[Snake]Livre VII - À travers les plans

À travers les plans : Première visite à Sigil

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Musique = Sigil

"[...]Le voyage m'avait semblé tellement plus rapide la première fois. Sans un guide, je dois l'avouer, je me sentais quelque peu désorienté. Cela devait faire une douzaine d'années depuis ma dernière visite, lorsque Ignus m'avait amené rencontrer Asmodée. J'ai pourtant toujours eu une mémoire infaillible, mais là, la ville semblait différemment organisée. Comme si elle avait été reconstruite, les rues et les maisons déménagées. Puis, je me méfiais. Je n'osais demander mon chemin, sachant que je pourrais me faire arnaquer. Bien que n'ayant peur de peu de chose, l'idée de me retrouver dans un endroit inconnu, dépouillé de mes biens, ne m'enchantait guère. D'ailleurs, qui eut l'idée de construire une si étrange cité? Je veux dire, il est pratiquement impossible de s'y orienter à moins d'en être originaire. Tous ces couloirs, ces ruelles, ces escaliers. Une architecture unique ayant l'air d'avoir été conçue par un azimuté aveugle; je suppose que certains osent appeler cela de “l'esthétique”. La ville en entier ne ressemble qu'à un énorme bas-fond construit avec de la ferraille et des rebus. Du moins, dans les quartiers que j'ai visités. Et le plus terrible, c'est les portails. Chaque espace fermé est un portail. Il suffit de traverser la mauvaise porte avec le mauvais objet sur soi pour se retrouver sur un tout nouveau plan. Je déteste Sigil et pourtant à la fois, j'en suis fasciné.



Oui, tous ces portails et je n'arrivais plus à me souvenir ou se trouvait celui menant à Baator. Dans l'arrière ruelle d'un bar nommé “Sword and Buckler”, ça, j'en étais certain. Cela devait pourtant être le dernier de mes soucis. Ayant l'air perdu ainsi, je devins rapidement une proie de rêve. L'on m'avait remarqué et déjà, l'on me pointait du doigt. J'en entendis même certains m'appeler “béjaune”. Je découvrirai bien la signification de ce mot plus tard. L'ont me porte décidément pas le même respect que sur Thessalie, c'est honteux et fort regrettable. Je ferai changer les choses ici, le temps venu.

Je m'aventurai dans l'une des multiples ruelles sombres, croyant pouvoir ainsi me détourner des regards qui pesaient sur moi. Là, j'entendis quelques ricanements approchés, ça et le bruit de mes bottes contre les dalles de l'allée. J'étais trop éloigné de la foule pour entendre autre chose. Étrangement, dans cette partie de la ville, tout semblait moins éclairé qu'ailleurs, comme si la lumière y était tamisée. Je présume un genre d'astuce pour y effrayer les passants. Ces rires commencèrent alors à sérieusement m'agacer, ils semblaient désormais provenir de plusieurs directions à la fois. Mes sens ne me trompaient pas, j'en étais certain.

Je souris. Je finis par comprendre que quelques abrutis tentaient de m'intimider. L'action pointait déjà à l'horizon.

Voulant tourner un coin pour embrancher sur une nouvelle rue, je tombai nez à nez avec un homme armé. Il n'était pas placé là par hasard, il m'attendait. De petite taille. Un air sévère et agressif. Quelques accessoires bon marché et pièces d'armures légères. Rien de vraiment imposant. Il avait tout d'un bandit de bas niveau.



Je me risquai à lui adresser la parole, par pure provocation. Même ici sur Sigil, je doutais qu'il y ait un être capable de me tenir tête en duel.

Je présume que tu ne saurais pas où je pourrais trouver le portail vers Nessus?
Ça s'pourrait bien.

L'homme devant moi n'avait dit mot. La réponse venait de derrière. J'étais encerclé, cela devenait plus qu'intéressant. Qu'avais-je à craindre en fait? Il ne me faudrait que quelques secondes, le temps de chanter une incantation et les deux se retrouveraient vite fait en poussière. C'est ce que je croyais au départ. Mais lorsque j'en vis deux autres apparaitre en avant de moi, je dois l'avouer, j'en ai douté l'espace d'une seconde. Encore là, un seul sort et ce serait rapidement terminé, mais encore, il me fallait un certain temps. N'étant pas ce que l'on appelle une fine lame, j'allais tout de même devoir parer les coups de quatre assaillants, le temps nécessaire pour finir le chant. Le même homme, se croyant surement supérieur à ma sublime personne, répondue à nouveau, sur un ton arrogant.

J'crois qu'on peut t'y m'ner. Mais ça t'coutera tout s’que t'as sur toi. Si tu nous donnes tout, pt’ te bien qu'on t'l'aissera là... j'sais pas trop encore dans quel état, hehe.

