[Snake]Livre VI - La voie de la rose

Le Culte de la Rose : La fin

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Musique = Faraway Skies

Il y a très longtemps de cela, sur les terres de Thessalie, un puissant ordre que l'on croyait immortel s'est éteint. Cet ordre servait la nuit et sa sombre Déesse. Ils se disaient tout puissants, des guerriers bénis par la noirceur. Sans peur ni conscience morale, ils chassèrent les Anathois de Thessalie, les uns après les autres, dans le but de prouver leur suprématie. Deux hommes étaient à leur tête, tout deux sorciers. L'un était un orc peu commun, obsédé par le désir de devenir humain. L'autre, un ange malicieux habité par la haine du passé. Envieux de pouvoir, le second brisa son allégeance, se mettant à dos l'Empire de la nuit. De fiers soldats, fidèles à l'ange, le suivirent dans son court exil. De celui-ci, ils ressortirent tous au bout de quelques semaines. Douze légions bien armées et à leur tête, le puissant sorcier rebelle, accompagné d'une relique d'un autre monde.

Grâce à cette lame démoniaque, l'ange déchu se fraya un chemin jusqu'au coeur de la forteresse de l'Empire. Les survivants du massacre pleurèrent les victimes pendant de trop nombreuses années. Les clans furent réduits en poussières ce jour-là, s'entretuant entre eux, s'offrant en spectacle à la lune alors que deux érudits se livraient bataille également, dans un lieu fermé habillé par la noirceur. Nul ne put assister à ce qui se déroula à l'intérieur de la crypte. Quand la bataille fut terminée, l'on vint s'assurer de la sécurité de la Déesse. Le corps inerte de l'ange cornu fut découvert et pourtant, l'orc et la divinité manquaient à l'appel. Maintes théories expliquant la disparition de la femme furent énoncées, tous aussi probables les unes que les autres et quant à l'autre, on ne pouvait que prétendre qu'il était encore vivant, peut-être s'était'-il lui aussi exilé pour avoir failli à son sermon.

Cette histoire ne fut pas racontée avant aujourd'hui, pas racontée ainsi du moins. Les survivants ne souhaitèrent pas commenter l'affaire, vivant le deuil de leur Déesse, la perte de leur unique espoir. Je n'ai pas assisté à la scène non plus, elle s'est déroulée alors que je n'étais pas encore né. Les écrits de mon aïeul sont pourtant bien clairs, lui y était et j'ose croire que tout y découlant n'est que vérité.

Et ainsi mourut l'Empire Neon.

Écrits d'Erim Silverberg, chapitre 6, page 152

Le Culte de la Rose : Grim Reaper, première partie

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Musique = Dark Forest

Une décennie après la mort de la Déesse, l'ordre était déjà défait et les Neons s'étaient dispersés, ne brillant plus dans la nuit. Encore à ce moment, personne n'avait revu Deckard, le sorcier orque. Les rumeurs sont pourtant nombreuses à ce sujet. L'une d'entre elles mentionne un suicide, mais je ne saurais prouver sa véracité. Le corps de l'ange, mon ancêtre, reposait encore dans la crypte, complètement momifié par le temps. Personne n'avait osé le déplacer. Il prétend dans ses écrits que ce devait être par peur d'en subir sa malédiction. Par respect pour la défunte Déesse, l'on raconte que la crypte fut fermée et gardée, pour que personne ne vienne y piller les reliques. L'épée du meurtrier fut saisit et les derniers documents des Neons disent que le décret de détruire la lame avait été lancé. Je peux affirmer que l'acte n'a pas été commis, car cette épée sied désormais au centre d'une petite salle verrouillé, au fond des catacombes du château d'Ethernia.

Vous devez me croire fou. Je parle des écrits de mon aïeul, le seigneur Desmond Silverberg, qui dateraient d'après sa mort. Les précédents chapitres démontrent pourtant que l'ange cornu avait été ressuscité déjà. L'événement s'est reproduit encore une fois, pour le malheur de tous, principalement celui des citoyens de cette citadelle qui fut jadis une gracieuse cité dirigée par une reine bonne et dévouée. Le prochain passage est une interprétation de ma part de ce qui s'est déroulé, car les textes de Desmond et ceux de Grim se contredisent légèrement, se donnant chacun une position de supériorité. Percevez cela comme une histoire que je vous raconte.

"L'Apocalypse venait tout juste d'arriver, cette calamité tuant la presque totalité de la population qui surgit sur notre belle Thessalie à chaque fois que sa sainteté Chaos s'en donne l'envie. Une injustice nécessaire pour que le Tout-Puissant puisse garder un contrôle sur notre développement, que nul n'ait l'envie de le défier. Les gardes de la crypte d'Alice y avaient laissé leur vie également. L'endroit n'était plus que ruines désolées d'ailleurs, hantées par les fantômes de ceux qui avaient péri lors de la Grande Guerre. Le tout y resta ainsi “paisible” jusqu'à un beau matin de printemps. Les fissures dans les murs de la crypte laissaient entrer un très dense brouillard bleuté. Les hurlements des dames blanches* avaient cessé lors du lever de soleil à peine perceptible, caché par le voile épais qui abrillait l'endroit.

C'était le jour du dixième anniversaire de la mort du prince et un événement peu attendu se produisit. À l'intérieur de la bâtisse délabrée, une mince brèche prit forme dans les airs, non loin du cadavre, perçant la semi-obscurité dans laquelle était baignée la pièce. Elle prit rapidement de l'expansion, jusqu'à former un ovale. Une lumière glauque le remplit aussitôt qu'il fut complet et de cette forme, un objet métallique émergea. La progression ne cessa point, révélant une faux, puis une main squelettique. Habillé d'une très longue toge aussi noire que la suie, balayant la pierre du plancher, l'homme à la faux était presque identique à la représentation de la Mort que se font plusieurs cultes religieux. Le mystérieux inconnu ne perdit pas une seconde à contempler le corps pourri de l'ange cornu. Il se contenta plutôt de se mettre à l'ouvrage. Son arme au dessus du mort abandonné, il dessina de sa main libre une pochade grossière et pourtant gracieuse dans l'acte de ce qui semblait être les runes d'une incantation. Un trait de feu parfois bleuté et d'autre fois violet glissa le long de chaque mouvement, traçant ainsi les glyphes promoteurs nécessaires au sort. Des boulle blanchâtres se formèrent avec la matière immatérielle du brouillard. Ces similis esprits se mirent à danser dans la pièce tout prêt des deux hommes. Le dernier catalyseur débuta.

Hiever de' elge, dos vel'uss zhal xun lil h'sievssrig d'lil Cryso, dos zhal dro whol jal del udossa vel'uss ssinssrin ulu kla'ath dos. Udos orn xxizz dos nindol draeval 'zil udos zhaun nindel dos phuul l' er'griff uss vel'uss shlu'ta xun ol.

Dalhar d'lil neantak, xsa mirshann, guuan dalda' dosst e'et v'dri lueth soak nindol tresk'ri xuil dosst viggtuii.

Un bruit de tonnerre, malgré l'absence d'orage, retentit dans la grande salle, provoqué par les paroles de l'inconnu. Sous les pieds du squelette, la terre tremblait avec rage, faisant tomber la poussière accumulée aux murs et au plafond. L'atmosphère devint extrêmement lourde, pesée par la forte énergie présente. Les boulle blanchâtres récemment formés convergèrent tous vers le corps meurtri de l'ange, le soulevant de son endroit de repos éternel. Un éclat de lumière vint enrober la pièce et puis... plus rien."



