Les veilleurs de Thessalie
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 [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration

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Safrane
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MessageSujet: [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration   [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration EmptyJeu 19 Oct - 2:25

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Écrire? À quoi sert d’aligner des mots sur une même feuille pour parler de soi-même, comme s’il n’y avait que nous sur cette terre imparfaite, où les mondes se chevauchent tout en se dédaignant. Rien, sauf de rester pâmer sur sa propre personne et raconter ces misères d’une vie qui déchirent notre âme et emmènent l’admiration des autres.

Stupidité. Balivernes. Fadaises. Vulgarité.

Tout cela n’est qu’un cercle vicieux dans la quête de l’augmentation de l’ego de soi. Rien ne sert d’écrire si ce n’est que pour comprendre une situation ou un problème, écrire pour se rappeler et éviter. Mais écrire pour parler de sa petite personne, pour que tous voient à quel point nous sommes fantastiques et enviables, ces gens là mérite le bûcher.

Ou une déformation du visage? Ce serait si malheureux…

Oui… la mort est bien trop douce. On souffre un peu, et c’est la fin. Mieux c’est de vivre en ayant sur la conscience un défaut des plus voyant. C’est un jeu dont j’Adore m’occuper, un cirque ou les bêtes informes défilent devant mes yeux satisfaits et ceux ébahis de la foule.
Mais ça, je ne l’écrit pas. On dit qu’une image vaut mille mots? Cette notion, je l’applique dans le plus profond de mes silences, à chaque jour qu’on m’a donné de vivre. Il est plus exact de monter la réalité part la représentation elle-même, plus détailler que la véritable scène. Moins prétentieux que de faire rouler de jolis mots dans une gorge bien plus jolie tranchée…

Je n’écris pas par plaisir, au contraire. Ce n’est certainement pas une obligation ou une promesse, mais plutôt, parce que cela, je ne peux le démontrer par des images détaillées. Ce sont des pensées qui me tourmentent depuis quelques nuits et je ne suis pas capable de m’en défaire. Mes dessins ne m’aident pas et il semble que je dois clarifier ce qui embrouille mon esprit en le couchant sur papier. Cette idée me répugne, mais il semble que rien ne dépend de moi pour l’instant.

Mes rêves commencent toujours au même endroit. J’ai une dizaine de cycle, encore en apprentissage de mes talents et je le vois lui. Il n’est pas l’objet de ma terreur, aucunement. Il ne me fait pas peur, c’est plutôt de l’aversion qui m’habite lorsque je pense à lui. Je ne le craint pas, mais ses talents sont aussi dangereux que les miens. Nous savons tous les deux que nous ne pouvons rien l’un contre l’autre, car la contre-attaque serait plus terrible encore.
Je ne me souviens pas d’où me vient cette aversion totale, je sais seulement qu’elle est en moi depuis toujours. Peut importe mes souvenirs, il est là, il me regarde avec ces yeux suffisants et manipulateur, comme la lèpre qui attend patiemment sa victime, sans presse aucune. Dans mes rêves, je le vois me surplomber de sa hauteur alors que je me sais encore jeune. Lui est déjà à l’aube de l’adulte, sa petite enfance loin derrière lui alors que je ne l’ai pas encore quitté. Je vois père. Je vois mère. Je vois les disciples et je le vois, lui, au centre du cercle, grand et fier. Je ne suis pas dans le cercle, je n’y ai pas droit du tout, même pour regarder simplement. Je n’ai pas encore été reconnue, mais je sais que je le serai bientôt. Mes talents sont puissants, je n’aurai pas à attendre mes 16 cycles pour ce cas.

Il est vêtu de rouge, couleur de sang dont nous puisons notre force. Il ne porte aucune chemise, à peine un pagne, mais il ne s’agit pas ici d’un défilé. Des cicatrices couvrent sa peau, des mots, des phrases. Son apprentissage à été éprouvant et tous le sait. Malgré tout, il lève la tête, fier et satisfait. Mon père s’approche de lui, lui abat une main sur l’épaule pendant que lui se met à genoux.

Mon frère s’apprête à être reconnu comme un membre du cercle, et faire approuver et mesurer ses talents, alors que je me tu dans un coin de ma propre invention.
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MessageSujet: Re: [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration   [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration EmptyLun 23 Oct - 4:47

Depuis que l’art existe, les gens se sont posés une question : qu’est-ce qui rend une œuvre belle? Une œuvre qui suscite des sentiments, une création originale et hors du commun ou est-ce son réalisme?

En fait, aucun de ces critères, que les mortels connaissent pourtant si bien, n’est la réponse à l’art. L’art ne suscite pas de sentiments. Un beau sourire dans une dessin n’est qu’un coup de pinceau, une belle musique un pincement de corde et une bonne histoire ne sera jamais que des mots, bien alignés, bien prononcés. L’art n’est pas original; l’originalité appartient aux originaux, et la même histoire, racontée des centaines de fois, sera toujours différente. Le réalisme non plus ne caractérise pas le beauté de l’art. Le but d’une œuvre n’est pas de retranscrire quelque chose de réaliste, mais bien de réaliser quelque chose. Quelque chose de nouveau, de partager aux gens notre vision et d’être capable de la montrer le plus précisément possible, ou le moins. L’art n’est pas une quantité mesurable, l’art est l’explosion des limites de ce monde et la création du monde de son auteur, transmis à ceux qui le regardent, l’écoutent et l’apprécient.