Leurs intentions étaient clairs. Le chef du petit groupe, celui avec lequel je “discutais” depuis quelques secondes, s'approcha de moi. Bien que je lui faisais dos, j'entendis clairement le bruit de ses pas. Je me retournai alors que je sentis son haleine putride peser sur moi. Je ne vis rien venir, il me plaqua contre la façade d'un des bâtiments. Son avant-bras faisait pression contre ma gorge, m'empêchant de respirer librement. Il osa même me menacer d'une dague, qu'il colla contre ma joue.

Dit-moi, l'bige, j'commence à t'saigner où?
Pourquoi ne me laisserais-tu pas un handicap? Je veux bien vous affronter tous les quatre, mais c'est un peu déloyal, non?
Tu cherches vraiment à t'faire graver dans l'marbre toi!

Musique = Sigil Battle

Rapidement, j'empoignai la main du voleur, celle où résidait la dague. Je me souviendrai éternellement du regard que l'homme me porta. Le même que je vis tant de fois auparavant. La peur dans ses yeux. Physiquement, je dois l'avouer, je ne peux réellement me défendre. S'il l'avait voulu, il aurait pu enfoncer l'arme et je n'aurais rien pu y faire. Mais le bandit ne sut réagir face à la confiance qui se reflétait à travers mes yeux. Toujours laisser paraitre que l'ont détient le contrôle est une arme véritable.

Tantalus, dos vel'uss dro wun Tartarus, xxizz uns'aa kus ussta ogglinnar wund charnag jiv'undus...
Il nous fait quoi là le lascar?
... Xal ussta vress'ol morfeth nindolen oolos b'luthyrr lu' ul'nusst p'los uns'aa. Tantalus, tlu ussta z'ress!

Je souris, savourant cette victoire qui était désormais mienne. Sous ma main, une fumée grisée s'échappa. Tandis que j'y prenais plaisir, l'homme devant moi se tordait de douleur. Il lâcha rapidement son arme et fit quelques pas en arrière. Ça n'eut par contre pas l'effet que je recherchais. Sa main fut brulée, mais pas plus qu'au deuxième degré. Or, ce sort aurait dû avoir un bien plus grand impact. La chair et les os auraient dû se liquéfier, laissant tomber sur le sol un liquide noir, brulant et épais. Il était impossible pour moi de concevoir qu'un simple voleur était doté d'une puissance suffisante pour contrer mon sort. Ce devait être tout autre. Je sentis tout autour de moi une énergie magique bien plus grande que la mienne. Et lorsque j'eus lancé le sort, je sentis ma propre énergie se drainer. Sigil n'est décidément pas un endroit pour un sorcier comme moi.

De petites particules lumineuses se formèrent au niveau de ma main gauche, traçant un objet en longueur, quelque peu difforme. Les particules se condensèrent et prirent rapidement forme et couleur pour finalement devenir une arme terrifiante; ma douce et fidèle compagne, Exyle Medri. J'enfonçai la lame dans l'abdomen de mon adversaire. Les pouvoirs de l'épée se dégagèrent sous le choc. J'aperçus alors l'âme du brigand tenter de se dissocier de son corps d'origine, absorbée par l'arme forgée en Malsheem. Qu'il ne lui en déplaise, mais son âme allait finir torturée et finalement dévorée par le plus grand des diables de Baator.

Les trois autres n'avaient qu'à bien se tenir.[...]"

Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 7, pages 165

À travers les plans : La Dame des douleurs

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Musique = Sigil Battle

[...]Le corps de la victime s'était rapidement consumé, ne laissant derrière qu'un sol souillé de sang. Mes yeux fixèrent la main qui avait servi à lancer le sort, mon gant de cuir était entièrement brulé. Ce gant valait plus que la vie de ces quatre malfrats réunis. La peau de ma main, néanmoins, était intacte, sans séquelle apparente ou trace de brulure. Cela en faisait déjà un de moins et les trois derniers ne semblaient plus espérer de victoire, voyant de quelle façon leur chef avait été "balayé". Ils auraient surement réussi à s'enfuir, si ce n'avait été de l'entrée en scène d'un tiers groupe. Ces derniers semblaient armés plus lourdement. Leurs armes étaient plus longues, plus tranchantes et leur stature démontrait une expérience au combat. Je ne sus à ce moment s'ils étaient des "sauveurs " ou simplement d'autres opposants plus puissants que les précédents.



Je décidai de les laissés faire et de patienter une tournure d'événement. De mon point de vus, ils ne semblaient décidément pas faire partie de la même cabale. J'eus bien fait, car, l'instant d'après, les trois hommes que j'appris plus tard être des "Sicaires", furent assaillis par les deux nouveaux arrivants. L'un des Sicaires réussis à blesser un opposant au bras, mais vu rapidement son crâne se faire fracasser par ce dernier. À peine quelques secondes plus tard, un second traversa une vitrine où il trouva la mort, un morceau de verre dans la jugulaire. Le troisième profita du chaos du combat pour fuir les lieux. Mon indifférence face à la scène n'avait pas semblé plaire aux deux "Rectifieurs". Je présume qu'ils auraient préféré me tuer comme les autres, pour ne pas leur avoir offert un coup de main alors qu'eux tentaient de me protéger. Ils choisirent cependant d'entendre ma version des faits, avant d'agir à la hâte; ce qui selon moi semblait déjà trop tard, deux brigands avait été tué de leurs mains.