Écrits d'Erim Silverberg, chapitre 6, page 153

*Dame blanche: Les dames blanches sont, en restant le plus simple possible, des banshee(terme qui semble aussi bien utilisé en français qu'en anglais). Une créature dont les cris appellerait une mort prochaine.

Le Culte de la Rose : Grim Reaper, deuxième partie partie

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Musique = Snake's Theme

"Après l'éclair, la dépouille retomba violemment contre la pierre. La marre de sang desséché autour de Snake se mit à fondre, tel l'acide, le sol de la pièce. La même réaction eut lieu sur le dos de l'ange, à l'endroit de la blessure mortelle qu'il s'était vu infligé. Un événement peu commun se produisit ensuite. La chair se reforma, cicatrisant les plaies, reconstituant les muscles et les organes. La momification se reversa, laissant place, au lieu d'une carcasse décomposé, à un jeune homme d'apparence, frais et régénéré. Quelques faibles remuements se firent percevoir, le macchabée semblait à nouveau animé. Les doigts de Desmond se crispèrent, sa jambe droite se replia et un léger souffle balaya la poussière du plancher en proximité de sa bouche. Le miraculé chercha un point d'appui pour se relever et le sol fut bien suffisant. Alors qu'il tentait de se hisser de toutes ses forces, chaque membre de son corps nouvellement animé tremblait d'impuissance — l'atrophie de ses muscles n'était qu'un des multiples désavantages temporaires de sa résurrection. Snake, un gout amer à la bouche, cracha sur le sol une bouillie noire; le vil venin de la mort venait d'être expulsé de son hôte.

Ses forces vitales le regagnèrent peu à peu, ce n'était plus qu'une question de temps avant que le prince ne retrouve toute sa splendeur. Encore à quatre pattes, le loustic ne réussit pas à se relever. En compensation, détournant quelque peu la tête vers la droite, il y vit le bas d'une toge et un bâton au ras le sol. Suivant le vêtement en hauteur, le prince n'eut aucune difficulté à reconnaitre l'invité outrecuidant qui venait de perturber son sommeil.

Ne me laisse pas dans cet état pitoyable Grim. Aide-moi à me relever.

L'homme au visage de mort s'accroupit devant le prince s'affichant au même niveau que ce dernier et repoussa la main qu'on lui avait tendu. Sa faux accotée contre son épaule, l'être n'envisageait pas de lui faciliter la tâche.

Je crois en avoir fait suffisamment pour toi, "vielle branche". Si tu es en vie aujourd'hui, c'est que je suis venu récolter mon dû.

Déjà en sueur, l'ange n'avait pas suspendu les efforts, toujours aussi accroché à l'idée de pouvoir marcher dans la minute, ne serait-ce que pour faire ravaler l'arrogance de son interlocuteur. Quant à Grim, il ne bronchait point, quelque peu amusé par la vision déplorable qui s'offrait à lui.

Hmph... qu'espérais-je de la part d'un sac d'os... je m'arrangerai seul dans ce cas. Et ne compte pas trop sur ce “dû”, tu n'auras rien de moi.

La main squelettique du faucheur avait pris sous sa grippe la tête du faiblard. Le prince ressentait une pression si intense qu'il regrettait déjà d'avoir effectué son retour dans le monde des vivants. Les griffes acérées de Grim, qu'il enfonçait allégrement dans la chair, n'aidaient pas non plus Snake à se détendre.

Ne nous disgracie pas tout les deux en osant verser une larme. La douleur sera insoutenable, je te l'accorde, mais essaie tout de même de garder le peu de dignité qu'il te reste.

Un cercle d'aura se dessina autour des deux antagonistes. Cette douleur qui fut tantôt intense, était désormais insoutenable, comme si l'on tentait d'introduire dans la tête de la victime, quelque chose de trop gros, n'y ayant pas la place nécessaire. Des hurlements suivirent, seulement cette fois, ce n'étaient pas ceux des dames blanches. Des mains de Grim, une énergie oscillatoire, presque multicolore se dégageait.

Cela n'eut pas l'effet escompté. L'instant d'après, le faucheur était plaqué contre le mur, projeté par cette énergie qu'il avait lui-même exhalée, libérant le premier de son supplice par la même occasion. Frustré du décevant résultat, l'agresseur injuria l'ange cornu.

Imbécile! Comment oses-tu me faire ça à moi?! Cette place m'incombe, ton corps m'appartient! À peine revenu que tu t'offres déjà à quelqu'un d'autre, comme une chienne? Je n'ai pas écrit l'histoire ainsi, Desmond. Ta défiance aura son juste prix, soit en certain.

Ferme là Grim! Le claquement de tes dents pourris n'aide en rien mon mal de crâne... Et je ne comprends rien à ton délire de jeune fille. J'ignore ce que tu as tenté de me faire, mais tu paieras pour cette souffrance... dès que j'aurai réussi à me relever.

Bien que le martellement dans sa tête ait cessé, le prince n'en restait pas pour le moins étourdi. Les dires de son ennemi ressemblaient à de pures divagations pour lui. Il ne pouvait y discerner un quelconque sens et attendait, avec empressement, des explications. Quant à l'autre, sa présence sur Thessalie n'était plus nécessaire. Il se devait de trouver un moyen d'arriver à ses fins et il se trouvait justement un endroit à travers les plans ou c'était possible d'y déchiffrer la solution.

L'homme squelettique se releva de lui même et ramassa sa faux, qui gisait encore par terre entre les deux êtres. Avec la pointe de celle-ci, il créa une déchirure dans le vide, identique à la première. Il la retraversa de la même manière qu'il l'avait fait précédemment. Avant d'être entièrement englouti par le portail, il lança à son rival quelques bribes d'un avertissement.

Je reviendrai te chercher Desmond... tout ça n'est pas fini

Le portail à peine disparu, Desmond vit plusieurs fragments d'images se former devant ses yeux. Certain semblant provenir de son passé, d'autre non. Tout devant lui devint noir, ses sens le lâchèrent et il s'effondra tête première contre la pierre froide. Parti rejoindre le monde de Morphée, une vérité allait lui être révélée."

Écrits d'Erim Silverberg, chapitre 6, page 154

La voie de la Rose : Mémoires

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Les prochains passages sont ceux tirés des récits de mon aïeul, suite à sa perte de connaissance. Je les trouve des plus nébuleux, car il reste imprécis quant à ce qui s'y déroule. Après relecture, je crois en avoir saisi l'essence, l'expérience qu'il vécut ce jour-là. J'étalerai mon hypothèse une fois le récit raconté.

Musique = Transcendent One

"[...] Je me retrouvai allongé sur ce lit de granit, si froid et peu confortable. Au-dessus de moi, j'aperçus un grillage circulaire en fer forgé d’où s'écoulait une pluie qui ne se gênait pas pour agresser mon visage et y glisser ensuite, telle la caresse d'un amour sincère. Des larmes épaisses coulèrent de mes yeux, mais je ne pleurais pas; l'on aurait plutôt dit du maquillage défait par l'eau. Bien qu'engourdi, je sentais mon corps beaucoup plus léger qu'à l'habitude, plus souple, différent. Mes ailes semblaient avoir disparu, je ne ressentais plus leur présence sur mon dos endolori. J'ai l'habitude de porter des habits faits sur mesure, et dans de rares occasions, des toges, mais je m'aperçus que j'étais bel et bien en robe de femme. Que se passait-il? Je l'ignorais à ce moment. Je joignis l'étrangeté au peu probable.