Le but de l’art est que le monde de l’auteur, non pas ne paraisse vrai, mais bien plus qu’il soit vrai aux yeux de ceux qui le voient. La plus grande joie d’un Conteur est de voir les yeux des gens émerveillés, adultes comme enfants, prêts à croire aux fables qu’il vient de déblatérer. Plus que des mots, ces fables sont un univers, issu de son Créateur, qu’il transmet par de simples paroles. Par la musique, le musicien peut transmettre sa passion, sa vivacité d’esprit et son agressivité à attaquer sa partition. En voyant l’art comme un univers, on arrive à comprendre ce qui rend une œuvre belle. Ce n’est pas qu’elle soit réaliste, originale ou qu’elle suscite des sentiments. C’est que l’on arrive à voir l’univers de l’auteur, et plus cet univers est complexe, qu’il soit flou ou clair, plus il en est beau.

Les maîtres de cet art sont particuliers. Certaines personnes, si passionnées par leur pratique, en avaient développé des façons de faire pénétrer les gens dans leur monde de façon si profonde que leur monde allait, lui aussi, vers eux. Les œuvres arrivaient à s’échapper de l’univers de leur créateur pour rencontrer l’univers du monde réel, parfois bien plus terne qu’eux. Certains affilièrent cette pratique, qui rendait vie aux œuvres, comme étant de la magie, de la sorcellerie. Mais elle revient à être bien plus que cela. C’est une passion. Une passion profonde, un amour pour son propre univers, si grand que l’on est prêts à le laisser s’envoler librement dans notre monde, et de l’embellir.

Mes paroles paraissent floues aux non-initiés. Les pratiquants du Talan, que nous appelons les Virtuoses, sont une lignée bien particulière de Sigil. Demeurée dans les cercles les plus fermés, la force des Virtuoses est méconnue, voire sous-estimée, par les puissances de ce monde, et heureusement, cette puissance connaissant des limites qu’un Virtuose lui-même ne saurait évaluer.

Pour bien expliquer ce qu’est notre société, il me faudrait environ 5 livres, et en vérité, aucun non-initié ne saurait encore comprendre la justesse des paroles qui y seraient employées. Pour que vous compreniez un peu ce qu’est notre monde, je ne donnerai qu’un exemple, le plus proche de moi : celui de mon intronisation dans le monde des Virtuoses.

Les enfants, dès leur plus jeune âge, choisissent l’instrument qu’ils manipuleront le reste de leurs jours. Certains choisissent le pinceau, d’autres le burin à sculpter. Pour moi, mes parents ont choisi le violon. Ma mère avait vu, dès mon plus jeune âge, que mes doigts avaient la forme qui pourrait donner au « Roi des instruments » un son des plus harmonieux, sachant chercher dans le cœur de tous des sentiments, enterrés depuis toujours.

Ce Talan, je l’avais hérité de ma mère. Dès son plus jeune âge, elle avait, comme mois, appris à tirer toutes les subtilités de cet instrument de musique, et le soir, lorsqu’elle jouait devant toute la famille, elle arrivait même à en faire pleurer mon père, au cœur si froid, alors qu’elle entonnait un accord lent, sa musique et ses mouvements imbus d’un mystère que je découvrais petit à petit.

Je passai mon enfance à apprendre avec ma mère ces secrets. Ses méthodes pour tenir son archet, la posture, la façon de respirer et comment caresser les cordes de mon violon pour lui faire sortir la mélodie capable d’atteindre le cœur des gens.

À mon seizième anniversaire, on jugea que j’étais prêt à entrer dans la famille des Virtuoses. Ma sœur, plus jeune et plus talentueuse que moi, comme aimaient bien le rappeler mes parents, avait 10 ans, et l’on commençait à croire qu’elle en aurait fini de son apprentissage avant même d’avoir atteint son adolescence. En toute vérité, la majorité des Virtuoses ont parfaitement maîtrisé leur art vers leur quinzième anniversaire. Pour ma part, l’histoire a été plus complexe que cela…

Mais continuons… J’avais 16 ans lors de mon intronisation. On avait jugé que mon Talan était suffisamment puissant et maîtrisé pour que je puisse ouvertement déclarer faire partie des Virtuoses. Tout avait été préparé à la perfection : la scène aurait lieu dans une pièce du manoir, plus grande que les autres. Le plafond s’élevait au-dessus de nos têtes, comme si la pièce avait pu abriter le Diable lui-même, et tous les meubles en avaient été vidés, afin de ne pas perturber l’harmonie de la cérémonie.

4 personnes se trouvaient près de moi. Les 4 pères des grandes Maisons des Virtuoses de Sigil. Ils portaient des habits noirs, leur visage caché dans l’ombre d’une capuche. Le tout me semblait bien trop formel, et j’avais l’impression d’entrer dans un grand secret, sans même avoir changé. Je me trouvais, torse nu, entouré de ces quatre hommes, comme un misérable soumis. C’était le sentiment que l’on voulait que je sente : la soumission. Soumission à mon sang, au passé, soumission au secret et à ma famille…
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MessageSujet: Re: [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration   [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration EmptyMar 24 Oct - 6:12

Il est difficile pour moi de relater les événements qui suivent. Non pas que ma mémoire me fasse défaut, je n’ai pas ce genre de faiblesse de vieillard en décomposition. Seulement, l’émotion qui me gagna à l’instant de la cérémonie était telle qu’elle embrumait mes yeux.