Qui à débuter la bagarre?
Cela semble pourtant évident...
Faudrait pas chercher à jouer au malin.
Loin de moi l'idée de faire le renard.
Tu sais qui nous sommes?
Aucunement. Je devrais?
La justice de Sigil, protecteurs des faibles, bourreaux des criminels.
Vous dites donc que je suis faible? Ma foi, vous êtes insultants.
Nous venons de te sauver la vie!
J'en avais déjà un avant votre arrivée... m'enfin, pour ce qu'il en reste.
Donc tu es un meurtrier?
Je trouve l'appellation plutôt forte. Vous en avez tué deux vous aussi.
JE T'AI DIT DE CESSER DE FAIRE LE MALIN!
Il ne me semble pas très net ce planeur. Je suis convaincu qu'il a lui-même cherché les embrouilles.
Vous sauriez pas ou je pourrais trouver un portail pour Nessus?
Ouais, il en a l'arrogance. L'attitude d'un provocateur. Cela ne fait pas de doute.
Vous comptez me montrer le chemin?
Au nom de la justice, tu seras exécuté sur place manant!
Et ça recommence...

Les deux imprudents s'approchèrent de moi, leur armes toujours en main. Cependant, cette fois-ci, j'avais matière à m'inquiéter. J'avais observé avec quelle efficacité ils s'étaient débarrassés des Sicaires. Je me demande ce qui me poussa à changer autant. Il fut une époque où je ne craignais ni la mort, ni la douleur. Mais depuis Alice... oui, elle devait en être la cause, cette maudite sorcière.

Les doigts de ma main libre se crispèrent d'abord pour ensuite se relâcher, créant une faible lueur foncée, presque noire. Celle-ci prit l'apparence d'une flamme.

Tluin dal nindol tresk'ri, Usstan zhaun mzild bauth sui'aerlen taga dos gumash talinth. Usstan orn kus dos ulu...
Pauvre sorcier. Les sorts n'ont aucun effet dans la Cage.

Le rectifieur avait dit vrai, j'en avais fait l'expérience quelques minutes plus tôt. Une telle maladresse de ma part, oublier que trop rapidement ce fait important. Le guerrier m'assena un coup. En cherchant à l'esquiver, je tombai sur le sol, encore plus vulnérable aux attaques. Mon épée, elle, tomba quelques mètres à côté de moi. Un second coup faillit me briser le crâne et je roulai sur le côté pour l'éviter. J'eus le temps de saisir Exyle Medri avant la troisième attaque. Je l'enfonçai entre deux pièces d'armure, directement dans son estomac alors qu'au dessus de sa tête, se tenait sa hache, chargée et prête à me couper en deux.

Je me relevai pour affronter mon dernier opposant. Le tout ne se déroula pas exactement comme prévu. J'eus une sensation de danger, le genre de "flash" qui nous attaque sans prévenir lorsqu'un qu'un truc important vient de se produire. Cela me sauva la vie. À la dernière seconde, le temps de réaliser ce que je devais faire, je me plaquai contre le mur extérieur d'un bâtiment. À ma grande surprise je vis l'autre justicier se faire réduire en un tas de viscères sanguinolents par... une ombre.[...]"

Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 7, page 166

À travers les plans : Le Dédale

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Musique = Fhjull Theme

"Surpris, et à mon tour déboussolé, je jetai un bref coup d'oeil sur ma personne, m'assurer qu'il ne manquait aucun morceau de ce corps si parfait. Tout était en place, pour mon propre bonheur et le salut de l'agresseur. Je suivis ensuite l'ombre des yeux jusqu'à sa source. La hauteur de la créature était remarquable. Au moins neuf mètres de haut. Peut-être plus. Il était assez difficile de dire avec certitude, car elle flottait entre ciel et terre. Le monstre, ou quoi que ce soit d'autre, ne laissait en rien présager un comportement chaleureux, du moins en apparence. D'ailleurs, son ombre seule avait couté la vie à un soldat d'expérience, pour moi, c'était très descriptif du danger que cette chose représentait. Son aura était aussi terrifiante. Même celle d'Asmodée n'en était pas autant impressionnante. Autour d'elle, car je présume que ce devait être une femme, tournoyaient des lames acérées, de quoi repousser tout homme sensé. J'ignorais ce qu'elle était et n'avais aucune idée de ce qu'elle me voulait, mais je présumais que cela avait un lien avec le grabuge que moi et les autres avions causé.



Un troisième combat en quelques minutes? Sigil était décidément un endroit fort peu accueillant. La victoire, par contre, semblait vraisemblablement hors de portée. Un sage dit un jour que, peu importe qui l'ont était, nous serions forcés de faire la rencontre d'une personne plus forte que soi, à un moment ou un autre de sa vie. Et décidément, je tenais encore suffisamment à ma vie pour vouloir la jeter impunément en affrontant cette cinglée.

