si tu te moques encore une fois de moi je ne te parle plus jamais…

- Arrête de geindre Tanna c’est juste un peu plus loin dans les ruines, au pied de la tour.

- Tu es sûr qu’on doit y aller ? Je n’aime pas du tout être trop près de la tour.

- Peu importe où nous sommes dans la Cité nous somme toujours près de la tour idiote…

- C’est toi l’idiot et tu sais ce que je veux dire ! Tu es si immature, ce n’est pas pour rien que grand-père dit toujours que je suis plus songée que toi malgré mes dix ans…

- Il te dit ça seulement pour que tu arrêtes de pleurer quand je te taquine. Réfléchis un peu, comme si tu pouvais être plus mature que moi, je suis de deux ans ton aîné et de plus depuis la mort de papa et maman c’est moi qui fait tout le travail, tout le monde dit que ce genre de choses font mûrir plus rapidement un garçon.

- C’est même pas vrai que tu fais tout, c’est grand-père qui s’occupe de nous idiot, toi tu ne fais que t’attirer des ennuis avec les autres garçons, tu n’as même pas un seul ami.

- Peut-être que si tu étais moins moche j’en aurais des amis petite peste…

- Moi je retourne a la maison, tu n’as qu’à y aller seul ouvrir ton mystérieux coffre.

- Non j’ai besoin de toi pour l’ouvrir, tu sais t’y prendre avec les serrures… Excuse-moi Tanna, tu n’es pas si moche que ça. Regarde, c’est juste derrière ce tas de pierre. Moi je te le dis, il vient de la tour et doit renfermer un tas de trésor. Voilà nous y sommes…

- Ah!!! Clide, tu m'as encore faite marcher, ce vieux coffre est déjà ouvert et il est vide regarde…

- Je te le jure Tanna, il était fermé tout a l’heure…si tu n’avais pas pris tant de temps à te décider son contenu serait a nous ! Tu fais toujours tout foirer petite sotte…

- Je te hais Clide et je vais tout raconter à grand-père.

- Chut !! Tu n'entends rien ? On dirait un bébé qui pleure…

- Non, cette fois tu ne m’auras pas. Je rentre a la maison !

- Écoute, je suis sérieux, ça vient de part là...

- Attends moi, ne me laisse pas toute seule Clide.

- Regarde au pied de la Tour, à droite de l’arbre mort, il est là. Vite allons chercher grand-père...

Le vieil homme observa longtemps le bébé avant de s’en approcher, il valait mieux ne pas prendre de risques lorsqu’il se passe quelque chose si près de la tour. Les deux enfants dans son dos observaient la scène avec une impatience de plus en plus grandissante. Une fois plus près de l’enfant, la couverture dans laquelle il était emmitouflé attira l’attention de l’homme. Un tissu rouge sang mais d’une qualité qu’il n’avait jamais vu et le sceau sur les broderies lui était également inconnue. La petite fille profita de ce moment pour prendre le bébé dans ses bras.

- Tanna, qu’est ce que tu fais, pose cet enfant immédiatement là ou tu l'as pris !

- Regarde, il a arrêté de pleurer, je crois qu’il m’aime bien…

- Alors il doit être cinglé ce bébé.

- Toi ne commence pas, ce n’est pas ma faute s'il me préfère !

- Qu’est-ce que tu en sais ? Passe-le moi.

- Vous deux, arrêtez immédiatement ! Nous ne savons pas à qui ce bébé appartient et il y a des affaires avec lesquelles nous ferions mieux de ne pas nous mêler.

La fillette leva ses grands yeux larmoyant, d’un bleu profond, vers son grand-père. Le garçon gardait son attitude de petit dur mais ses yeux trahissaient le fait qu’il était du même avis que sa sœur.

- Ah vous deux, qu’ai-je fais au ciel pour me retrouver avec vous sur les bras.

- Sûrement une très bonne chose !

Le vieil homme éclata de rire...

- Tu sais Clide, tu n’es pas obligé de toujours répondre, allez, venez tout les deux ! Je veux dire, tous les trois... Rentrons à la maison, il commence à faire froid.

- C’est moi qui vais choisir son nom…

- Non pas question, ou sinon il va se ramasser avec un nom stupide comme tes poupées…

- Les noms de mes poupées ne sont pas stupides ! C’est ton nom qui est stupide Clide ! Regarde, il commence à neiger... C'est la première fois cette année… Oui ! Je sais ! On pourrait l’appeler Snow…

- C’est pas si mal…

L’homme laissa les deux enfants marcher quelques mètres devant lui avec le bébé. Il espérait de tout cœur qu’il n’y aurait pas de conséquences désastreuses à cet évènement. Rien n’était simple et surtout rien n’arrivait par hasard à Babylone...