Je n’étais pas émue. Je n’étais pas heureuse. Je n’étais pas enragée.

Bien au contraire. Je rêvais de cette heure qui sera la mienne. Un jour, se serait moi qui se tiendrais au milieu des quatre pères, vêtue uniquement d’un pagne, a la manière garçonne. Que ceux qui diront que la nudité est une chose malsaine aille se planter un couteau dans le cœur, ce n’est que foutaise inventée pour créer toujours plus de vice et engendrer les esprits malsains et mal tournés. La cérémonie consiste à prouver que l’on est digne de notre Talan, que l’apprentissage nous a marqué dans la profondeur même de la chair, que notre esprit et notre corps ont survécus à la douleur, éphémère pour les Virtuoses aguerris, impossible pour ces non-initiés justes bons a l’esclavages.

Je rêve de ce moment ou je pourrais me présenter en toute fierté devant les quatre pères, recevoir ma bénédiction, mon présent, et dire avec hauteur les paroles qui resteront éternellement gravé à ma peau.

Mais ce n’était pas encore a moi d’arriver à cet instant. Mon frère, dans tout son arrogance, bien connu dans ce temps qui n’est plus celui de l’enfant mais qui n’est également pas plus celui de l’adulte, la tête haute et n’attendant que la consécration. Il est à genoux, la main de notre père sur son épaule, et malgré son cou rabaisser, je sens une tension qui le tiraille et qui l’empêche de se soumettre entièrement a toute la splendeur de la cérémonie.

Ce n’est qu’un lâche imbécile.

Il se pense meilleur que notre famille et celles des Virtuoses. Il pense qu’il est le seul capable, le seul doué. Il veut le monde a ces pieds, mais il n’aura que sa cendre. Je me suis fait cette promesse : Trenor n’aura jamais totalement ce qu’il voudra tant que je serai dans les parages. Parfois il ne se doute de rien, parfois, ses yeux me regardent avec flamme et chaleur destructrice, mais il poursuit son chemin, sachant parfaitement comme moi que l’affection familiale m’est destinée. Je le sais, même a mes 10 cycles, je savais ce fait évident. J’étais plus doué que la plupart des jeunes initiées, et mes pères ne cessaient d’en venter les mérites. Cette parade ne me sert à rien, je n’en ai cure. À personne n’emmène la gloire sur des dires, les faits sont beaucoup plus importants. Je savais néanmoins que cette adoration emmenait une ombre sur lui, et qu’il cherchait par tous les moyens de paraître, bien illuminé dans ce cercle si fermé.

Quel crétin! Penser que se serait si simple…

Je m’éloigne du sujet : dans le secret de ma cache, je regardais avidement la cérémonie en jurant contre mon frère. Il ne connaît pas sa chance, il ne voit qu’une émotion voilée de brouillard qu’il tourne et retourne dans sa tête. Il ne désire pas cette consécration, il connaît ses pouvoirs, et il sait qu’il est maintenant fort.
Je ne suis pas sensé voir tout sa. La pièce est vide de meubles, les murs pratiquement nues d’ornements, si ce n’est qu’une grande tapisserie évoquant le sceau des maisons différentes. Sans mon propre Talan, il va s’en dire que je n’aurais même pas pu espérer me rendre si proche de la cérémonie. Même mes parents, si aveugle devant leur adoration, ne m’auraient pas laissés filer si facilement. Elle consistait en fait à insérer une trappe dans l’un des murs, bien camouflé par les fissures des murs de pierres froides. Je suis à l’intérieur, vous expliquer comment je m’y suis rendu serait impossible, inutile à raconter et une vulgaire perte de temps. Les non-initiés n’y comprendraient rien, et je me perdrais dans ce flot de paroles continues, à faire ce que je déteste depuis le début en alignant ces mots l’un a la suite de l’autre comme de simple mouton obéissant.
Dans cette cachette, je rumine, je tourne en rond, pour le peu d’espace qui me sont alloué, et je peste contre mon frère dans le plus creux des silences. Je ne peux pas parler, ce serait me faire découvrir. Je ne peux pas émettre le moindre bruit suspect, quelqu’un finirait par me retrouver tôt ou tard. Mais aussi grande que pourrait être les conséquences de mes actes, si j’interrompais la cérémonie en cet instant, il faudrait attendre un cycle de pierre avant de pouvoir en refaire une seconde. Un cycle de pierre revient a un Cycle de lune pour les paysans de terres. La consécration nécessite cependant une certaine préparation, et mon frère en serait probablement fort mécontent de savoir que sa reconnaissance serait retarder.

Quel dommage se serait…

Cette idée, tout de suite naquit, germa en moi comme de la mauvaise herbe. Plus je la retournais, plus elle se faisait envoûtante. Je mériterais – et j’aurais – probablement le fouet chaque jour du prochain cycle de pierre pour ce que je désirais faire, mais la tentation était trop forte. Il ne méritait pas cette bénédiction, pas tant qu’il accepterait cette soumission a ces pères.

Du haut de mes 10 cycles, je m’étais mis comme mission de rendre la tâche difficile a cet imbécile de frère. J’avais mon calepin dans mes mains, saisit une plume accroché perpétuellement a ma taille, sèches, brunâtre devant l’usure, probablement usé jusqu'à l’épuisement total de la branche, mais tout de même en grande utilité.
Je n’avais pas mis la pointe sur la feuille que je sentit une plaie s’ouvrir dans le creux de mon dos. Un léger gémissement m’éreinta la gorge, mais le charme était déjà enclencher. Souffrir pour rien? Jamais. Le Talan a un prix : la douleur. Je ne souffre pas pour rien. Non… tout comme le talant à comme prix la douleur, la douleur a également son prix : celui de l’achèvement de sa quête.