Je fis ce que je crus ne jamais devoir faire de toute mon existence. Je tournai les talons et courus à en perdre haleine dans la direction opposée. Un passage de ma vie que j'aurais préféré oublier, tant la honte me ronge encore aujourd'hui.

Musique = Dédales

Après une bonne centaine de pas, l'horizon devant moi s'effaça et tout devint instantanément noir et profond; un vide absolu. Je me risquai à terminer ma course et à me retourner, mais la dame avait disparu. Je ne restai pas bien longtemps dans cet infini immatériel. Une peinture particulièrement étrange d'écoula tout autour de moi, telle une chute m'encerclant. De cette peinture se tracèrent un second horizon, un tout nouveau décor. Des escaliers à perte de vue. Montant, descendant, incessant. Se croisant parfois. Des escaliers à l'envers, à l'en droit, de coté. Et à chaque extrémité, une porte avec un numéro. Il devait bien y avoir un bon millier de portes au moins et des chiffres y étant dessinés le prouvaient. Je me trouvais en fais, piégé dans un cube dont l'immensité n'avait d'égal que la honte que j'éprouvais suite à ma fuite. La gravité y était instable et chaque chemin avait un début et une fin, entrecoupés de portes, surement des portails menant à d'autres portes un peu plus loin. Je ne savais pas encore, ce jour-là, que j'étais devenu la nouvelle victime du “dédale”, un semi-plan éthéré. En clair et sans détour, une simple prison dont la sortie ne peut être trouvée qu'à la résolution d'un puzzle. Voire même, un labyrinthe adapté à son invité, à la hauteur de ses peurs, ses crimes et ses faiblesses.

Pour agrémenter mon séjour, cette sorcière y invita quelques autres vieilles “connaissances”. Des âmes en souffrance, sous l'apparence de spectre errant. Des spectres qui ne semblaient guère m'aimer, car j'avais l'impression qu'ils parlaient dans mon dos, complotaient contre moi, n'attendant que le bon moment pour m'assaillir. Non seulement je les suspectais d'en vouloir à ma vie, mais j'avais aussi l'étrange impression de les connaitre, d'être même celui qui les auraient libérés de leur enveloppe charnelle.

Venez... vermines.

Qu'aurais-je pu dire d'autre? Il était évident que je n'arriverais pas à les éliminer avec mon épée. Comment tuer ce qui est déjà mort? Et en ce qui concerne mes sorts, j'avais la certitude qu'ils ne fonctionneraient pas, comme ce fut le cas dans Sigil. Leur montrer que j'avais peur était hors de question et ce n'était d'ailleurs pas le cas. Cependant, s'ils cherchaient à en finir avec moi, je préférais que cela se fasse le plus tôt possible. Mourir et ressusciter à nouveau, j'y étais habitué. Tant que cela ne me faisait pas trop perdre de temps[...]

À travers les plans : Le Dédale, suite

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Musique = Curst

"Les jours s'écoulèrent sans que le prince d'Ethernia ne réussisse à trouver la sortie du dédale. L'errance, le chant des âmes torturées, le désespoir, cela lui rappelait inconsciemment la Ghaste Grise où son âme avait séjourné. Il n'abandonnait pas, mais ne voyait pas d'issue pour autant. Le tout le rapprochait de plus en plus de la folie, lui qui n'était déjà pas très sain autant dans l'esprit que dans l'âme."

Combien de jours? Combien de semaines plutôt? Saleté de labyrinthe! Saleté de sorcière!! SALETÉ DE SPECTRES!!! Je vous hais tous, tous, TOUS!!! Attendez un peu que je sorte d'ici. Je vais détruire Sigil et la folle qui m'a enfermé ici... Oh! Oui je le ferai!
Calme-toi Desmond. Tu es complètement hors de toi. Ça te rend seulement plus ridicule.
Pfff... Ridicule? Ce n’est pas toi qui tournes en rond depuis des jours.
Non, moi je dois endurer tes lamentables jérémiades incessantes.
Je me débarrasse du caillou qui te sert de maison si tu rajoutes un mot de plus. Tu n'as aucune idée de ce que c'est que d'être prisonnier d'un endroit où il n'y a aucune issue.
Ah ça non. Moi qui suis dans une pierre pas plus grosse qu'un œuf, je ne sais surtout pas ce que c'est. Je ne compte même plus les années tellement ça fait longtemps que je suis ici. Je n'ai aucun meuble, pas de décoration et toi tu me gardes tout le temps dans ta poche alors je n’arrive pas à avoir une once de lumière. Alors merci, mais tes plaintes ne m'intéresse aucunement.
Pardon Sierra... Je suis simplement un peu à court de moyens.

"Désespérer", c'était le mot juste. En cet endroit, il n'y avait ni jour, ni nuit. Aucun besoin de dormir, la faim et la soif ne se faisaient jamais ressentir. Les cheveux et les ongles ne semblaient pas pousser d'un centime de millimètre. Trouver la sortie, s'il y en avait une, pouvait prendre deux mille ans que le prisonnier y serait encore vivant, tout aussi en forme, peut être beaucoup moins stable psychologiquement.