LE CADEAU


- Ah, je savais que je te trouverais ici. Je ne comprends pas pourquoi tu aimes tant regarder cette tour. Elle me donne froid dans le dos. Non... ne me dis pas que tu t’es encore battu Snow !

Le petit garçon sourit a Tanna…

- Oui et j’ai gagné ! Regarde, j’ai même perdu une dent !

Elargissant son sourire pour prouver ses dires à la jeune femme, il bondit avec aisance de la roche sur laquelle il s’était juché pour avoir une vue imprenable sur la Tour.

- Tu sais Snow... il va falloir que tu arrêtes de te battre, tu as dix ans aujourd’hui, il serait peut être temps que tu commences à régler tes problèmes autrement. Allez viens, grand-père nous attend pour fêter ton anniversaire.

Snow était remonté sur la roche pour observer encore une fois la Tour, mais à la mention de son souper d’anniversaire, en descendre devint un jeu d’enfant et il se retrouva près de sa sœur en très peu de temps.

- Dis, tu m’as fait un cadeau ?

- Bien sûr ! Quelle sœur ferais-je dans le cas contraire ? J’ai également une bonne nouvelle à t'annoncer.

- Tu vas te marier avec le fils du couturier c’est ça ?

La jeune femme rougit immédiatement et agrippa Snow par les épaules…

- Non ce n’est pas ça. Qui a bien pu te mettre une idée pareille dans la tête ? Dis-le moi Snow !

- C’est Clide, il m’a dit que tu devrais t’accrocher à ce maigrichon car les prétendants ne se bousculeront certainement pas vu ton caractère et il m’a aussi dit que si tu n’arrangeais pas tes cheveux comme la crinière d’un cheval tu attirerais peut être plus l’attention.

La jeune femme devint de plus en plus rouge mais cette fois de colère…

- Ah oui, il t’a dit ça Clide… (Glissant légèrement sur les syllabes de son nom.)

- Moi je te trouve très belle Tanna. Beaucoup plus belle que la fille de l’aubergiste que Clide voit en cachette.

Les joues de Tanna reprirent leur couleur naturelle et un petit sourire apparut sur le coin de ses lèvres.

- Merci Snow, je sais bien que tu me trouves jolie toi… La fille de l’aubergiste dis-tu?

Snow agrippa la main de Tanna et partit au pas de course vers la maison.

- Vous en avez mis du temps pour revenir... J’imagine que tu l’as trouvé sur sa roche?

- Oui et il s’est encore battu…

- Ah Snow... Tu m’avais promis que tu ne te chamaillerais plus avec tes amis.

- Mais ce n’était pas un ami grand-père.

Le vieil homme soupira.

- Je suis de retour, et j’ai un cadeau pour le fêter !

Snow courut pour rencontrer l’homme qui venait de faire irruption dans la pièce.

- Clide ! Je me suis battu, et j’ai gagné !!

- Le fils du forgeron je parie ! Alors dis-moi, tu as utilisé le truc que je t’ai montré ?

Le vieillard et la jeune femme levèrent des yeux inquisiteurs sur Clide. Sous l’effet de tous les regards portés sur lui, une mine faussement sévère apparut sur ses traits.

- Snow... se battre ce n’est pas bien ! (et passant à coté de lui, il lui fit un clin d’œil de félicitation.)

- Ah oui Clide. Tu veux du gâteau ? Peut être qu’avec la bouche pleine tu diras moins de conneries !

Tanna lança l’assiette contenant le gâteau qui finit sa course sur le visage de l’aîné.

- Ta belle serveuse te trouvera sûrement plus apétissant de cette façon !

La soirée se déroula sans autre incident et plus tard, le vieil homme qui se préparait à aller se coucher entendit un bruit à l’extérieur. Ouvrant la porte, son regard tomba sur un paquet qu’on avait laissé a l’entrée. Une inscription d’une écriture immaculée apparaissait nettement sur une carte collée sur le colis : POUR SNOW
Le vieillard referma la porte et retourna près du feu pour ouvrir le paquet. Une grande épée, légèrement courbée à son bout, reflétait la lumière des bougies. Se levant avec raideur, il se dirigea dans la chambre de Snow, y déposa l’épée sur la table près du lit du garçon et après l’avoir regardé dormir quelques instants, il partit dans sa propre chambre. Il avait tout de suite reconnu le sceau sur la garde de l’arme qui était le même qui se trouvait sur la couverture dans laquelle il avait trouvé Snow, il y avait de cela dix ans. Fermant les yeux il maudit les dieux de la Tour avant de s’endormir…

L’EMPEREUR DES BAS QUARTIERS

- Ce n’est pas vrai Tanna... Il n’a pas fait CA !