Je me suis alors souvenu avoir souffert par la faute de mon rival, Grim Reaper. Il avait tenté de me faire exploser la tête. Puis j'eus cette subite faiblesse qui me plongea dans l'inconscience, me déconnectant de la réalité pendant un moment. Je me réveillai à un endroit différent. Pourtant, ce bloc de granit sur lequel je gisais était un autel rituel et le grillage du plafond m'était fort familier. J'étais encore dans la crypte, dans une autre salle, un peu plus loin. Seulement, le silence presque inquiétant qui y régnait quelques minutes plus tôt avait fait place à une mélodie de guerre; des coups de fer croisés, des cris de souffrance et les chants des incantations.

D'autres gens n'étaient pas bien loin décidément. Je décidai de me relever puis d'explorer la pièce des yeux. Mon corps ne réagit pas immédiatement, étrangement. J'y trouvai cinq personnages genoux à terre, me saluant comme on le fait pour un roi. Chacun releva la tête. Je les connaissais. Il y avait Deckard; je le croyais mort pourtant. Ensuite Sweet, Dye, Saroumane et finalement Nighthunt. Que pouvaient-ils bien tous faire là? Trois d'entre eux avaient disparu quatre Apocalypses plus tôt. C'était impossible!

C'est en réfléchissant à tout cela que j'en aperçus un sixième. Un ange, couvert d'une longue toge foncée aux parures légères, loin de l'extravagance. Des ailes d'un mauve si profond qu'elles en paraissaient presque noires. Mais le plus impressionnant, c'était son visage. Il était moi! Une exacte copie de moi, encore jeune, l'une de mes ailes cassée.

Le noir recouvrit à nouveau ma vision, me sortant de ce rêve maudit.

Je me réveillai encore, toujours trempé. Cette fois, c'était différent. Un certain poids faisait pression sur mon corps. Je ne respirais pas, je retenais mon souffle sans savoir encore pourquoi. J'étais réveillé et pourtant, mes yeux étaient encore clos et refusaient de s'ouvrir. Puis je compris enfin.

Paniqué, je sortis la tête de l'eau. J'avais encore changé d'endroit, toujours dans la crypte par contre. Le changement avait été si brusque que j'aurais pu me noyer. Cette fois-ci, j'étais seul, mais enfouis jusqu'au nombril dans ce qui semblait à première vu être un très grand bain. Le liquide par contre, était beaucoup plus épais que l'eau et sa couleur trahissait son origine. C'était bel et bien du sang, du sang humain pour sûr. Que faisais-je dans cet endroit? Une autre question que je me posais. J'eus envie de crier, mais je ne trouvais aucun moyen de laisser sortir le moindre son. Je réalisai vite fait que mes mouvements n'étaient pas les miens, je ne contrôlai pas mon corps.

Je faisais fausse route. Ce corps n'était pas le mien... comment aurais-je pu avoir une poitrine aussi généreuse sinon et ces si belles jambes qui savaient se mouvoir à merveille, créant oscillations plutôt que vagues dans cette mer écarlate. Je commençai à comprendre désormais.

Cette fois-ci, c'est un flash de lumière blanche aveuglante qui me ramena à la réalité. Je me retrouvai à nouveau à la case départ, genoux à terre, baisant le sol. La pièce était entièrement vide de vie. J'y étais seul. Je ressentis à nouveau mes belles ailes majestueuses et j'étais vêtu de mes apparats de guerre, déchirés par la bataille.

Quelle ironie, moi, l'Ange Cornu, pouvais bien m'esclaffer. J'en avais toutes les raisons d'ailleurs, car ce qui venait de m'arriver était extrêmement intéressant; et je ne parle pas là de Grim Reaper ou de ces visions appartenant à un passé qui n'est pas le mien. Je sentais une présence autre en moi.[...]"

Je compris avec le temps et la lecture du reste de ses écrits, que cette présence dont il parlait et ces souvenirs, étaient ceux d'Alice, la reine et Déesse des Neons. Comment cela put arriver? Je n'en sais rien moi même et je crois qu'il est préférable de ne pas chercher à connaitre la raison du pourquoi. Cela dit, tout laisse croire que c'est l'âme de cette femme qui eut pris possession de son corps le matin même de sa résurrection, et encore cette fois, j'en ignore la raison.

Écrits d'Erim Silverberg, chapitre 6, page 155

Le voie de la Rose : L'Image du désir charnel

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Quel changement apportera l'âme d'Alice dans le corps de Snake me demanderez-vous. La Déesse avait l'esprit bien tordu à ce que l'on m'a raconté, l'attitude de Snake ne s'en retrouva que très peu changée. Ceux le connaissant bien ont pu déceler une nette diminution de son impulsivité à travers le temps, mais c'était tout. Il était d'ailleurs difficile de prévoir le résultat, un tel phénomène n'était pas chose du commun, voire même unique.

Nous en étions donc au réveil du prince, à peine quelques minutes après sa résurrection. Il venait de réaliser qu'il n'était pas seul dans son corps. Il lui restait encore bien des choses à apprendre sur l'étendue des conséquences engendrées par l'âme de la reine des Neons. Les Divinités sont souvent associées au pouvoir de créations et de destruction. Ces pouvoirs leur sont propres et rares sont les mortels qui arrivent à en faire de pâles imitations. Certaines exceptions peuvent toutes fois briser les règles...

Musique = Main Title

"Le prince d'Ethernia se sentait tout puissant suite à sa découverte. Et entre ses mains, dormait un grand pouvoir encore inexploité. Il n'était pas pour autant invincible ou capable de tuer une personne d'un simple regard. Ce pouvoir était tout autre. Cette nouvelle essence qui coulait désormais dans ses veines lui conférait un don bien plus précieux. Invoquer une créature des enfers était une chose à la portée de n'importe quel conjureur... créer de son propre esprit cette créature, dotée des caractéristiques souhaitées, c'était une aptitude réservée aux privilégiés, aux surhommes. Prétendre que l'Ange Cornu savait désormais maîtriser cet art serait mentir. Son corps n'y était pas adapté, son esprit un peu trop faible. Cette capacité résidait cependant en lui, patientant l'éveil, une clé qui résoudrait les questions de son fonctionnement. Qu'arriverait'-il s'il ouvrait la porte de ce secret? Atteindrait'-il l'illumination? Il en était encore loin de là. Peut-être était-ce le travail de toute une vie ou un objectif inatteignable.

Donner le crédit de la maîtrise de cette magie à l'ange était en effet une faute, mais le sous-estimer et ne pas croire qu'il saurait en percer quelques bribes en était également une. L'homme réussit à se remettre sur ses deux jambes. Il en avait subitement oublié sa fatigue du moment. Ne sachant trop ce qu'il faisait, Desmond dégagea cette énergie nouvelle, un peu au hasard tentant de déchaîner une réaction. Il se sentait capable de “créer” quelques choses. Mais quoi? Cela restait une question sans réponse. Il leva la main droite vers le ciel de pierre, perpendiculaire au corps. Comme tout autre forme de magie cherchant à quitter le corps d'un homme, un démon ou une autre créature, celle-ci devait le faire par les mains. Une faible aura argentée enveloppa le corps du sorcier. Rien de vraiment impressionnant ou dangereux, un illusionniste aurait pu faire mieux.

Aucune parole d'incantations ne sortit de sa bouche, il n'en connaissait pas une reliée à ce genre de sorts d'ailleurs. Ses pensées par contre étaient troublées. Il avait en tête ses plus sombres désirs et plaisirs, ses fantasmes. Il revoyait le viol de sa soeur cadette, l'une des rares fois où il avait partagé sa couche avec une femme. Snake avait adoré cet instant incestueux, les cris de souffrance de Sierra, les coups et les ripostes, les pleurs et finalement l'extase. Il n'était plus capable de chasser ces images de sa tête, toutes ces perversions et pourtant, le moment n'était pas au rappel des souvenirs du "bon vieux temps".