Pour sa part, Snake croyait avoir trouvé la solution de l'énigme. Chaque porte avait un numéro et la porte qui se trouvait à l'autre bout d'un escalier portait, dans une règle *presque* infaillible, un autre numéro consécutif. Suivant cette règle, il s'était jeté en bas d'un escalier pour rejoindre le tout premier portail, là où il commença son ascension. La porte deux cent un, deux cent deux, deux-cent trois. Déjà plusieurs jours et si peu avancé, les escaliers était longs et épuisants à monter ou descendre et les spectres ne faisait rien pour agrémenter le périple, tentant de rendre fou le prisonnier, lui chuchotant insultes, menaces et vérités à l'oreille.

Sierra n'était pas d'accord avec son frère, croyant cette stratégie trop simple, se disant qu'une telle prison n'existerait pas s'il était si simple d'en sortir. Elle se mérita deux jours d'isolement pour cette remarque, Snake étant loin de vouloir lui céder raison.

Trois cent quarante-trois, trois cent quarante-quatre, trois-cent quarante-cinq, toujours le même manège incessant. Les heures et les jours défilaient sans qu'aucun des deux êtres ne puisse en tenir le compte, le temps étant simplement arrêté, voir à la limite, infiniment ralentit. Desmond avait dépassé la patience de sa sœur, il parlait désormais seul, elle ne l'écoutait plus. De toute façon, tout ce qui sortait de sa bouche n'était qu’ineptie insensée et illogique. Il perdait la raison peu à peu. Les seuls à ne toujours pas être épuisés étaient ces spectres, tournoyants, pratiquement mécanisés dans leur trajet et habitudes.

Cinq cent soixante-douze, cinq cent soixante-treize, cinqcent soixante-quatorze, combien d'autres portes y avait'-il? Et si jamais la valkyrie avait raison et que ce n'était pas la solution? Le prince y pensait désormais. Si en fait le chemin devait être fait à l'envers? Le zéro signifiant la sortie. Non, il n'était pas question de refaire le chemin à l'envers. L'ange se laissa tomber à genou sur les marches, prenant une pose méritée.

Je préfère me tuer plutôt que de passer un autre mois ou deux a suivre le trajet inverse. Tu m'as compris Sierra, je n'en peux plus!
Ce n'est pas comme si la mort m'effrayait de toute façon. Combien de fois suis-je mort d'ailleurs? Ohhhh tellement trop de fois! Quand je t'ai violé Sierra ,tu te souviens? Oui, je suis mort le soir même, c'était un sacrifice volontaire. Je m'en souviens si bien. Pas bien longtemps après ma résurrection, quelques années tout au plus, en tuant Alice, il y a l'autre qui m'a eu de dos, Deckard. Un chic type quand même, il avait seulement juré allégeance à la mauvaise personne. Pour moi ça fait deux en tout cas.
Je dois compter le nombre de fois qu'Alice est morte également? Hein petite sœur? Après tout, je suis elle et elle est moi. Nous partageons le même corps désormais. Oh Oui! Sur le bucher la première fois. Damnation à ces humains qui ont osé me... m'enfin, LA brûler, quoi. Sinon, il y à la fois que je l'ai... je me... tuer? Ça vient tellement mélangeant tout ça. Deux personnes, deux passés, des souvenirs différents, je commence à comprendre ce que mon petit Eythil pouvait bien ressentir. Un fils incompétent lui quand même, jamais vu pire. Donc mort quatre fois au total... Hmm attend? Je dois compter la mort de notre fils comme l'une de mes morts Sierra? Puisque tu sais, j'étais quand même "prisonnier" dans sa tête.
Et puis pour ma mort commune avec moi même... m'enfin avec Alice, je compte pour un ou pour deux? Un deux pour un? Ah! Je sais plus, j'ai tellement mal à la tête, plus du tout n’envie de rire. Tu en penses quoi Sœurette? RÉPONDS-MOI!!! Je t'interdis de m'ignorer toi aussi!
Je deviens fou... Ça doit être ça, je ne vois pas autre chose.
TU AS GAGNÉ VIEILLE SORCIÈRE! J'ABANDONNE!!! TU AS ENTENDU, T-U-A-S-G-A-G-N-É. Je veux sortir d'ici, je n'en peux plus!

Peut-être qu'elle ne m'entend pas...

HEY VIEILLE PEAU!!! AURIEZ-VOUS L'OBLIGEANCE DE ME SORTIR DE CET ENFER?

[Silence]

Pourtant, je me suis montré poli. Pfff, ça doit être une autre de ces éternelles insatisfaites, une mal baisée en clair. Inutile de vouloir dialoguer avec elle dans ce cas.

On se remet en route Snake? Oui bien sur Alice! ... Foutre dieu, je deviens vraiment sénile...

[...]

Six cent soixante-quatre.

[...]

Six cent soixante-cinq.

[...]

Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf? On peut m'expliquer? Puisque c'est le chiffre du démon, les architectes de cet endroit maudit ont décidé de le bannir? Ou il est-ce foutu six cent soixante-six? ARGGGG!!!! Je sens que je vais exploser. Comment puis-je suivre une suite de nombre s’ils en ont banni un et ont décidé de le remplacer par un autre? Je suis réellement condamné, c'est peine perdue. Laissez-moi mourir pour la sixième fois!!!

Le prince ne franchit pas la porte, il en profita plutôt pour lui assener une série de coups de poing et coups de pieds sans recours. Il faillit par le fait même tomber de l'escalier et se retrouver nul ne sait devant quelle porte. Il ne réussit à retrouver complètement ses esprits, il bouillonnait, injuriait la femme qui l'avait enfermé là, menaçant, paradoxalement, le monde entier de tuer tout être vivant si on le le sortait pas de là. Rien n'y faisait bien entendu, tout effort était vain. Il fit demi-tour, marcha une vingtaine de pas plus loin et se retourna à nouveau.

Flamgra! Flamgra! Flamgra! Flamgra! Flamgra! Flamgra!

Dans une dernière tentative pour passer sa frustration, l'Ange Cornu envoya d'innombrables boules de feu contre la porte qui n'eurent pour seul effet d'être aspirées à leur tour par le sol de l'énorme pièce. Snake s’écroula contre les marches de l'escalier, en larme, ne disant plus mot. C'était la première fois qu'il pleurait depuis son enfance. La situation était insoutenable, condamnée à errer dans une pièce jusqu'à l'infini. C'est ce qu'il croyait, jusqu'à ce qu'il aperçoive, de son nouvel angle de vu, une seconde porte, sous l'escalier. Il se pencha de côté, pour en voir le numéro.

neuf-cent quatre-vingt-dix-neuf, encore une fois, ils me prennent vraiment pour un imbécile. Pfff! C'est une vraie farce, tout ça. C'est de la foutaise!

Le prince ressortit à nouveau Sierra de sa poche, se sentant royalement seul en ce moment d'accablement. À travers la pierre, la femme se sentait ennuyée, tellement lasse de voir que l'incompétence de son frère ainé ne menait à rien.

Écoute, je ne trouve rien. Je suis désolé, mais je n'y peux rien. Tout d'un coup, les nombres sur les portes ne se suivent plus, c'est absolument déloyal.
Je sais tout ça, je t’entends te plaindre tous les jours depuis je ne sais trop combien de temps. Laisse-moi voir par moi même, je trouverai peut-être quelque chose que ton manque d'intelligence n'aura su remarquer.
Hmph!
Hmph quoi? Tu n'as rien à perdre alors bouge-toi!

[...]

Ah! J'en étais sur! Il n'y a qu'une seule certitude dans ce monde, c'est que tu n'es qu'un bon à rien qui ne sait pas se servir de sa tête!! Ce n'est pas un neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, c'est un six cent soixante-six. La porte se trouve sous l'escalier, elle est donc à l'envers. Elle n'a pas été bannie, pfff, quel ridicule!
Hmmm... Petite sœur, tu es géniale! Mais foutrement trop arrogante, tu me ressembles trop par moment. Ça m'effraie.

Le reste se passa sans embrouille. Snake profita de la gravité instable de la pièce pour se retrouver sur le revers de l'escalier et accéder à cette porte cachée. De l'autre côté ..."

Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 7, page 168

À travers les plans : Une rencontre avec une Virtuose

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Dans les textes de mon ancêtre, il fait une courte référence à une rencontre lors de son retour à Sigil. Il semble donner à cette personne un peu plus d'importance qu'a un être ordinaire, chose peu commune venant de la part de Desmond. Encore une fois, il saura mieux décrire les événements que je ne pourrais le faire. Sa plume dépasse, et de loin, la mienne. Voici donc, à nouveau, un extrait tiré mot pour mot de son journal; Une rencontre avec une Virtuose:

Musique = Mortuary

"[...]De retour à Sigil, à l'endroit même où tout s'était passé. Rien n'avait changé, les cadavres jonchaient le sol à côté de leurs armes. Une éternité venait de se passer et tout était encore intact comme si durant ces longs mois, le temps s'était arrêté. Concevoir que le temps avait cessé pour qu'une seule personne subisse son châtiment, une théorie plutôt absurde. Ce devait plutôt être l'espace-temps qui devait suivre des règles bien différentes dans ce semi-plan éthéré.

Quelques personnes un peu trop curieuses commençaient à se rassembler pour observer la scène. Pour les autres, c'était chose du commun, un événement qu'ils voyaient à maintes reprises dans ces coins moins sûrs de la cité aux mille portails. Il aurait pu y avoir une guerre épique dans ces ruelles que ces mêmes personnes, dans leurs indifférences peu accablantes, n'auraient probablement pas daigné y jeter un oeil. Quelques Sicaires et Rectifieurs étaient déjà présents sur les lieux. Les leurs avaient été brutalement tués. Chacun des deux clans accusait l'autre d'avoir commencé le conflit, tout deux prêts à se sauter à la gorge. Je comptais bien quitter l'endroit, avant qu'ils ne réalisent qu'une tierce personne avait fait acte de présence. Le regarde baissé pour ne pas attirer l'attention, je pris la fuite sans hâte, passant inaperçu.