- Oui, mais attends avant de te mettre en colère. Cette fois c’est différent. Il a défendu la femme dans la rue contre ces brutes qui osent s’appeler les gardes de la cité, mandatés par les habitants de la Tour.

- Oui mais Tanna, ça ne rend le geste que plus conséquent. Crois-tu réellement que les dieux de la Tour vont rester là à ne rien faire ? Ils vont prendre ça comme une remise en question de leur autorité. Je sais que ces brutes qui nous servent de gardes sont ignobles et profitent de nous et du dur fruit de notre labeur avec rudesse mais…

- Comment ça "profitent de nous avec rudesse" ? Si Snow ne serait pas intervenu cela aurait été la sixième femme à se faire violer par l’un d’entre eux ces derniers jours ! Et ça, c’est sans compter ceux dont nous n’avons pas conscience ! Ils volent et saccagent tout ce qui leur tombe sous la main et n'engendrent que mort et destruction sur leur passage !

- Mais là, il vient de leur déclarer la guerre ! Cela fait trois qu’il tue et crois-moi, ils ne laisseront pas les choses ainsi, je crois que tu ne comprends pas la situation Tanna…

- JE ne comprends pas la situation ? Vois-tu, je crois que c’est toi qui ne comprends pas grand-père. Snow n’a que dix-sept ans et les gens se rassemblent derrière lui comme s’il était un général ou je ne sais quoi d'autre. Des gens beaucoup plus âgés que lui et avec plus d’expérience ou de pouvoir mais ils l’écoutent et restent a ses cotés. Tu sais bien comment il a toujours attiré ceux qui l’entourent n'est-ce pas ? Hé bien avec le temps, c’est devenu de plus en plus fort. Avec tout le respect que j’ai pour toi, je ne crois pas que tu puisses véritablement savoir, tu restes dans cette maison et tu n’as aucune idée de ce que c’est devenu le monde extérieur.

- D’accord, d’accord. Calme-toi maintenant. Je suis sûr que toute cette fureur n’est pas bonne pour une femme enceinte.

Tanna se toucha le ventre arrondi et s’adossa contre son fauteuil en soupirant.

- Écoute grand-père, Snow a changé, il n’est plus le petit garçon que nous avons trouvé Clide et moi. Il est capable d’assumer ses actes maintenant.

- Le crois-tu Tanna? Moi j’ai plutôt l’impression que ton frère est devenu le chef d’une petite gagne de rue. Je ne crois pas qu’il pense à ce qui risque de lui tomber dessus.

- Tu n’écoutes pas ce que je te dis, il sait très bien ce qu’il fait. Il défie les dieux de la Tour et n’accepte plus leur domination sur nous, résidents des Bas Quartiers. Il dit que nos vies nous appartiennent et que nul être, qu’il soit dieu ou pas, ne peut en user a sa guise.

Sans s’en rendre compte Tanna s’était levée de son fauteuil durant son intervention.

- Je dois y aller. Mon mari va s’inquiéter.

Avant de sortir de la pièce elle se retourna.

- Tu sais que les gens commencent à dire que les Bas Quartiers ont maintenant un empereur ? De plus en plus de gens le suivent. Tu disais « une petite gagne de rue »... Hé bien il semblerait que cette gagne soit en fait, tous les habitants de la cité.

Une fois seul, le vieillard réajusta la couverture qui le couvrait et son regard se perdit dans les flammes du foyer.

- Snow, mon garçon. Sais-tu au moins ce que tu es en train de faire ? Tu nous mèneras a notre perte et tu le comprendras bien trop tard...

LE TEMPS PASSE...

- Cela fait combien de temps qu’il est assis là-bas ?

- Je ne sais pas… plusieurs heures. Il passe de plus en plus de temps assis sur cette fichue roche à regarder la Tour. Je ne comprends pas Tanna, il y a de plus en plus de gens qui viennent pour se battre a ses cotés mais on dirait qu’il s’isole de plus en plus. Même moi, son propre frère, n’arrive plus à percer sa carapace de solitude… Tu te rends compte ?

- Je sais que c'est dur Clide... mais il faut voir la réalité en face : il n’a plus besoin de nous, maintenant c’est nous qui avons besoin de lui.

- Tu vas me trouver ridicule...

- Ca ne me changera pas tellement.

