Je l’avais su dès notre première rencontre, elle ne m’avait pas laissé indifférent. Azura était tout ce que je cherchais chez une femme : dangereusement belle, abondamment gentille et dotée d’un sens de l’humour plus que plaisant. Son regard, plus que tout autre, m’avait immédiatement transpercé le cœur, un regard profond, sincère, agréable…
Nous nous sommes rapidement entendus, ou tout du moins je le pense. A ses côtés je me sentais libre, à ses côtés je me sentais bien, heureux… je me sentais moi.
De jours en jours, de phrases en phrases, je me laissais lentement entraîner dans le piège de l’amour. Azura avait décoché sa flèche dans mon cœur et je ne voulais la retirer, de peur de laisser de trop grosses cicatrices. Nous nous considérions comme de bons amis, mais je me suis vite rendu compte que mes sentiments allaient au-delà de la simple amitié : l’amour avait définitivement fermé toute issue et ma passion se vit grandissante de jours en jours, à l’image de ma tristesse et de mon impuissance.
Je me sentais dès lors incroyablement seul, de plus en plus en tête à tête avec moi-même, cherchant une issue à ce divin supplice. Mon cœur battait au rythme de mes pulsations amoureuses tandis qu’un étau se refermait lentement sur lui. Etau, oui, car je ne voyais en cet amour qu’un effort vain. Comment une femme si ravissante, si délicate, comment celle que je me plaisais à appeler « amour » pouvait s’intéresser à un être aussi banal que moi ?
Je ne savais que faire. Seules deux solutions ne s’offraient à moi : tout lui dire, lui avouer cette passion dévastatrice qui me rongeait depuis plusieurs lunes déjà, et risquer ainsi de perdre tout ce que j’avais d’elle, ou me taire à jamais et sombrer dans la solitude et la plus profonde des tristesses.
Je n’avais personne à qui parler de cela et garder tant d’émotion dans ce seul cœur m’a souvent rapproché de la folie même. J’avais l’impression qu’enfoncer ma fine dague dans ce cœur battant trop fort m’apaiserait bien des souffrances, règlerait bien des soucis… mais je ne pouvais m’empêcher de trouver cet acte horriblement lâche. Peut être l’étais-je vraiment…
C’est un matin du nouveau printemps, que je décidais de lui déclarer ma flamme alors qu’elle m’avait invité à la rejoindre dans l’herbe dès les premières lueurs du jour. J’avais pris cette décision sans réellement être certain de l’appliquer, tant la peur, la peur de la déception était présente, la peur que mes sentiments à son égard ne soient pas réciproques, la peur de ne pas supporter tel échec.
La nuit précédant ce rendez-vous n’avait été des plus reposantes. Je n’avait pas cessé de me retourner dans ma couche, oppressé par le stresse et la chaleur. Je m’étais levé bien tôt, anxieux à l’idée de manquer ce rendez-vous où j’avais l’impression de jouer le reste de ma vie.
Je m’étais préparé avec ardeur, mettant toutes les chances possibles de mon côté, et m’étais rendu non sans difficulté audit lieu. Mon rythme cardiaque augmentait au fil de mes pas et retomba aussitôt qu’elle entra dans mon champs de vision. Je revivais. Un baume invisible passait lentement sur mon cœur et me fit le plus grand bien. Le rendez-vous se passa idéalement, nous parlions de tout et de rien, riions pour peu, témoignant plaisir et confiance.
Une heure passa aussi rapidement qu’un instant et la douce Azura me raccompagna jusqu’à mes appartements où je devais encore me plancher sur une mission délivrée par Snake. Chaque instant me rapprochait du moment fatidique où j’avais prévu de lui déclarer ma flamme. Je me sentais de plus en plus tendu, mes muscles se raidirent un à un, de nombreux frissons traversèrent ma nuque et mon dos.
Nous y étions. Je sentais le courage me quitter, me laissant seul dans un état que je n’espère jamais avoir à revivre. Ma gorge ne m’avait jamais parue aussi sèche, elle me faisait presque mal et j’éprouvais les plus grandes peines à avaler. Mes jambes se changèrent en coton, pliaient sous mon poids. Mon cœur fut le plus meurtris, je le sentais battre affreusement fort en moi et j’avais la désagréable impression qu’elle pouvait l’entendre aussi aisément que moi. Il s’emballait, martelait sans rythme fixe, je crus même un instant qu’il allait s’arrêter de battre à tout jamais. J’avais de plus en plus de peine à trouver mon souffle, ma respiration se faisait difficile mais un courage nouveau m’envahit et je n’attendis pas une seconde de plus pour lui avouer :
« Azura… Je… Je t’aime. »