Je ne me souviens plus de ce que j'étais venu faire ici au départ. Ça fait tellement trop longtemps.
Comment voudrais-tu que je le sache tu ne me dis jamais rien. Peut-être bien une affaire à Sigil.
Non, je t'assure, ce n'était pas à Sigil même que je devais m'attarder.
Tu sais déjà que ce n'y était pas alors, ça te fait une base.
Peut-être bien une autre ville.
Peut-être Malsheem.
Malsheem? Tu en es sur?
Comment pourrais-je en être sur?
Je n'en sais trop rien.
Tu devais avoir envie de m'acheter un présentoir, question que je ne sois pas constamment prise au noir.
Ah! Ça non! Tu ne vois donc pas que j'aime te garder près de moi?
Je sais surtout que lorsque tu te retrouves seul, les ténèbres te rongent et...
N'embarque pas sur ce sujet, ce pourrait être dangereux pour la caillasse qui te sert de maison.

Maintenant mêlé à la foule de la ville, je ne risquais plus rien, sauf peut-être quelques regards méprisants posés sur moi quand les passants crurent me voir parler seul. La voix de Sierra semblait bien trop faible et imperceptible pour ceux n'étant pas à proximité. L'un d'entre eux me heurta. Comment osait-elle m'agresser ainsi? Moi, le prince de la grande Cité d'Ethernia!

Hey! Regarde où tu vas gamine, de là d'où je viens, je t'aurais jeter dans la fausse aux serpents pour moins que cela!

Non mais, les enfants n'ont plus aucun respect pour les princes de nos jours.
Quand apprendras-tu à te comporter en public Desmond? J'ai vraiment honte. C'est toi qui ne regardais pas où tu allais.
Ferme-la! Je ne veux pas entendre aucunes de tes plaintes.

Oubliant aussitôt l'incident, j'allai m'appuyer contre un amoncellement de pierres. J'ignorais ce que cela pouvait bien faire là, mais j'y prenais désormais trône, réfléchissant à ma destination future. Perdu dans un tel trou à rat... j'avais le gout de râler."

Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 7, page 169

À travers les plans : Une rencontre avec une Virtuose, suite

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Peut-être étais-je à la recherche d'information générale. Tu en dis quoi?
Et si tu rentrais simplement sur Thessalie, question de reprendre le cours de ta vie... normalement.
Si seulement je pouvais me souvenir quel portail j'ai emprunté pour venir ici...
Tu veux dire que tu es piégé ici? J'ai rarement vu de pires abrutis!!! Tu es le perdant dans tout cela. D'une manière ou d'une autre, je traine ma maison avec moi partout ou je vais.
Moi, Safrane de la maison Guwen, apposerai de ma propre volonté le châtiment choisit pour l’affront que vous aurez porté envers ma personne. Subissez les conséquences et taisez-vous à tout jamais.



Notre petite discussion familiale fut interrompue par une déclaration formelle. Le même genre qui se fait entendre lors d'une exécution publique. Je levai les yeux et y aperçus la fillette que je venais tout juste de bousculer. Celle-ci s'entailla la main à l'aide d'une dague. Le geste me semblait dénudé de logique, voire même démentiel. J'ignorais alors tout des pouvoirs des Virtuoses et de leur sacrifice de sang. Je m'attendais à ce qu'une personne dans la foule rattrape la petite et lui vienne en aide, mais cela ne semblait pas être le cas. Tout le monde se tue plutôt, tous rassemblé en cercle devant nous. Une expression d'effrois se dessinait sur leurs visages. Dans l'attroupement, l'un deux laissait plutôt afficher une mine de satisfaction. Couvert d'une longue toge brune et d'un capuchon, ce dernier semblait patienter que l'un d'entre nous ne meurt pour je ne sais quelles obscures raisons. J'en vins à me demander ce qui était si effrayant dans le geste qu'avait posé la petite, ce qui pouvait bien faire trembler les autres Cageurs. Une maladie du sang contagieuse peut-être?

Écoute fillette, lâche cette arme avant de te blesser davantage. Pas que je sois concerné par ton sort, mais c'est ridicule. Je t'ai à peine bousculé que tu me menaces avec cette dague et t'entailles la main au passage; signe que tu ne sembles décidément pas savoir t'en servir. Je n'hésiterai pas à utiliser ma lame si tu m'y obliges.

Je dégainai Exyle Medri, dans le but de lui faire comprendre que je ne plaisantais pas. Tuer un soldat ou une enfant, aucune différence si tous les deux sont une menace pour ma vie ou mes plans. Cependant, un brouhaha attira mon attention ailleurs. Je vis quatre hommes armés tenter de se faufiler dans la foule. C'était eux, la même race d'homme qui m'avait aidé à tuer les Sicaires et qui s'en était ensuite pris à moi; les Rectifieurs. Lorsqu'ils avaient aperçu le nouveau rassemblement, ils s'y étaient hâtés, sachant qu'un truc se tramait.