- Non je ne rigole pas, laisse-moi finir. Parfois je me surprends à être jaloux de cette putain d’épée qu’il garde toujours près de lui. J’ai l’impression qu’il se confie plus à elle qu'à nous...

- Je sais, il a beaucoup changé... mais il a 19 ans maintenant, il n’est plus notre petit frère…

- Tu sais qu’il y a un homme qui, hier, a dit que Snow devrait rentrer dans la tour pour voir jusqu’où il pourrait monter ?

- Qu'a répondu Snow ?

- Bah… comme à son habitude. Il l’a regardé comme s'il n’était pas là, a souri et il est retourné s’asseoir sur sa roche. Il change Tanna, je sais que lorsqu’il était jeune je l’incitais à se battre mais là il m’effraie. Si tu voyais son visage lorsqu’il brandit son épée, on dirait un autre garçon, ses traits deviennent effrayants et il se bat comme s'il n'avait fait que ça toute sa vie ! Il n’a aucune pitié et n’accorde jamais de grâce. Ce n’est plus le même je te dis !

- Y'a des rumeurs qui courent comme quoi des habitants de la tour seraient dans les Bas Quartiers pour venir lui faire la peau. Tu crois que c’est possible Clide ?

- Qui sait? Mais avec tous les troubles qu’il leur cause, cela ne m’étonnerait pas. Grand-père refuse toujours de le voir ?

- Oui, il ne veut pas de lui sous le toit familial tant qu’il n’aura pas tout laissé tomber. Sa santé se détériore, je ne crois pas qu’il en ait pour bien longtemps encore...

- Et ta fille comment va-t-elle ?

Tanna sourit a la pensée de sa petite fille…

- Elle va très bien, plus les jours passent et plus elle ressemble a son père…

- Bon je vais retourner essayer de lui parler, à plus tard.

Tout en se dirigeant vers la roche où Snow était assi, Clide se retourna un sourire aux lèvres…

- C’est une chance qu’elle tienne du père. On va peut-être pouvoir faire quelque chose de cette môme.

LE DÉBUT DE LA FIN

Le ciel se couvrait et le son du tonnerre commençait à se faire entendre au loin. Les journées pluvieuses donnaient à la Tour une allure de sentinelle triste que Snow aimait particulièrement. Seul, une fois de plus sur sa roche, le regard perdu sur l’immense bâtisse qui dominait tous les environs, il se demandait que pouvaient bien faire Tanna et Clide. Cela faisait plusieurs jours qu’il ne les avait pas vus et il commençait à s’inquiéter, surtout avec les rumeurs qui couraient dans les Bas Quartier. Déjà que la veille, un homme avait essayé de le tuer en plongeant sur lui avec une dague. Un piètre assassin selon lui mais qui donnait tout de même matière à s’inquiéter. Il ne s’en faisait pas trop pour sa propre sécurité mais pour sa famille, c’était différent. Que pouvait bien faire son grand-père par une journée pareille ? Cela faisait trois ans qu’il ne lui avait pas parlé et d’après ce qu’il avait entendu sa santé allait en se détériorant. Tout le monde s’entendait pour dire qu’il ne lui restait guère de temps devant lui. Depuis que les gens avaient commencé à le surnommer « l’Empereur des Bas Quartiers », il avait refusé de le voir tant et aussi longtemps qu’il ne cesserait pas ce « cirque » qui, selon lui, n’était que pure folie. Pure folie peut-être bien mais Snow ne pouvait se résoudre à arrêter ce pourquoi tant de sang avait déjà coulé. Il y a longtemps qu’il s’était fait a l’idée que sa relation avec le vieil homme se ferait désormais par l’entremise de sa sœur et de son frère mais certaines journées lui paraissaient plus vides sans sa présence. Quatre ans qu’il se battait contre l’influence grandissante des habitants de la Tour et jamais il n’avait songé qu’il devrait sacrifier tant de chose pour continuer son combat. Le vent était en train de tourner et la tempête s’approchait dangereusement, il était temps de se mettre à l’abri.