L'aura argentée se détacha finalement de son corps, allant se placer droit devant lui; elle s'était apparemment nourrie de ces songes. Des formes se sculptèrent pour y créer une silhouette. Plus la silhouette devenait humaine, plus la vue de l'Ange Cornu faiblissait. Avant de pouvoir admirer le résultat final, Desmond s'écroula à nouveau sur le sol. Cette fois-ci dans un monde sans rêve, un endroit où la fatigue y dicte ses règles."



Écrits d'Erim Silverberg, chapitre 6, page 156

La voie de la Rose : Liamaris

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Musique = Curst

"Bien des heures, voir même une journée entière, passèrent avant que l'Ange Cornu ne se réveil de son trop long sommeil. Un doux et chaud souffle caressait sa nuque tandis que des mains délicates de femmes exploraient son corps meurtri. Un retour à la réalité des plus agréables. Il ouvrit les yeux pour ne voir qu'un sol poussiéreux puis réalisa que quelqu'un ou quelque chose était allongé sur lui. Il n'avait pas imaginé les caresses, elles étaient réelles. Il se dégagea rapidement, cherchant à découvrir qui se jouait impunément de lui.

La surprise fut grande. Son regard encore embrouillé par le réveil, il y vit cette même silhouette que la veille. Il se frotta les yeux pour y voir plus clair.

Elle était magnifique. Une perfection de corps humain au féminin. Une ode à la beauté. Elle avait des ailes d'anges et de créature déchus à la fois. Sa peau était aussi blanche que l'ivoire et ses yeux étaient exactement les même que ceux de Snake. Nue, elle ferait de n'importe quel homme son esclave et plongerait toutes les femmes dans une jalousie maladive. Parfait était le terme approprié, du moins aux yeux du prince.

Elle rempa jusqu'à lui, s'assoyant ensuite sur son ventre, les cuisses de la femme au creux de ses reins. L'étrangère agrippa violement les cheveux de Desmond et entraina sa tête entre ses seins.

Musique = Fortress of Regrets

Mon nom est Liamaris, mais tu peux m'appeler Lia. Je suis la réflexion de tous tes désirs et perversions. Je serai à jamais ta première servante et obéirai à ta voix uniquement. Tu m'as créé, je serai tienne.

Qui que tu sois, laisse-moi respirer!

...

Ose me toucher à nouveau sans ma permission et tu perdra ce qui fait de toi une femme! Aide-moi à me relever maintenant.

La femme exécuta chacun des ordres sans dire mot. Lorsqu'ils furent tous deux debout, Snake ne sut trop quoi en penser. L'avait'-il réellement créer? En était'-il capable? L'homme l'interrogea, intrigué par celle-ci.

Quel sont tes pouvoirs et tes compétences Lia. À part être une insolente réflexion de ma personnalité, en quoi peux-tu m'être utile?

La création prit un air amusé et se faufila lentement derrière l'homme. Pour l'aguicher, elle glissa l'un de ses doigts sur le torse de son maître et puis sur son épaule lorsqu'elle passa à côté de lui, ne tenant compte des menaces que ce dernier lui avait proférées. Une fois derrière lui, elle l'enlaça de ses deux bras.

Je peux charmer n'importe quel homme et obtenir ce que je veux d'eux. J'arrive à créer une réalité temporaire, un monde de rêve restreint pour être plus clair. Tout y est possible dans cet espace, sous forme d'illusions. Aucun secret ne me résiste, aucune âme ne m'est fermée. J'assassinerai et espionnerai si cela est ta volonté. Je corromps le cœur des hommes et créer le désespoir chez les femmes. Je suis la Déité des désirs. Et je sais également comment te satisfaire.

Le monde autour des deux êtres se désagrégea, les images s'effacèrent puis d'autres prirent leurs places. Ils se retrouvèrent dans un jardin de roses infini. Une aire de repos pour le prince. Cette fois, ce n'était pas un souvenir. Lia l'en avait avertit, elle avait le pouvoir de créer des illusions.

Sans crier garde, Liamaris enfonça ses ongles dans la chair de l'ange et lui ouvrit littéralement et d'un seul mouvement rapide, les entrailles. Snake poussa un cri de souffrance suivi de plusieurs expirations violentes pour réussir à supporter la sensation beaucoup trop intense pour lui.

Ahhhhhh... La douleur, la douleur! Si belle, si agréable. Oh! Oui, les sages ont raison de dire que la frontière est mince entre la douleur et le plaisir. Je ne l’avais pas senti depuis des lustres! Elle me manquait tellement! Je sens tout! Les odeurs, tes caresses et la déchirure de ma peau. Je sens la souffrance et le désir. Et tout ça, est un réel plaisir. Oui! Le plaisir, je le sens à nouveau. Mon âme, ma nouvelle âme, je ne te perdrai plus, je saurai te garder cette fois, tu ne quitteras plus cette cage qu'est mon corps. J'étais mort trop longtemps, j'en avais oublié les sensations. Continue Liamaris, ne cesse pas... ne cesse jamais..."



Écrits d'Erim Silverberg, chapitre 6, page 157

La voie de la Rose : Possessions du passé

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Mon ancêtre s'évada de la crypte suite à toute cette aventure. Il entreprit ensuite un long voyage sans péripétie dans le but de rejoindre Ethernia, sa ville natale et son héritage. Il chercherait là-bas à reconquérir le trône, par la force s'il le fallait. Au vu de sa personnalité, il aurait probablement tué tous les sujets s'opposant à lui, peut-être même brulé le village entier pour les punir de leur impudence. Desmond Silverberg dit un jour:

"L'humain est une ressource renouvelable, une armée peut être reformée, un royaume en cendre se reconstruit. Les bons meneurs d'hommes sont rares. Ainsi le sont les visionnaires. Je suis un homme, une armée et un royaume à moi seul. Je mène les hommes et je vois la victoire dans l'avenir. Tant que je vivrai, la gloire d'Ethernia sera préservée. Je suis unique."

Prétentieux évidemment, et bien désolant à entendre ou lire. Voilà comment était mon très cher aïeul. Il aurait sacrifié son peuple pour ses propres ambitions et l'aurait fait faussement au nom d'Ethernia. Je hais le monstre qu'il était et pourtant je lui porte une admiration sans bornes pour sa détermination légendaire...

Musique = Annah Theme

"Plusieurs jours passèrent depuis la seconde résurrection du prophète de la destruction. Il était retourné à Ethernia, en compagnie de Liamaris, sur sa monture des enfers, Cauchemar, qu'il avait convoquée à nouveau, pour y trouver une cité entièrement détruite où des cadavres en décomposition de centaines de milliers d'hommes et de femmes jonchaient les rues. D'autres étaient planqués sur des piques ou pendus. Le sol était rouge à perte de vue tellement le sang avait coulé et l'érosion des années ne semblait pas être apte à pâlir ces tâches écarlates. Plus rien ne subsistait, les maisons étaient entièrement brulées et le palais de cristal d'Ethernia n'était plus que débris. La vengeance des Neons avait été grande. Ils n'avaient pas apprécié que leur reine se fasse assassiner et s'en étaient donc pris à la grande cité du prince.