Sur ma feuille glissèrent plusieurs lignes, pour former un seul et même dessin : un sceau bien connu de la maison des virtuoses. Dans mon dos, je sentais aisément le sang tacher mon vêtement, se coller contre ma peau et coaguler en mélangeant ses tissus si différents. À plusieurs reprises, je levai mon dessin devant mes yeux, cherchant les moindres détails à améliorer : le moindre défaut peu me couter beaucoup. Un non initié ne comprendrait rien a mes dires, je ne cherche pas à apprendre quelques choses a ces crétins. Le Talan n’est pas à prendre à la légère, c’est pourquoi des années de pratiques sont nécessaires.

Je commence à m’éloigner du sujet… peut-être que les heures de sommeils perdues à rêvasser à ses souvenirs qui me sont encore incompréhensibles m’affaiblissent plus que je ne le croyais…

Les draps sont invitants… ma propre plume est lourdes dans ma main…. Je…

** les mots qui suivent sont trop illisibles pour en comprendre le sens**
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MessageSujet: Re: [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration   [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration EmptyMar 31 Oct - 0:13

Une cérémonie d’intronisation parmi les Virtuoses est fort simple : la rencontre est formelle, mais son but est de prouver aux quatre pères des maisons que nos pouvoirs sont bien développés, en les utilisant contre eux…

Une fois à genou et après avoir juré serment à ma famille et à notre secret, mon père me prit les épaules et me releva. Il sortit ensuite de son sac l’instrument que je devais utiliser pour finaliser ce rituel : un violon et mon archet. Ce violon n’était pas le mien, il sentait l’érable neuf et le vernis, et sa couleur rouge était accentuée de pointes de jaune et orangées. Il avait été fait récemment, et sans aucun défaut.

-Pour un Virtuose, rien de mieux qu’un instrument créé par un Virtuose… Prends-en bien soin et essaie de t’en montrer digne, dit mon père.

Il était fréquent, dans les Talans où l’outil s’avérait nécessaire, que les parents offrent à leur enfant un outil fait par un artisan Virtuose. Ceux-ci étaient reconnus pour donner la plus grande perfection à leur œuvre, afin que celui qui jouerait de sa musique ne soit plus jamais le même homme…

L’archet à côté du violon n’avait toutefois pas changé. C’était le mien depuis près de 5 ans, et il finissait par s’user. Mais l’usure n’est pas toujours un défaut; un son qui n’est pas beau ne veut pas dire que la mélodie n’est pas parfaite. J’aimais utiliser cet archet car il me rappelait mon âme à l’époque : imparfaite, usée, mais capable de créer les plus belles choses en ce monde.

Je tournai dos à mon père et posai mon menton sur l’appui du violon. Je me trouvais devant la tapisserie des Maisons Virtuoses. Mon vieil archet rencontra les cordes lisses de l’instrument et ce fut le coup de foudre. L’archet caressa l’instrument comme un amant passionné, lui lâchant des cris mélodiques, alors que j’entonnais une mélodie calme et mélancolique, en luttant moi-même contre les larmes que mes doigts provoquaient au bord de mes yeux. Le but de ma manœuvre était simple : montrer mon Talan de violoniste en suscitant l’émotion la plus difficile à créer : la tristesse.

Mais soudain, tout s’arrêta avec une fausse note. Elle avait été volontaire, car je venais d’être surpris par un mauvais présage… J’avais levé les yeux au mauvais moment et c’est là que je l’avais compris. Derrière moi, mon père était décontenancé. Il était fou de rage à cause de l’interruption de la mélodie. Nous savions tous deux que le fait que j’arrête ma mélodie signifiait que mon intronisation devrait attendre. Ensuite, il leva la tête, et comprit.

-Mais qu’est-ce que…

Devant moi et les quatre pères des Maisons Virtuoses se trouvait la tapisserie à l’effigie des symboles de nos familles. Du sang coulait lentement de chaque symbole, un sang bourgogne, trop foncé, sortait de chacun des symboles, descendait de la tapisserie avant de créer une flaque sur le sol. Lentement, un mince ruisseau de sang coula entre les dalles et passa sous les pieds même d’un des pères de Maisons, avant de s’arrêter devant moi. Le filet de sang se sépara en deux, pour créer, à mes pieds, un tout petit cercle qui m’entourait…

-Malédiction…

Je me mis à vociférer à voix haute. Bien évidemment que, même pour une famille ayant côtoyé les démons, ce genre de symbole ne pouvait être bien pris. Je me trouvais entouré d’une mince ligne de sang, et aucun des pères Virtuoses ne semblait apprécier la situation. C’est alors que je compris et que mon esprit ragea…

Je replaçai mon menton sur l’appui du violon et mon archet retrouva vite son amante. Cette fois, les mouvements de l’archet étaient violents, durs et secs, causant un rythme rapide et haletant. Ma magie n’attendait que mon sacrifice pour se lancer, et cela arriva.

Pour créer quelque chose, il faut de la vie. Une mélodie vivante ne peut être créée par un artiste sans Talan ou incapable de comprendre qu’avec la Création vient aussi le sacrifice. La musique a une particularité, car ce qu’elle « crée » n’est pas vraiment matériel. Elle suscite une émotion ou fait réagir ceux qui l’entendent. Une bonne mélodie suscite dans le cœur des Hommes la rage, la peur, la tristesse, l’amour ou même le courage. Cela n’était pas le but de ma mélodie.