Son épée était posée sur la roche près de lui. Elle ne le quittait jamais car dans les Bas Quartiers un homme sans arme était soit un fou soit un mort et Snow n’aspirait a aucun des deux. Il ramassa l’arme et sauta en bas de la roche, réajusta ses vêtements et partit en direction de la maison de Tanna. C’est là qu’il allait tout le temps se réfugier les jours de pluie, un moyen de joindre l’utile a l’agréable qui était devenu un genre de tradition. D’ailleurs un repas chaud et fraîchement préparé n’était pas pour lui déplaire. Clide s’y trouverait certainement car d’après ce qu’il avait entendu, il s’était fait mettre a la porte par sa dernière conquête et comme pour lui, la maison de leur sœur était le refuge idéal lorsque les temps étaient durs. Marcher dans les rues des Bas Quartiers était pour Snow l’équivalent de marcher dans sa maison car il les arpentait depuis si longtemps qu’il connaissait le moindre de leurs recoins. Il aimait tout de ces rues : leurs odeurs, leur ambiance et surtout les gens qui y vivaient mais cela ne l’empêchait pas de se sentir de plus en plus seul dans cet univers pourtant si plein de vie. Un voyageur lui avait dit un jour que parfois plus on est proche des gens, plus on s’en éloigne… Une pensée que Snow n’était pas sûr de comprendre. Arrêtant devant la vitrine d’une boutique pour regarder son reflet il trouva qu’il faisait plutôt piètre allure avec ses cheveux noirs que le vent ébouriffait sans arrêt et son regard sombre qu’il n’arrivait plus à égayer. Son vieux manteau était poussiéreux et que dire de ses chaussures qui avaient depuis longtemps vu trop d’années. Pourquoi soudainement faisait-il toute une histoire de son apparence? Peut-être que sa famille lui avait manqué plus qu’il ne voulait se l’avouer et c’était pour cela qu’il voulait être le plus présentable possible avant de les revoir. Un rare sourire illumina ses traits. Pourquoi s’en faire? Ils le prendraient comme il était… comme ils l’avaient toujours fait. Accélérant le pas pour être sûr de devancer la tempête il tourna dans le dernier coin de rue qui le séparait de la douce chaleur d’un foyer.

Ce qui s’offrit à sa vision était loin d’être ce à quoi il s’attendait. La maison de sa sœur était aux prises avec les flammes du rez-de-chaussée aux étages supérieurs. Couvrant les derniers mètres qu’il lui restait en l’instant d’un souffle il se précipita à l’intérieur de la maison en flammes sans aucune hésitation. Partout où son regard se posait il n’y avait que l’enfer du feu. Aucun signe des occupants de la maison n’était visible. Se couvrant la bouche à l’aide de la manche de son manteau, il se dirigea vers l’escalier qui menait au deuxième étage. Il sauta par dessus le feu qui lui bloquait le passage sans aucun souci pour sa sécurité et monta quatre à quatre les marches. Une fois arrivé en haut, il aperçut un corps sur le plancher qui dépassait par l’ouverture de la porte de la chambre des maîtres. Le feu commençait à se répandre sur l’étage et, sans perdre de temps, il pénétra dans la chambre. Ce qu’il vit lui coupa le souffle. Sur le plancher de la chambre, gisaient quatre corps inanimés. Le mari de sa sœur, celui qui était dans l’ouverture, était éventré et sa tête reposait à quelque centimètre de son corps. Une expression de terreur était figée sur celle ci. Le sang se répandait par la plaie béante et couvrait une bonne partie du plancher. Sur la gauche, épinglé au mur, une épée passée à travers le ventre, Clide fixait le plancher d’un regard vide. Un sourire rouge lui marquait le cou à l’endroit où la lame avait entaillé la peau pour lui retirer ce qui lui restait de vie. Près du lit, le corps de Tanna était étendue de tout son long. De nombreuses plaies dévoilaient le nombre de coups que ses assaillants lui avaient porté. Une femme si belle qui était maintenant méconnaissable... Toujours dans ses bras, gisait sa petite fille sans vie. Malgré la violence avec laquelle elle avait été battue jamais elle n’avait desserré son étreinte. Snow perdit tout contact avec la réalité devant cette vision. Sa vue se voila et il tomba a genoux. Dans sa tête, il entendait sa famille hurler, comme si leurs cris n’avaient attendu que lui pour remplir la pièce. Tout ça par sa faute… ils avaient tous péri assassinés à cause de lui. Les seuls gens qui comptaient pour lui n’étaient plus, tout cela dû a son entêtement. Ce fut la chaleur des flammes de plus en plus présente dans l’étage qui le ramena à la réalité. Plus qu’une seule chose comptait… faire payer le plein prix à ceux qui avaient perpétré ce massacre. Regardant autour de lui, il se rendit vite compte que la fenêtre était la seule issue encore praticable pour sortir de cet enfer. Il sauta, dos premier, pour se protéger des éclats de verres et atterrit durement sur le côté en pleine rue. Des gens accouraient de partout pour voir se qui se passait. Ne leur prêtant aucune attention et faisant abstraction de la douleur qui lui déchirait l’épaule à cause de son impact sur le sol, il se releva et partit vers la Tour. La pluie se mit à tomber d’une force qui avait été rarement vue dans la cité, le vent soufflait sa furie et le tonnerre faisait trembler les cieux. Une tempête comme les Bas Quartiers s’en souviendraient encore longtemps mais qui pourtant, n’était rien en comparaison de celle qui faisait rage dans l’âme de Snow. L’entrée de la Tour se dessinait sur son sombre mur, bientôt tout serait fini…

Chaque pas, chaque décision nous mène inexorablement vers notre fin.