Snake avançait à travers les débris qui jonchaient l'ancien lieu du château, laissant la femme garder la bête. Il semblait désespérément chercher quelqu'un où un objet. Ne disant mot, il s'enfonçait un peu plus loin, sautillant parfois pour atteindre la destination voulue. À un moment, après avoir cherché une partie de la nuit dans une obscurité quasi totale, éclairée uniquement par quelques rayons lunaires traversant les minces nuages, sur son visage s'esquissa un sourire de satisfaction. Devant l'ange, se tenait une arche, abimée et en ruine, mais protégeant tant bien que mal un escalier s'enfonçant un peu plus loin dans les profondeurs. La voie était obstruée par quelques lourds blocs de cristal rougeâtre. Cela n'arrêta pas l'avancée de Desmond. Bien que loin d'être fort physiquement et étant dans l'impossibilité de tasser de si gros morceaux de son chemin, sa connaissance des forces magiques dépassait celle des magiciens et sorciers des plus grands royaumes. C'est en soulevant les bras de chaque côté de son corps, qu'il se mit à chanter.

Zephyrus, yah d'lil su'aco dal l' linoin, Usstan joros whol dosst Xal.
Boreas, yah d'lil su'aco dal l' trezen, Usstan joros whol dosst Ouvalyrin.
Notus, yah d'lil su'aco dal l' Werneth, Usstan joros whol dosst Mriggan.

Dos vel'uss jabbuk l' su'aco, Usstan joros whol dosst xxizz. Mumbaro nindolenen tonashssen whol uns'aa. Usstan quarth ol!

Musique = Ravel Theme

Le sol sous ses pieds se mis à trembler légèrement. En y portant une meilleure attention, ce n'était pas le sol lui-même qui se mouvait, mais bien les cailloux qui semblaient vouloir se dérober de la gravité terrestre. De petites parcelles de terre se mirent à se soulever autour de lui, dans un rayon assez court, tout comme l'avaient fait les petites pierres juste avant. Vint le tour des plus gros rochers et finalement, les débris qui lui bloquaient le chemin furent à leur tour déplacés. Le tout restant en suspend dans les airs. Avec ses pouvoirs actuels, cela serait le cas pour encore une vingtaine de minutes. Snake s’aventura dans l'obscurité de la cave, là ou plus aucune lumière extérieure n'arriverait à pénétrer. Il atterrit dans une flaque d'eau assez profonde pour lui mouiller les genoux.

Incendium!

La pièce s'illumina, les torches accrochées sur les quelques murs s'étaient toutes enflammées. Ce n'était pas une flaque en fait, mais bien une marre. La pièce au complet était inondée, le mauvais état de l'endroit et les dix ans qui s'étaient succédés en avaient voulu ainsi. Tentant de se mouvoir dans l'eau, il se dirigea vers un grand bureau où un seul objet s'y trouvait. Un petit coffre à bijoux encore verrouillé. Snake sortit une clé d'une des poches de son manteau puis la fit tourner dans le loquet. L'on entendit un mécanisme venant de l'intérieur de la boite. Quelques faibles décharges suivirent, parcourant l'extérieur du contenant, dévoilant qu'un enchantement venait d'être désactivé par la même occasion. Lorsque le prince souleva le couvercle, une lueur se dégagea. C'était cette sphère, à l'intérieur, qui apportait cette lumière. Il prit l'orbe entre ses mains et la caressa, comme on caresse un être aimé. Le brouillard se trouvant à l'intérieur même de la boulle, bougeait et semblait répondre aux caresses de l'ange cornu.

Je suis désolé de t'avoir fait tant attendre. J'ai erré dix ans sur les landes grises et je suis désormais de retour sur la terre des vivants. Je te ramène avec moi et je n'aurai plus à te cacher dans cette boite, petite sœur...

La pauvre Sierra, confinée à même l'orbe, ne dit mot. Cependant, elle observa un changement dans l'attitude de son frère ainé. La façon à laquelle il s'était adressé à elle. La tendresse avec laquelle il l'avait caressé. Il n'était plus le même, son aura était différente. Tout autant malveillant, mais plus... humain. Elle se perdit à penser que peut-être, l'aimait'-il encore. Elle l'ignorait, mais c'était en fait grâce à l'âme qui résidait désormais en Snake, l'âme de la défunte Alice, qui permettait au prince d'éprouver à nouveau des sentiments.

Avant qu'il ne quitte les lieux, Desmond alla retrouver, à l'autre bout de la pièce, un miroir fissuré. Il rangea d'abord Sierra dans une autre poche intérieure de son manteau. Puis, il déposa sa main droite au centre du miroir. Marmonnant quelques paroles à peine audibles, les fissures se refermèrent lentement, les morceaux brisés se recollèrent et l'objet retrouva son état originel.

Clotho, Lachesis lu' Atropos, quar'valsharessen d' ap'za lu' elamshin, tlu'og uns'aa dosst yorn.
Usstan lac biu faerl bol nindel Usstan inbal noamuth, szith drasven wun l' draeval p'los. L' kaas' Exyle Medri, killian morfel wun l' Malsheem ak'uech.
Dos, Ap'zan, dalharilen d' Zeus lu' Themis, ph' l' er'griff ussen vel'uss zhaun l' an'yui.

La réflection du prince dans le miroir se déforma rapidement. Des images se succédèrent et décrivirent un voyage en mode éclaire à travers les terres de Thessalie. Jusqu'à ce qu'il y arrive. Dans un endroit méconnu de lui-même, ne sachant trop si la pièce qu'il voyait appartenait à un collectionneur ou bien un maître d'armes. Et sur une table, il l'aperçut. Sa tendre et seule amie, la lame forgée en Malsheen, Exyle Medri.



Sa main, qui était encore posée sur le miroir, fini par traverser celui-ci. Sans perdre plus de temps, il agrippa l'arme par le manche et la ramena avec lui à travers le miroir. Il aurait pu l'admirer, embrasser l'arme démoniaque qui lui permit de tuer la Déesse, mais le temps n'y était pas. Une mission lui avait été confiée une décennie plus tôt. Celle de préserver l'indépendance de Thessalie vis-à-vis les plans extérieurs, les plans des morts. Exyle Medri fut le cadeau qui lui avait été offert par Asmodée lorsqu'il avait accepté ladite mission.

Sierra, sa sœur cadette; Exyle Medri son épée, le prolongement de sa volonté; Cauchemar, son fidèle étalon noir des enfers; Liamaris, sa nouvelle alliée. Et maintenant frôlant le sol de la terre sainte, la Malus Terra, où il pourrait débuter la reconstruction de la grande cité de la lignée des Silverberg, Ethernia."

Écrits d'Érim Silverberg, chapitre 6, page 158

La voie de la Rose : Ethernia

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Musique = Grassland

Pendant plusieurs semaines, mon ancêtre recruta des milliers d'hommes, des paysans pour la plupart, c'est ce dont il avait besoin. Il avait encore une fois dû vider une partie de la trésorerie familiale pour reconstruire Ethernia de ses cendres. Son père était dès lors trop faible pour s'apercevoir de quoi que ce soit. Il n'aurait d'ailleurs rien pu y faire si s'avait été le cas. Son fils était un meurtrier et un démon, mais il se refusait tout de même de s'opposer à lui. Ne serait-ce pour l'unique élément les liants encore, leur sang royal.

Il est dit que le château ne prit qu'une année entière à être reconstruit. Un exploit en soi, mais cela était dû aux méthodes de travail presque esclavagistes que Desmond imposait à ses employés. Certes, il les payait cher et leur promettait à chacun une chaumière et une terre cultivable une fois le travail achevé, mais il n'en restait pas moins qu'au-delà de deux cents hommes périrent pendant la construction du château; conditions insalubres, mauvaise nutrition, maladies, ou par simple épuisement. Certains idéalistes diront que les sacrifices furent nécessaires. Je rajouterai pour ma part que cela aurait pu être bien différent, qu'il est anormal de sacrifier des vies humaines pour forger un objet, édifier un hommage ou construire une place forte qui elle, n'est pas dotée de vie. Ce fut une autre triste année dans l'histoire d'Ethernia. Une autre année parmi tant d'autres. Cette cité est condamnée à la souffrance et aux épreuves, et ce, depuis des lustres. C'est la malédiction des Silverberg.