Je relâchai enfin la puissance de mon art en effectuant mon sacrifice. Alors que je ramenais l’archet vers moi, je posai ma paume près de sa fine ligne coupante, et m’ouvrit une partie du poignet avec une simple entaille. L’archet commença à s’imbiber de sang, alors que je continuais à jouer. La musique devenait de plus en plus rapide, ses respirations de plus en plus coupées. Mon père tenta de me tenir le bras, en voulant me dire que l’intronisation était terminée, mais je me dégageai, sans m’arrêter de jouer. Ma main jouait toujours, de plus en plus rapide, les pauses de plus en plus courtes, et l’air dans la pièce se réchauffa alors que l’écho des notes passées revenait à mes oreilles…

Les quatre Pères des Maisons ne purent résister à la magie de mon violon. Bien rapidement, ils n’arrivèrent plus à trouver l’air pour respirer, et ils ne trouvaient pas en eux la force pour m’arrêter de jouer. Le Talan que j’utilisais avait pour but d’étouffer le souffle des gens, et l’acoustique de la salle était parfaite pour amplifier l’étouffement de mes notes, et de mes victimes. Au bout de deux minutes de musique, tous les pères s’étaient effondrés sur le sol, évanouis et à bout de souffle…

-Je vais t’avoir… Safrane. Je sais que c’est toi qui à fait ça, petite garce de sœur indigne!

Il n’était pas très difficile de fouiller une pièce trop grande, et encore moins une pièce trop vide. Mais pourtant, elle ne se trouvait nulle part. Mais je connaissais les pouvoirs de cette petite garce. Son Talan tenait justement de cette petite particularité qu’elle pouvait voir ce qu’elle voulait où elle le voulait, et elle avait sûrement utilisé celui-ci pour se cacher dans un mur, ou derrière la tapisserie.

J’inspectai donc très rapidement les murs en cognant du bout de mon pied, lorsque ma botte me rendit un son creux. Le mur était parsemé de petites fractures, un peu plus qu’ailleurs. Mais je devais faire vite pour dégager cette bourgeoise enfantine avant l’éveil des Quatre Pères… J’avais déjà mon idée faite en tête. Avant leur éveil, j’aurais fait couler le sang de ma si peu chère sœur, et j’en serais débarrassé pour de bon. Je quitterais Sigil et cette vie pourrie, dans l’ombre de cette écervelée, capable de contrôler ses pouvoirs mais incapable de maîtriser sa conscience. Ce ne serait pas la première fois que les Virtuoses auraient connu la voie du sang.

En tâtonnant, je réussis à faire basculer une partie du mur, comme je l’avais prévu. Safrane gisait sur le sol, étouffée par ma musique suffocante. Je jugeai le moment venu pour lui donner ma leçon finale. D’un geste gracieux, mon archet prit son élan et se dirigea vers la trachée de cette innocente coupable, mais une épée s’interposa entre mon arme et sa cible, et l’archet se fissura et se brisa, avant que je ne puisse rien y faire.

Mon père se tenait à côté de moi, l’épée dégainée. Ses yeux étaient fermés et son corps ne bougeait pas. C’était l’épée qui, par elle-même, avait réagi face à mon agression. Sa lame se tourna vers mon cou, et je me reculai juste à temps pour l’esquiver…

Le pouvoir des Virtuoses forgerons est particulier… Non seulement sont-ils capables de créer des épées plus belles que toutes, mais leurs créations en sont les plus redoutables. Leur patience et leur minutie leur permettent, en perfectionnant tous les traits de leur arme, de leur donner une âme. L’épée ne peut communiquer, mais elle possède une volonté indépendante de celle de son maître. Ainsi, plusieurs légendes parlent de ces épées qui, alors que leur détenteur était tombé sur le champ de bataille, traînaient son cadavre et continuaient à se battre, jusqu’à ce qu’un de leurs ennemis n’avait réussi à le maîtriser. Vous aurez bien deviné que mon père possédait le Talan qui lui permettait de donner vie à ses armes, ce que vous ne saurez pas est que son obsession s’était arrêtée à la seule épée qu’il portait à son fourreau. Durant toute sa vie, il avait passé son temps à forger une seule et même épée, afin de la créer à son image : agressive, dangereuse et à la fois protectrice de sa chienne de fille! Il avait toutefois oublié de lui inculquer la compassion pour son premier enfant, et l’épée, ayant senti Safrane agressée, s’était éveillée d’elle-même dans les mains de mon père inconscient, et tentait de me tuer.

Je me battais donc contre l’instrument dans les mains de mon père, esquivant du mieux que je ne le pouvais des coups bien placés. Dans ma jeunesse, j’étais encore capable d’intrépides culbutes qui me permettaient de ne pas encaisser de blessures mortelles. Mais ce serait faux d’affirmer que je ressortis de ce duel indemne. La lame de mon père, bien entraînée, réussit à effleurer mon cou, me laissant une légère entaille encore visible, et à me blesser à l’épaule gauche.

Il me fallut un temps avant de comprendre comment je pouvais m’en sortir. Je n’étais pas vraiment en position de penser à ce moment-là, encore moins de me concentrer. Mais malgré les interdictions que j’avais reçues, je jugeai qu’il n’y avait qu’une seule manière de m’en sortir… La plus simple, mais aussi la plus dangereuse.