Sombre et implacable, la grande porte de chaîne se dressait fièrement devant Snow. Une fois cette porte traversée il n’y aurait plus de marche arrière possible, la vengeance sera nourrie à même la source. Doucement, Snow appuya sa main sur le bois terni et hésita un moment avant d’y mettre son poids pour faire bouger les énormes pentures. La douleur lui déchirait l’épaule mais faire marche arrière était hors de question.

- Moi j’y penserais à deux fois avant de faire ça mon garçon.

Rapidement, la main sur la garde de son arme, Snow tourna la tête en direction de la voix. Un vieil homme était assis sur une grande souche, un peu en retrait du chemin. Un immense chapeau lui coiffait la tête et projetait une ombre inquiétante sur son visage. Ses habits, malgré l’usure du temps, restaient supérieurs a ce qu’il était habitué de voir dans les Bas Quartiers mais étrangement il ne portait pas de soulier ce qui faisait contraste avec le reste de son accoutrement. Ses mains immaculées -autre fait étrange pour un homme de son âge- tripotaient une pièce d’argent.

- Au lieu de continuer à me dévisager de la sorte tu devrais retourner d’où tu viens, ta famille a besoin de ton aide pour entreprendre leur dernier voyage.

Snow ferma les yeux un instant le temps de remettre ses idées en place. Qui était ce vieillard ? Et plus important encore, comment pouvait-il être au courant de ce qui s’était passé ?

- C’est par ma faute si ma famille *Snow accrocha sur le mot* entreprend ce voyage comme vous dites et je suis certain qu’ils n’ont plus besoin de moi. D’ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je perds mon temps a discuter avec vous, prenez donc cette pièce que vous tripotez et allez vous acheter une paire de souliers.

- Cesse de faire ton arrogant avec moi mon garçon et ne sois pas ridicule. Cette pièce a bien trop de valeur pour que je la sacrifie pour une chose aussi superficielle que des souliers.

- Peu importe !J’en ai rien a faire alors foutez-moi la paix!

- Es-tu sur d’être prêt pour traverser cette porte ? Tu n'as aucune idée de ce qui se trouve à l’intérieur de ces mur.

- Je suis prêt a mourir alors peu m'importe ce qu’il y aura a l’intérieur, je lui ferai face.

- Ainsi donc, tu n’es pas seulement stupide, tu es également lâche. Il est vrai que si tu meurs dans cette tour tu n’auras plus à défier l’avenir qui s’offre devant toi. Dans le fond ils ont rendu un service a ces gens en les tuant, j’imagine la honte qu’ils devaient ressentir a se tenir aux côtés d’un couard comme toi.

Sans prendre le temps de réfléchir, Snow se précipita en direction du vieillard. D’un mouvement rapide il dégaina son épée ce qui déclencha une atroce douleur à son épaule blessée par sa chute. Ses yeux se remplirent d’eau et il perdit de vue le vieil homme. Trop tard pour retenir son élan, il frappa, partiellement aveugle, à l’endroit où l’homme était assis. D’un revers de main il s’essuya les yeux et levant son épée pour frapper de nouveau il se rendit compte que sa lame n’avait mordu que le vide, plus aucune trace du vieil homme. La tempête se calmait mais le vent continuait de souffler, tel un rire moqueur, sur son visage. Changeant son arme de main pour reposer son épaule raidie par l’effort, il tourna le dos à la souche et, sans attendre, il poussa de toute ses forces sur la porte de la tour.

- Malgré toute vos manipulations vous ne m’empêcherez pas de venir réclamer votre sang.

Un peu plus bas, sur le chemin de la tour, un vieil homme le regarda s’engouffrer dans la tour. Un air triste sur le visage, tout en faisant tournoyer une pièce d’argent entre ses doigts, il disparut dans les ombres.

Plus on s’approche du sommet plus la chute risque d’être fatale.