Malgré toutes les morts qu'il causa au cours de son existence, Desmond Silverberg, alias Snake, fut et est encore aujourd'hui considéré comme le plus grand roi d'Ethernia de tout les temps, bien qu'il n'ait jamais obtenu la couronne légalement; son père étant encore vivant lorsque lui même perdit la vie définitivement. Il accomplit bien des grandes choses pour la gloire de sa cité, de celle de son peuple et sa gloire personnelle. La reconstruction définitive d'Ethernia fut l'une d'entre elles. Il avait cherché à exprimer ce qu'il était à travers le château-siège. Le tout était un chef-d'oeuvre architectural.

La ville entière ainsi que sa demeure, nouvellement appelée le Château de Gray Waste*, furent entièrement revampées, redessinées. C'est-à-dire qu'elle ne ressemblait plus du tout à ce qu'elle fut jadis; la ville de cristal. Les teintes étaient beaucoup plus sombres, mornes, sans vie. Les murs et les bâtiments importants étaient construits avec des pierres tellement noires qu'elles semblaient absorber la lumière.

Le château, un total de dix-sept tours reliées parfois par de larges passerelles et d'autres fois des ponts-levis et des herses bloquant l'accès. Des jardins de fleurs, principalement des roses, et de plantes exotiques parsemés sur les terrasses et les balcons. L'architecture y est unique et magnifique. Des oeuvres d'arts complètement démentiels, déformants la réalité. Des statues représentant les plus horribles et dangereuses créatures thessaliennes et des Abysses. Dans le hall et les couloirs, des peintures illustrant chaque moment important de la vie de l'Ange Cornu étaient présentées. Il n'y avait aucun chemin facile jusqu'à la salle maîtresse du château. De nombreux détours par les tours et des donjons, très peu de passages secrets sur et sans danger et aucune porte-extérieur ou fenêtre menant à la haute tour de la salle principale. Chaque pièces étaient à cette époque protégées par des pièges, pour repousser tout intrus. À certains endroits stratégiques, des gardiens protégeaient les portes; de sublimes créatures capturées à travers les plans, au fil des années. Le but était que si une armée ennemie arrivait à traverser l'enceinte de la citadelle, elle ne se rendrait pas au sommet de la tour maîtresse, là où le prince attendrait les quelques survivants. En ce jour, les pièges ont été désactivés et les gardiens sont retournés chez eux. Le Château de Gray Waste tient encore debout aujourd'hui, tout aussi majestueux. Il est désormais ma demeure.

La ville même, ne fut reconstruite qu'après la place forte. Snake plaça sa propre sécurité avant celle du peuple. Ce qui explique les conditions insalubres que j'ai mentionnées plus tôt. Aucun paysan n'avait d'habitat, ils couchaient à même le sol, parfois sous la tempête. Lorsque les premières pièces du château furent construites, le prince leur permit de coucher à l'intérieur, tous entassé comme des rats. Mais le mal avait déjà été causé.

Par la suite, en ordre, est venu les armureries, les fortifications et les avants-postes. Les fonds familiaux ne suffirent pas à terminer les constructions. Desmond dû se faire commanditer. De riches marchants et contrebandiers obtinrent donc des places de choix sur les terres d'Ethernia, en échange de leur financement. Des titres de propriété leur furent offerts ainsi que des lettres de noblesse. La ville n'allait pas être prise en main par des bandits, il en était hors de question, s'aurait été inacceptable par le peuple et très mauvais pour la réputation. Le crime allait être tout de même présent, mais étouffé par des criminels camouflés en "aristocrates" et en "nobles".



Écrits d'Erim Silverberg, chapitre 6, page 159

*Le Château de Gray Waste: Le nom est tiré du plan(dans le multivers de AD&D) nommé "La Gaste Grise" soit "Gray Waste of Hadès" en anglais. Snake le nomma d'après de vagues souvenirs qu'il a de cet endroit. Il n'y a pourtant jamais séjourné, mais son âme elle y a été enfermée durant de longues années. À rappeler, pour ceux n'ayant pas lu les aventures antérieures dans rounds précédents, que Snake n'est plus en possession de son âme originelle depuis la mort de son fils ainé, Eythil, au round 4 sur Thessalie. Les expériences vécues par son âme refont surface dans l'esprit de l'Ange Cornu par moment comme quoi le lien n'est pas entièrement brisé.

La voie de la Rose : Réminiscence

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Musique = Theme of a Sailor

"Une terrible averse déferla sur la cité. Les feux dansant au loin finirent par tous s'éteindre et les ouvriers retournèrent chez eux, rejoindre leur femme au chaud. Une nuit de repos forcé. Il était impossible pour quiconque de travailler dans de telles conditions. Perché sur la corniche de la tour maîtresse du château, rien ne s'interposant entre lui et le vide, Snake observait son peuple rentrer, impuissant face aux éléments déchaînants. L'eau agressait son corps découvert et pourtant il ne cherchait pas à se mettre à l'abri. Il sombrait lui même inéluctablement dans les souvenirs du passé. Il ne les commandait pas, ils venaient à lui de manières imprédictibles.

L'Ange Cornu revit sa cité de cristal, Ethernia. Cela c'était passé trois décennies plus tôt et pourtant il s'en souvenait encore très bien. Quand il était tardivement arrivé et l'avait trouvé en flamme, ruinée. Les murs tombés par endroits et les maisons détruites. Des feux un peu partout s'agitaient encore et des milliers de cadavres à perte de vue qui jonchaient la plaine et les rues. Il se souvint de cet ange à l'agonie qui tomba d'un rempart alors qu'il tentait de s'accrocher à la vie. La vie... si fragile pour celui qui ne sait la défendre. Le prince n'avait pas pleuré, bien au contraire. Ce qu'il avait vu avait aidé à nourrir son désir de vengeance contre l'humanité, un désir qui était encore tout jeune à cette époque. Il s'était juré que jamais les Ethernels, habitants d'Ethernia, n'auraient à subir à nouveau ce châtiment de la main d'un ennemi. Il avait failli par la suite, encore, mais cela ne l'avait pas arrêté.

Pourquoi toutes ces visions? Et pourquoi maintenant? C'était son âme qui le tourmentait, pour ses pêchés, son manque d'amour pour les siens. Alice était cruelle et chaotique, mais elle aimait ses serviteurs comme ses enfants et jamais Snake n'avait éprouvé ce sentiment. Sa nouvelle « conscience» n'avait surement pas fini de le harceler. D'autres souvenirs viendraient en temps et lieu.

Lorsqu'il revint de cette courte réminiscence, Desmond se sentit vulnérable et affaiblit. Son équilibre affecté, il perdit pied et plongea dans le vide. Trop étourdit pour réagir et déployer ses ailes, les dernières lignes de la vie du prince semblaient s'écrire, concluant une déjà trop longue aventure. Une telle mort aurait néanmoins été un gaspille bien trop grand."

Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 6, page 160

La voie de la Rose : Tazaghal

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Musique = Tazaghal Theme

"Je l'ai trouvé inanimé. Tel un cadeau du ciel, il m'était tombé dans les bras. J'y aurais passé des heures à le fixer ainsi, mais le temps n'y était pas et l'averse ne permettait pas de telles distractions à l'extérieur. Le vent était si fort que je n'y voyais rien, mes cheveux recouvrant presque entièrement ma vision. Je la voyais pour la toute première fois, cette chevelure carminée. J'explorais également en primeur mes sens. De la pluie qui s'attaquait à mon corps, jusqu'à cette sensation de chaleurs alors que j'étreignais l'objet de mon admiration. Il m'est difficile d'expliquer aussi tôt cette sensation étrange que j'éprouvais en sa compagnie. J'en suis tout juste au stade de la découverte, tout m'est encore inconnu, un obscur voile sur une réalité qu'il me reste à ausculter.