-Père, réveille-toi!

Les paroles sortirent de ma bouche alors que l’épée prenait son élan final pour m’abattre. Mais les mots que j’avais prononcer se gravèrent dans l’histoire. De mon dos suinta un petit canal de sang, et j’eus la sensation déplaisantes que les mots que j’avais prononcés avaient été marqués au fer chaud sur ma peau. J’avais activé mon second Talan, celui de l’Histoire… En y appliquant la concentration nécessaire, un ordre ou une parole que je prononçais prenait vie.

Et elle prit vie, à mon grand regret…
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MessageSujet: Re: [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration   [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration EmptyMar 14 Nov - 19:55

Mes rêves reprennent là où je les avais laissés. Je sais que dans mes souvenirs, je ne peux me rappeler certaine partie, la mémoire et une faculté faible qui oublie, mais elle semble reprendre de son pouvoir au fur et à mesure que je noircis les pages. Là où ma conscience s’éteint, je vois les événements passés. Là ou je n’étais pas, je suis. Là où je suis, je vois tout. Je me rends compte que même si je m’adonne à ce passe-temps pour le moins prétentieux, les choses s’éclaircissent pour moi. J’arrive mieux à comprendre ce qui s’est passé, comment les choses en sont arrivées là. Je comprends maintenant pourquoi et à quel point je haïssais tant Trenor. Cette haine n’a pas changé. Elle demeure là, bien tranquille, inassouvis et bouillante.
Encore une nuit d’insomnie ou je devrai me débarrasser de mes maux de cette façon. Je ne m’en sortirai jamais…

Alors… oui… mes rêves me ramènent là où il m’avait laissé la veille. De mon coin obscur je dessinais avec fascination les quatre sceaux des maisons principales. Il existe bien d’autre maison dans les Virtuoses, mais elles nous sont bien inférieures, leur Talan est imparfait, pas assez travaillé. Bien qu’il soit faible, ils sont du moins bien supérieurs aux non-initiés, et a défaut de pouvoir utilisé l’un des nôtres pour des tâches ingrates, nous leur confions nos « sales » travail. Ils ne s’en plaignent pas. Ils connaissent leur position au sein de la famille. Ils n’ont pas à se plaindre. S’ils se plaignent, ils se retrouvent à confronter l’un des nôtres et souvent, les combats sont courts, ennuyeux, et sans grand intérêt pour nous. Juste du sang versé en plus.
Dans ma cachette, je regarde avec un amusement enfantin le sang qui s’écoule le long du mur. Le portrait est exacte a celui qui se trouve sur mon calepin. Trenor n’a pas bougé, comme sur mon calepin, et le sang circule autour de lui, exactement comme dans mon calepin. Les pères s’affolent, mon frère tremble de rage. Il me fait dos, mais je devine très bien les grimaces de rage qui tord son petit visage de grand prétentieux. Rapidement, il remet son archet, probablement trop fier pour se laisser arrêter par la manifestation douteuse et ma foi, fort étrange de la tapisserie sur un mur de pierre… Notre père se porte à lui, enragé également, comme je l’avais souhaité, et le somme d’arrêter ses stupidités. Je crois même avoir entendu quelques insultes très plaisante sortir de sa bouche, adressé à Trenor, qui du haut de sa magnifique personne, continue de jouer pour son public imaginaire. Les pères s’échangent des propos acariâtres, accompagnant leurs paroles par des gestes des mains évocateurs. Le tableau est plus beau que dans mes espérances, et sans trop savoir pour quoi, un rire m’étreint la gorge alors que l’archet de mon frère, imbibé de sang, caresse ses cordes avec plus de ferveur qu’un coureur de jupons. Sans m’arrêter de rire, la situation me paraît beaucoup plus claire qu’au tout départ. Ce frère de malheur, hypocrite, amer, indigne du pouvoir de sa ligné!
Je ris, je ris à en perdre haleine et je ne suis pas capable de m’arrêter. La scène me fait rire, mais je ne peux m’empêcher de voir toute l’horreur que mon frère est sur le point de commettre.

Lentement, je m’endors, asphyxié, en manque d’air. Ma voix s’éteint graduellement, et le sol me rattrape bien trop vite. Ce n’est qu’illusion en fait, je suis déjà au sol depuis bien longtemps. Quel sort cet imbécile nous as-t-il jeté, osé se mesuré contre les pères pour une simple consécration. Cet imbécile fait n’importe quoi, et je n’aurais que réveillé notre père de sa véritable nature. Je m’endors, les yeux clos, à peine assez d’énergie pour m’accorder cette simple pensée :


« Tu le regretteras, pourriture de frère indigne… »

Mais mes rêves ne s’arrête pas la. Je pensais pouvoir me tirer de ce supplice et m’accorder quelques heures de sommeils reposant, mais ils continuent de tourné dans ma tête comme un tourbillon affolé. Mon Talan n’est pas aussi bon lorsque la fatigue me gruge, et je ne peux me permettre de laisser le sort faire de moi sa victime. Je n’en suis pas une. J’en fait, c’est tout.
Lorsque je parlais au départ de ces souvenirs qui ne sont pas les nôtres, qui éclaircissent une situation et qui donne à l’écriture sont seul sens, je ne pensais pas si bien dire. La suite de mon rêve, ne vient pas de moi. Je suis simple spectatrice, une âme prélevé de son corps qui ne peur rien faire d’autre que de regarder ce qui se déroule à ses pieds. L’image me plait bien, sauf pour la partie ou je ne peux rien faire. Je me serais permis tant de choses contre mon frère… mon frère… j’y repense, et ma haine se réveille.