Contrairement à ce qu’il avait pu penser, la grande pièce dans laquelle il pénétra était dénuée de décoration. Son aménagement, aussi sobre que pratique, était réduit au strict minimum, rien n’était placé par hasard. Marchant entre les grandes colonnes qui parcouraient la pièce il s’étonna de ne voir aucune sentinelle. Il est vrai que les habitants de la Tour n’avaient pas grand chose a craindre des habitants des Bas Quartiers mais ce mépris de leur part ne faisait qu’enflammer sa rage à leur égard. Il repéra rapidement un escalier et s'y engouffra sans attendre, car la seule chose qui comptait était de monter dans cette maudite Tour et de verser le plus de sang possible.

Snow continua à progresser ainsi dans la Tour, montant les escaliers lorsqu’ils s'en présentaient, trop aveuglé par la colère et la rage pour se rendre compte que le manque de résistance et le fait que le chemin à suivre s’offrait à lui sans aucun effort soit étrange. Après quelque temps il arriva devant une grande porte en or massive et pour la première fois depuis sont entrée dans la tour, des voix lui parvinrent de la pièce voisine.

- Ce n’est pas compliqué pauvre idiote, si tu refuses de me servir je vais te renvoyer dans le trou minable duquel je t’ai fait sortir, mais bien entendu après m’être amusé avec ton joli minois.

- Tu habites peut être la Tour mais jamais je ne te servirais, tu es tout ce que je déteste et si jamais tu oses porter la main sur moi, je jure devant tout les dieux que je te le ferais payer salaud !

Un bruit sourd et sec se fit entendre ce qui fit réagir Snow. Poussant la porte de tout son corps il fit irruption dans la pièce. Un homme, de grande stature et habillée de la manière la plus riche que Snow ait jamais vu était debout dans le fond de la pièce devant une petite autel. Plus près de lui se trouvait deux gardes, tous deux armés d'une lance et à leurs pieds, gisant sur le plancher, une femme. L’homme près de l’autel sourit de toutes ses dents à la vue du vagabond.

- Enfin, je me demandais si tu finirais par arriver, je craignais que ta lâcheté te fasse prendre la fuite à tout moment.

Les deux gardes éclatèrent de rire et se tournèrent vers le vagabond pour lui faire face. Sans perdre un instant Snow se précipita a leur rencontre. Le premier garde assena un coup en direction de la poitrine du garçon durant que le second visa le visage. Snow fit un petit pas de côté tout en s’accroupissant pour éviter les deux attaques. Il agrippa la première lance, fit un demi tour et assena un coup du revers de sa lame pour atteindre le second garde au ventre. Celui ci, déséquilibré par le poids de son arme projetée en avant ne put esquiver l’attaque et se fit profondément entailler le bas du ventre. Il s’effondra dans un lugubre cri étouffé par le sang. L’adversaire restant lança un cri de rage et attaqua à nouveau. Snow dévia quelques coups à l’aide de son épée jusqu'à ce qu’une ouverture se présente. Une fois un coup dévié vers le haut il se glissa sous l’arme de son adversaire et plongea sa lame profondément dans la gorge du garde. Sans un bruit celui-ci alla rejoindre son confrère sur le plancher de la salle. La jeune femme regardait avec une certaine frayeur son sauveur et lentement se remit sur pieds. L’homme au fond de la salle se mit à applaudir.

- Magnifique, tout simplement magnifique ! Je n’en attendais pas moins de la part de l’empereur des Bas Quartiers. Dommage que ta vie doive se terminer ici mais que veux tu, tu es devenu une nuisance et ta présence n’est plus nécessaire.

Snow avança tranquillement en direction de l’homme.

- Garde tes paroles creuses de sens pour la faucheuse car tu te tiendras bientôt devant elle espèce de salaud.

L’homme laissa échapper un rire rauque.

Tu la salueras de ma part car je crois bien que tu vas la rencontrer avant moi petit empereur.

Snow se prépara a bondir vers l’avant pour attaquer l’arrogant quand tout a coup une douleur atroce lui déchira la poitrine. Baissant les yeux sur son ventre il aperçut la pointe d’une lance sortir de celui-ci dans une mare de sang. D’un coup sec la jeune femme retira la pointe de la lance du corps du vagabond et la jeta par terre la où elle avait ramassé l’arme. Tranquillement Snow se retourna et aperçut le visage moqueur de la fille.

- Je suis désolé petit imbécile mais tu viens de me permettre de racheter ma liberté.

Luttant contre l’inconscience qui menaçait de l’assaillir à tout moment Snow se déplaça lentement vers le mur pour s'y appuyer.