J'avançai sur la passerelle me menant aux appartements de mon maître. Je n'y étais jamais allé et pourtant je connaissais le chemin, comme si sa mémoire était enfouie en moi de façon latente. Une fois l'énorme porte d'ébène franchise, je me retrouvai dans une pièce où la lumière se faisait rare et ténue. Le "cadeau" encore dans mes bras. Je fis mon possible pour contourner le grand bureau et rejoindre le second palier, trois mètre plus haut et ce, dans la semi-obscurité. Je le déposai sur le grand lit de merisier là où il pourrait reposer quelque temps. Il devait être épuisé. J'en profitai pour allumer trois cierges qui dormaient sur la table de nuit. La flamme s'en dégageant était d'un glauque sinistre. Leur vive luminosité habituelle atténuée par l'atmosphère funeste et pesante de la chambre du maître.

Je restai là à le regarder quelques heures durant. Je ne sus quoi faire d'autre, je tenais à m'assurer qu'il se portait bien, qu'il ouvrirait les yeux à nouveau. Je trouvai la quiétude d'esprit en le dévisageant, comme si la source d'un bonheur immense pour moi résidait en lui. Le temps défilait, la cire s'accumulait au pied des chandelles et je ne bougeais toujours pas, de garde pour un être plus précieux que mon existence même. J'eus l'occasion d'assister à son réveil. Du moins, ses premiers mouvements.

Vous reprenez conscience enfin. Je m'inquiétais.

Ce furent mes paroles. Je voulus lui indiquer qu'il n'était pas seul, je craignais sa réaction autrement. Ses yeux s'ouvrirent enfin, mais son regard était effrayé. Son souffle était fort et rapide, inconstant. Il ne semblait pas se souvenir des événements, mais à voir la brutalité de son réveil, je présumai qu'il en avait de vagues souvenirs enfouis dans son inconscient. Je joignis ma main à la sienne, tentant de le rassurer sur son état. Mon regard cherchant à contacter le sien. Je vis finalement les yeux de mon maître. Il me répondit.

Qui es-tu et que fais-je dans mes appartements?

Le prince n'avait toujours pas rejeté ma main. Cela me laissa supposer bien des choses. Ces deux simples questions et aucune ne faisant allusion à ma façon de le regarder ou de le toucher. L'espoir prit naissance en moi, ce ne pouvait être faux. Je m'empressai de lui répondre. Je n'aurais osé le faire patienter.

Pardonnez-moi si je ne me suis pas encore présenté. Je suis votre plus grand serviteur mon maître. Mon nom est Tazaghal. Je vous ai rattrapé alors que vous chutiez vers une mort certaine, inconscient. Je vous ai alors ramené jusqu'ici. C'est un honneur pour moi...

Pourquoi ai-je la sensation de te connaître?

Mon maître coupa ma phrase avant que je ne la termine. J'aurais pourtant tant aimé lui faire savoir qu'il était pour moi un honneur et un privilège d'avoir en face un tel homme. Je me pliai à sa demande et répondit à sa seconde question.

Car je suis vous, une copie de votre personnalité. L'incarnation de la ferveur et de la foi. Je suis cette force au fond de vous qui vous croit capable de tout, vous considère tel un Dieu. Vous me connaissez, car vous m'avez créé. Je vous suis éternellement dévoué.

Une très longue discussion s'y découla et ne se termina qu'au lever du soleil. Je lui avouai mes compétences, ce dans quoi j'étais doué. Il accepta par la suite de me laisser construire une église en Ethernia, un endroit où le peuple chanterait leurs litanies à un Dieu unique, leur souverain, l'Ange Cornu. Mon rôle était simple. Je devais renforcer la foi des Ethernels envers leur suzerain, faire en sorte que les commandements du prince ne soient jamais contestés. L'édifier en tant que Divinité, que l'espoir et la volonté des soldats et citoyens en soit exalté et ce pour des lustres, voir même après sa mort. Instaurer ce système autant par la force de l'inquisition que par l'ouverture d'esprit des païens peuplant ces terres. Je serai le porte-parole du prince auprès de ses sujets.[...]"

Ce passage est tiré de la première page du journal de Tazaghal. L'explication de sa présence n'est pas étalée dans ses écrits ni dans ceux de Snake. Tout porte à croire que Desmond Silverberg aurait créé son second serviteur dans son inconscience, alors que ses pensées étaient portées ailleurs, au fin fond de ses souvenirs. Tazaghal serait donc apparu sur la passerelle, alors que le prince chutait et l'aurait attrapé avant qu'il ne touche le sol. Il est évident que les nouveaux pouvoirs de mon ancêtre étaient incontrôlables et bien surprenants. Ceci en était la preuve.



Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 6, page 161

La voie de la Rose : La symbolique de la Rose

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Musique = Sad Mandoline

"Le prince réapprenait à vivre en compagnie de Liamaris. Celle-ci lui offrait les plus grands des plaisirs, lui montrait à jouir du luxe qu'il possédait. Autant les ébats sexuels nombreux, passant par la torture légère ou l'apaisement d'un bon bain chaud. Chaque sens était mis à l'épreuve, particulièrement celui du toucher. Il n'avait rien senti pendant des décennies, tous ces moments passés en tant que mort-vivant où même le sens du gout n'avait su le contenter; la nourriture étant fadasse, sans intérêt. Il se rattrapait et ce n'était pas pour lui déplaire. Elle le faisait danser, lui faisait prendre des marches au grand air. Rapidement, l'Ange Cornu sut comment sourire à nouveau.

Elle était avec lui, à lui prendre la main dans l'un des nombreux jardins du château. Des roses! Que des Roses à perte de vu. Des roses roses, rouges, bleus, blanches et noires. Des jaunes aussi. Des roses faites en sable, en granite et en bois. Des roses pouvant être cueillies d'une seule main et d'autre suffisamment grande pour servir de banc. Chacune semblait être dotée d'une âme propre. Une énergie unique s'en dégageait. Snake en était obsédé. Son attirance pour les roses reste un mystère tout comme l'effet que celles-ci pouvaient exercer sur l'ange. Il semblait pouvoir leur parler, les entendre, sentir ce qu'elles arrivaient à percevoir, et ce, dans le mystère le plus ésotérique qui soit.

Il la tenait, cette rose rouge dans sa main libre. Belle et parfaite sous tous ses angles. Chacun des dix pétales se sépara sous la brise de la matinée et se perdit aux quatre vents dans un tourbillon dansant. Ce qui n'avait pu s'envoler, le reste de la rose, s'écroula en poussière entre les doigts de l'ange.

Partez au vent, fidèles messagers, émancipez-vous et découvrez le monde en mon nom. Gagnez les royaumes des seigneurs de Thessalie, qu'ils soient avertis de ma présence. Qu'ils tremblent devant ma venue! Que la gloire d'Ethernia renaisse comme jadis et mieux encore!

Le regard de Desmond fixait les cieux, voyant ses coursiers partir au loin. Une lueur d'espoir brillait dans ses yeux, un espoir malsain mais bien vivant, celui qu'un jour le monde soit débarassé de l'humanité. Un silence agréable et léger prit place pendant quelques instants. La femme, la tête accotée contre l'épaule de son créateur, ne faisait qu'apprécier un moment de plus en sa compagnie. Elle ne partageait pas ses ambitions. Pour elle, le servir était son unique but, ce pourquoi elle avait été créé. Puis le regardant ensuite, elle se demanda un instant si sa présence n'était pas de trop, le prince semblait déconnecté de la réalité, plongé dans ses propres réflexions.