Je sens une main levée, une chose lourde au bout du bras. Je ne la contrôle pas, c’est elle qui me contrôle. Je ne suis pas là en fait, difficile à expliquer une chose dont tu ne connais même pas l’origine. Inutile de commenter, qu’une perte de temps…
Donc… oui… une chose lourde au bout du bras. Je ne suis pas sur de ce que c’est. Tout ce que je peux dire, c’est que je ne me trouve pas dans mon corps, mais je sais que ce qui habite celui dans lequel je me trouve ce n’est que le désir de tuer celui qui s’oppose à moi. Je ne suis même pas certaine si je suis toujours dans le même rêve ou si je suis complètement ailleurs, mais toute cette histoire me met les nerfs a vif, et je ne peux qu’alimenter ce désir de tuer de ce corps.

Des mots résonnent dans ma tête alors que je sens le corps bouger violemment, probablement dans le but d’atteindre ma victime. Il semble m’ébranler plus que je ne le croyais, de si simple mot, incroyablement vulnérable et sans valeur, qui me touche si fortement.


- Père, réveille-toi!

C’est ce que fait le corps. Il se réveille. Les muscles sont vivants. Le sang circule librement comme une rivière qui n’est plus gêné par le barrage de vermines. Le corps se réveille, et l’esprit également.

Les yeux s’ouvrent avec une soudaineté déconcertante. Le corps se réveille, mais une tension lui barre le dos que la consternation provoque. Devant moi, le corps blessé de mon frère regarde mon père avec autorité teinté d’une panique visiblement apparente. Si ce n’est pas de la panique, alors c’est que Trenor n’as pas compris sa leçon.
Cette pensée… elle ne vient pas de moi… ce n’est pas une pensé d’homme, plutôt celle d’un objet. Une épée? C’est ce que je tiens au bout de ma main encore tendu. Oui… c’est elle qui me parle. En une fraction de seconde, elle me dicte tout ce qui vient de se déroulé, alors que l’inconscience me frappait de plein fouet et que ce petit imbécile de fils tentait le tout contre nous. La rage encore ébranlait mes sens, mais ses mots là réveillent complètement ma raison.

Je range mon épée dans son lit de cuir, et me dirige d’un pas pressant vers ce fils indigne. Mes doigts se resserrent sur sa gorge alors que je le plaque au mur. Un simple coup d’œil à la crevasse dans le mur me permet de voir que ma petite fille chérie n’est plus en danger, que sa poitrine d’enfant se soulève au fil de ses respirations. Déjà, je me calme, mais lui, il ne perd rien pour attendre. J’aime sentir son cou se raidirent sous mains doigt alors que ses mains sont plaquées par-dessus en cherchant son propre souffle.
Aucun mot ne suffit pour décrire ce que je veux dire. Il me semble que mon mouvement est apparent. Les pères se rassemblent autour de moi, l’œil accusateur et serrant avec la même volonté que moi de tuer leur instrument si précieux.
Ma voix est solennelle, neutre mais tremble sous l’émotion.


- Trenor, de la maison Guwen, je te renie en tant que fils, en tant qu’initié, et en tant que membre de la maison Guwen.

La main ne relâche pas le coup de Trenor, je n’ai que l’envie de l’étriper et de répandre ses boyaux sur le sol. Mais il ne mérite pas ce genre de châtiment trop doux. Je pense comme mon père, et ricane dans le recoin de mon âme. Lentement, les pères se rassemble plus près, et invite mon père à le lâcher, ce qu’il fait après quelques intenses minutes à le jauger.

Il s’éloigne de lui, sans lui jeter un autre moindre regard, et se dirige vers mon corps éteint du manque d’air. Me prenant dans ses bras comme si je n’étais qu’une vulgaire plume, il se dirige vers la sortie, le laissant complètement seul dans la pièce.

Trenor n’est plus rien. Il n’est plus vue comme Initié, plus vue comme membre de la maison. Il est fort probable que les pères ne soient pas d’accord avec cette excessive punition, mais le père d’une famille fait ce qu’il souhaite dans sa maison, ou presque.
Mon corps est endolorit. Je l’ai rejoint, il me semble, quand mon père l’a prit dans ses bras. Je n’ai rien d’autre à faire que de me laisser entraîner par les ténèbres dans lequel je baigne. Des ténèbres douces, caressantes, fort bien invitantes. Mon dos me fait mal, mais c’est bien loin de ma réalité a l’instant.

Je jubile littéralement a l’intérieur de ma tête. Non, ce n’est pas vrai. Je jubile de revoir ses images. Je comprends ce qu’on m’a toujours évité d’expliquer. Maintenant, je comprends ce qui s’ensuit. Les procédures ont été compliquées, et on me sommait bien de ne pas croisé cet inconnu désormais, qui résidait dans les chambres de vermines le temps de son témoignage. C’est d’ailleurs un grand service que lui à rendu mon père, le témoignage n’est pas accessible à tous.
Mais j’ai besoin de plus. Je sens que mes rêves m’emmènent à l’explication de toutes mes insomnies. Pourquoi me ramènent-ils à ses souvenirs? Y trouverais-je seulement une raison valable. Ces années se trouvent bien loin derrière moi désormais. Inutile de se rappeler ces années de malheur à le voir, lui.