Hmm... pas eux. Mes plus plates excuses jeune fille, j'aurais aimé discuter davantage, mais quelque chose requiert ma présence... loin d'ici. Si j'étais toi, je ferais pareil, les « Justiciers de Sigil» approchent et c'est après nous qu'ils en veulent. Si nous nous revoyons dans le futur, je te promets la revanche que tu souhaites si tel est vraiment le cas. Et soigne cette blessure veut-tu? Mais enfin... Snake est mon nom, souvint-en.

Je quittai les lieux sans me retourner, encore une fois. Mes pouvoirs quasi inefficaces sur Sigil, en plus de la vielle sorcière qui pourrait surgir à tout moment et m'envoyer à nouveau dans cette prison. Je trouvais plus avantageux d'éviter les combats non nécessaires, au possible. J'apprenais de mes erreurs.

Cependant... cette fille. Elle avait quelque chose d'étrange. Un détail attirant et effrayant à la fois. Une aura particulièrement intrigante. J'avais le sentiment que nous allions nous rencontrer à nouveau dans le futur. Était-ce réellement possible?

Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 7, page 170

À travers les plans : La Bibliothèque de Sigil

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Musique = Librairie

"Les aventures de Desmond commençaient à peine. Après l'incident avec la dénommée Safrane, il explora Sigil et y découvrit quelques coins intéressant, notamment la Grande Bibliothèque de Sigil. Elle était reconnue pour être le deuxième plus grand centre d'information dans tout le multivers. Une immensité de connaissance assimilable et presque papable tant elles étaient nombreuses. Il du d'abord y apprendre la langue universelle, mais une fois cette tâche accomplie, il dévora livre après livre. Tout ce qui pouvait être lu était lu. Il retourna sporadiquement à Ethernia, s'assurer que ses généraux et intendants faisaient leur travail comme il se devait. Rien à craindre de ce coté, Tazaghal entrainait les troupes à merveille, Liamaris tenait l'économie et la gestion d'une main de fer alors qu'Ambrosia gérait la diplomatie et les relations avec le peuple. Ethernia n'avait jamais été si prospère, et ce, même en l'absence de leur prince.

Les jours, les semaines et les mois s'écoulèrent. La conscience libre, Desmond et Sierra séjournèrent plus de deux ans dans cet endroit. L'Ange Cornu était méconnaissable. Il mangeait peu, dormais peu et sa longue barbe blanche, touchait son torse, tellement il n'avait pas soigné son apparence depuis la découverte de cet endroit. Prennait t'il seulement des bains? Il se mariait aux décors et les habitués ne pouvaient imaginer une journée à la bibliothèque sans le prince, assis dans le coin le plus sombre, pile d'ouvrages et journaux sur sa table d'étude. Certains plaisantins racontaient même qu'il faisait partit des meubles, du décor, et qu'il fallait l'épousseter de temps à autre comme le reste des biens..."

Je me permets d'introduire un court paragraphe tiré du journal de mon aïeul. Vous le trouverez aussi intéressant que moi, j'en suis convaincu.

"[...]Je baigne dans cet océan de mots et de phrases comme l'on nage librement dans la mer sans craindre la noyade. Je marcherai côte à côte avec l'Éternité tant que celle-ci me permettra d'apprendre et de jouir de cette connaissance infinie. Bouder cette cathédrale de savoir serait ignorer le fait que je sois doté d'intellect et renier mon existence en tant qu'homme.[...]"

Je ne peux décrire réellement ce qui se passa durant ses deux années d'exil dans cet établissement. Desmond ne se donna que très peu la peine d'ajouter de nouvelles entrées dans son journal. Cinq pages uniquement couvrent l'ensemble de ces deux années. Ce que j'en sais, c'est que lorsqu'il quitta l'endroit, il connaissait la localisation d'une bonne partie des portails, autant sur Sigil et Thessalie que dans divers autres plans. Il mentionna également un objet en particulier dans ces écrits. Ce qui deviendra dans son futur rapproché, une obsession. Le Grimoire de Yagrax. Un Manuel magique d'une puissance quasi infini. Ayant appartenu aux plus grands sorciers existants, le prince le convoitait également.

L'ont dit de cet ouvrage qu'il peut créer des portails au besoin et selon la volonté de son possesseur, mais qu'en contrepartie, il rend son utilisateur fou avec le temps et le force, même pendant son sommeil, à le compléter de son savoir. Ainsi, dans ce livre, étaient stockées les connaissances de tous les sorciers qui avaient réussi à mettre la main dessus. Un objet à double tranchant, puissant, mais fatal. Inévitablement, son détenteur finirait par mourir, vidé de son essence vitale.

L'ange le savait, mais voulais se l'accaparer à tout prix.

Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 7, page 171