Souhaites-tu que je te laisse seul, amour?

Non, ça va. Nous partons. Le travail m'attend."



Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 6, page 162

La voie de la Rose : Ambrosia

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Musique = Dieonarra

Dans le journal de Desmond, jamais il ne fait mention d'une troisième création et pourtant, il semblerait qu'une autre femme ait connue le jour de la même façon, vénérant le prince comme les deux précédents. Ambrosia, la jardinière du château. Je ne saurais dire quand elle est apparue. Il faut dire que mon ancêtre ne tenait pas son journal tous les jours, il pouvait lui arriver d'oublier de le mettre à jour durant de longues semaines. Cette femme a par contre bel et bien existé. Plus tard elle deviendra la seconde concubine de l'Ange Cornu. Elle assassinera également Liamaris, un acte de jalousie et de possession, incapable de partager l'homme de son coeur avec une autre. Les portraits dans le hall du Château de Gray Waste en témoignent. La femme tenait également, elle aussi, un journal. En voici un extrait:

"[...]Il vient souvent ici et ce n'est pas pour me déplaire. Je me sens comblée de savoir qu'il apprécie autant mes jardins que moi. Ces jardins que j'ai aménagés, que j'ai entretenus, mon refuge. Depuis ma création, je ne me sentais chez moi qu'entourée de plantes. Les foules me font peur, tout comme les humains. Ils se battent pour le plaisir, se font du mal. Le maître également d'ailleurs, mais jamais je n'oserais remettre en question ses actes. Je viens donc me cacher dans mes parcs floraux. J'y passe toutes mes journées, en tant que jardinière du Château de Gray Waste. Et puisqu'il y vient régulièrement, j'ai l'honneur de le croiser, parfois en compagnie de sa succube de concubine. J'envie cette femme de pouvoir s'accrocher aux bras du créateur. Je serais une bien meilleure amante, je le sais. Nous pourrions parler de philosophie et d'amour, contempler le clair de lune les soirs sans nuages. Jamais MOI je ne le traiterais comme elle le fait, se jouant de lui par moment, l'aguichant d'abord puis le torturant ensuite. Je lui montrerais que tout cela n'est aucunement nécessaire pour atteindre le bonheur.

Aujourd'hui, comme presque tous les autres jours, il est venu me rendre visite. Je sais bien que ce n'était pas pour me voir, ce sont les roses qui l'intéressent, mais j'aime bien croire que peut-être un jour, il viendra pour me demander ma main. Je fantasme sur cette idée depuis que j'ai croisé son regard pour la toute première fois. En attendant, je me contente de l'accueillir à chaque fois qu'il se présente, lui demande de ses nouvelles. Aujourd'hui, il m'a souri. J'ose croire que cela avait une signification. Nous purent échanger quelques mots ensemble. Ce bien sur avant que la garce ne se pointe pour m'arracher mon amour. Je la hais! Liamaris est peut-être ma soeur, mais jamais je ne lui pardonnerai d'être celle qui partage sa couche avec M. Desmond.[...]"

Chacun de ces nouveaux êtres, incluant Tazaghal, semblait porter un amour inconditionnel envers leur maître et créateur, se disputant parfois pour se l'accaparer. En présence du prince, rien ne transparaissait, mais lorsque le chat s'éloignait, la guerre ouverte reprenait de feu vif. Je parle ici de sabotages, de mensonges, de traitrises et même, de tentative d'assassinat. Tous les coups étaient permis. L'Ange Cornu n'était pas aveugle, il était au courant de tout ce qui se passait. Tel un Dieu omniscient, il connaissait tous les secrets d'Ethernia et ce qui s'y tramait. Simplement, le tout l'amusait au plus haut point. Ces êtres qui se déchiraient pour sa personne alors que lui-même ne les percevait que comme des outils utiles et attachants, mais dispensables.



Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 6, page 163

La voie de la Rose : Fin du chapitre 6

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"Deux longues années s'écoulèrent depuis le retour à la vie du prince d'Ethernia. La cité était entièrement reconstruite, déjà des soldats joignaient les rangs de la Légion Ethernel. La conquête de Thessalie aurait pu reprendre là où elle avait été laissée, mais Snake se retrouvait rongé par un engagement qu'il ne pouvait rompre. Sa vie et sa liberté ne lui appartenaient plus dès le jour où il avait croisé le regard d'Asmodée. Une mission: servir de barrière contre les envahisseurs des plans. Et pour se faire, il était seul. Ignus et Azura devait également participer au projet, cependant, dû à la mort prématuré de Desmond, il n'avait pu veiller sur les mères des deux êtres et s'assurer que la réincarnation se fasse avec succès. Salabesh, une ancienne Neon, avait été désignée pour être la mère porteuse de l'homme de feu, Ignus. Mais comme tous les autres Neon après leur dissolution, elle disparut pour poursuivre un autre chemin. Les hommes de l'Ange Cornu travaillaient activement pour la retrouver. Les efforts par contre s'avérèrent vains. Quant à la mère d'Azura, une piste fut trouvée, aussi petite pouvait-elle être. Tout n'était plus qu'une question de temps pour que la femme des glaces soit rapatriée là où sa mission débuterait.

Desmond n'en pouvait simplement plus d'attendre. Il venait d'annoncer à ses lieutenants qu'il quitterait Thessalie pour une durée indéterminée. Sa destination était Sigil, la cité des portails. Là débuterait une longue aventure de quête de connaissances, d'armes, d'alliés et autres outils utiles à la défense des frontières de Thessalie. On lui avait dit, qu'à travers les plans, se trouvait des Dieux aux puissances inimaginables, de loin supérieurs à ceux peuplant les terres de Thessalie, Delos, Corinthe ou Larissa. Même les champions de Volos n'y pourraient simplement rien contre les Dieux des plans extérieurs. Là-bas, les règles régissant les lois de l'univers différaient énormément de ceux de notre monde. La gravité, la pesanteur, la vie, la mort, les limites humaines, les lois des la réincarnation. Tout ça attirait l'attention du Prince et il avait espoir que sa soif de puissance et de connaissance y serait assouvie. Ainsi Desmond Silverberg quitta Ethernia pour se rendre au portail qui l'amènerait à Sigil. La clé en main, une simple pièce d'or, il traversa le portail et chevaucha le conduit astral qui séparait les deux mondes."

Pour ceux d'entre vous, lecteurs, qui ignorez tout de l'existence des plans et de la complexité de l'univers dans lequel nous évoluons, certains ouvrages* à ce sujet ont été publiés par l'organisation auquel mon ancêtre faisait partit: Les Veilleurs de Thessalie. Ils vous seront d'une très grande aide si vous voulez y comprendre quoi que ce soit.

Je ne saurais aussi bien décrire comment s'est déroulée l'arrivée de Snake sur Sigil qu'il le fait lui même dans son journal...

Écrits d'Erim Silverberg, Chapitre 6, page 164



*Il y a plusieurs endroits où il est possible de se renseigner sur le fonctionnement et les lois qui régissent les plans extérieurs. Certains sont mieux détaillés et d'autres plus faciles à comprendre. Ci-dessous se trouve trois ouvrages forts intéressants et conseillés aux novices:

Le FAQ des Veilleurs
Le Manuel des Plans
[Veilleurs] Mylrae Jelice, dit l'initiatrice...