- Très bien Malia, tu as rempli ton travail à merveille. Regarde comme il est pathétique votre empereur maintenant, il a de la peine à se déplacer... Et dire qu’il venait ici pour se venger. Tu es tombé directement dans le panneau. Aveuglé par ta colère, tu n'as prêté attention à rien de ce qui t’entourait et regarde ou ça ta conduit. Si seulement tu savais toute la vérité, la raison pour laquelle tu es devenu ce que tu es, pourquoi nous t’avons laissé faire durant toute ces années. Depuis le début tu es notre jouet mais il a fallu que tu deviennes incontrôlable alors il ne nous restait qu’à nous débarrasser de toi. Tu n'as plus qu’à mourir maintenant.

Snow se concentrait pour assimiler tout ce que disait l’homme mais il n’arrivait pas à détourner son attention de la jeune femme. Ses yeux verts, sa longue chevelure couleur noisette et les courbes de son corps hantaient son esprit. Malia, l’homme l’avait appelée Malia, il ne devait pas oublier le nom de la femme qui l’avait trahi. Il ouvrit la bouche pour parler mais la force lui manqua. L’homme éclata de rire de nouveau. Il ne pouvait se résoudre a donner la satisfaction à cet infâme individu de le voir périr. Une seule solution s’offrait à lui et même si celle-ci le condamnait elle était préférable que de s’écrouler ici sur le plancher de cette salle. Utilisant toute les forces qui lui restaient, il se redressa du mieux qu’il put et, faisant un pas de côté pour se retrouver dos à une fenêtre, il se laissa tomber à travers celle-ci. Les cris de l’homme remplissaient la pièce mais la dernière chose que son esprit put voir avant d’être envahi par les ténèbres fut le visage surpris de la femme qui courait vers lui pour tenter de le retenir.

Plusieurs étages plus bas, dans un petit fossé au pied de la tour, un vieil homme sans chaussure déposa une pièce en argent dans la poche du garçon, ensuite il ramassa son corps dénué de vie et disparut dans les brumes des Bas Quartiers.

N’y a-t-il pire tourment que celui que l’on s’impose a soi-même ?

La noirceur. Est-ce cela qui nous attend après la mort ? C’est plutôt étrange, je ressens la morsure du froid et le poids de mon corps endolori, des sensations que je croyais inexistantes une fois la dernière porte franchie. Ces bruits et ce souffle chaud que je ressens, il y a quelqu’un de près mais je ne peux rien distinguer dans cette obscurité. D’ailleurs ces ténèbres n’ont rien de naturelles, elles ne sont pas dues à l’absence de lumière... On dirait plutôt que mes yeux ne peuvent simplement pas apercevoir ce qui se trouve autour de moi.

- C’est simple, tes yeux t’ont été arrachés, c’est le fardeau que tu as à porter pour avoir été aussi aveugle durant ton existence. Bienvenue dans ton enfer personnel Snow, nous sommes loin du repos et de la paix éternelle mais ne t’en fais pas, après quelques centaines d’années on fini par trouver un certain charme à cet endroit.

Suite a ces paroles, Snow porta immédiatement les mains à ses yeux et ses doigts s’enfoncèrent dans ses orbites vides. Une immense panique s’empara de lui et un petit rire strident éclata non loin d'où il se tenait.

- Si tu pouvais te voir... C’est a mourir de rire ! Tu ressembles à un pantin qui a perdu ses cordes… Le timbre de la voix changea pour devenir identique à celle du vagabond… Ah !! Mes yeux ! Ma précieuse vue !! Que vais-je devenir ? Je ne suis qu’un putain d’aveugle !

La voix reprit son intonation normale avant d’entonner de nouveau un rire sinistre.

- ARRÊTE !!!

- Tu veux que j’arrête, mais où te crois tu petit arrogant ? Crois-tu que le simple fait de désirer quelque chose ait une quelconque chance de se produire dans un endroit comme celui-ci ? Peut-être préfères-tu ceci ?

L’air entourant Snow se réchauffa instantanément et un crépitement de flammes se fit entendre. D’un coup les cris de deux hommes, d’une femme et d’un enfant envahirent tout son être. Ces pauvres âmes en peines hurlaient leurs douleurs et leurs angoisses. Snow tomba a genoux et porta ses mains à ses oreilles mais cela ne fit qu’augmenter la macabre symphonie. Leurs visages surgirent dans son esprit et chacun lui lança un regard de dégoût et de mépris.

- Tu vois comme je peux être magnanime ? Après tout, n'était-ce pas l’un de tes désirs que de voir ta famille à nouveau ?

Les cris s’intensifièrent et la seule autre chose que pouvait entendre Snow était un rire strident qui accompagnait le crépitement du feu. Le garçon s’affaissa par terre et juste avant de sombrer dans la folie il enfonça sa main à l’intérieur de l’une de ces poche et la referma sur une pièce d’argent…