Le jour se lève. Les esclaves sont à leur sale besognes depuis des heures déjà. On ne les manage pas ici, ils ne sont que des animaux boiteux. Mais se soucier d’eux, une perte de temps. Les pages de parchemins étendues autour de moi? Une perte de temps…

Haa… quand pourrais-je faire une chose qui ne soit pas perte de temps dans ce bas monde, je me le demande bien…
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MessageSujet: Re: [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration   [Safrane&Exterius]Livre I - La consécration EmptyLun 20 Nov - 0:36

Dès son réveil, je savais que je regretterais les blessures de son épée, mais mon désir de vivre m'avait poussé à le réveiller, par l'usage du Talan Caché que je possédais depuis longtemps: la parole. Mais cela ne se passa pas entièrement comme prévu, comme c'est toujours le cas lorsque l'on use d'un art si imprécis.

Le Talan de la Parole est très mal vu. Lorsque j'étais jeune, je présume que c'était le Talan dans lequel je devais être le plus prolifique, mais mes parents avaient entrepris de m'apprendre le violon, se fâchant à chaque fois que j'essayais d'utiliser le Talan de la Parole. Ma mère, obéissant à la frustration de son mari, m'avait appris à manier l'archet et à tenir ma langue, bien qu'elle le fit pour m'éviter la disgrâce. Elle me trouvait aussi plus en sécurité, loin de mon père, qui avait si peu de respect pour moi par rapport à sa fille. Elle préférait que je reste auprès d'elle, où je serais en sécurité.

Mais malgré tout cela, je sentait mon second Talan dans mon corps, et je savais qu'il se développait de lui-même en moi, et à la longue, j'avais commencé à m'entraîner seul à maîtriser la Parole.

La Parole est un Talan Caché, car il est interdit de l'apprendre aux enfants. Ce Talan, bien que très puissant, consiste à donner un ordre ou raconter une histoire, pour que celle-ci prenne vie. Toutefois, le Talan de la Parole est imprévisible, car personne ne peut maîtriser son histoire aussi bien qu'un archet ou même un pinceau, et qu'à plusieurs reprises, d'aciens Virtuoses qui utilisaient la Parole ont trouvé la mort, tués par leur propre création, avant que celle-ci ne soit achevée. L'absence de contrôle sur la Parole empêche le Virtuose de le maîtriser et met sa vie en danger, et il y a de cela bien longtemps que son usage a été proscrit.

À peine réveillé, mon père eut le temps de comprendre ce qui se tramait, grâce à sa stupide épée. Sans attendre une simple explication, il me plaqua contre le mur en m'étranglant. de sa poigne de fer. Je lâchai mon violon et tentai de me libérer de l'emprise de ses mains, sentant à mon tour mon souffle qui commençait à manquer. Et puis vinrent les paroles qui commencèrent ma vie:

- Trenor, de la maison Guwen, je te renie en tant que fils, en tant qu’initié, et en tant que membre de la maison Guwen.

Les autres pères des Maisons étaient indignés devant la tournure des événements. Un père tentant de tuer son fils, qui avait lui-même tenté de tuer sa soeur. Si sotte fut-elle, ils devaient trouver la réaction exagérée, et celle du père démesurée.

Luttant toujours contre l'emprise des mains de mon père, je vis les pères qui tentaient de le rappeler à la raison, mais semblaient intimidés par sa fureur. Pour ma part, je me contentais de ne pas le regarder, me souciant de ma vie en premier, plutôt que du banissement qu'il ne pouvait maintenant plus révoquer.

Il m'avait abandonné pour cette stupide fille. Non seulement avait-il forgé une épée qui était prêt à la protéger, quitte à attaquer son propre fils, mais lui-même, pris dans son excès de folie, aurait été capable de me tuer. Aussi dangereux que sa lame, je sentait qu'il me retirait, peu à peu, la vie à laquelle je m'accrochais.

Mais les choses ne se passèrent pas comme cela non plus. Dans son éclat de rage survint un éclair de lucidité et, par soucis de crédibilité, il décida de me lâcher, refusant de prendre à témoin les 3 pères des autres maisons du meurtre de son propre fils, renié ou non. Un tel acte aurait mis l'embarras et la disgrâce sur sa famille, et lui aurait valu une condamnation à mort pour avoir tué un autre Virtuose. Ses mains s'éloignèrent donc de mon cou alors que je m'écroulais sur le sol. Le peu de vêtements que j'avais était en loques, quelques blessures aparaissaient sur mon corps et saignaient abondamment, alors que je réussissais de nouveau à respirer. Mon père me tournait dos, prenant dans ses mains sa fille, qui gisait dans un état presque aussi piteux que moi. La seule satisfaction qui me procura un sourire.

Le voyant partir si fièrement, je ne pus que lui rabattre le clapet, devant son acte inconsidéré.

- Tu en as décidé toi-même... Je ne suis plus ton fils... Et l'espoir de ta lignée... Gît, inerte, entre tes mains... Faible, fragile, incapable... Elle entraînera la mort de ta lignée... Et je me plairai à voir ta chutte et celle de ta famille. La seule personne pour qui j'aurai pitié... C'est ma mère, qui elle, devra subir les conséquences de vos actes irréfléchis! Tu regretteras un jour de ne plus avoir de fils, c'est moi qui te le dis!

Sans même entendre la malédiction qui se jettait sur sa Maison et sa descendance, mon père, qui tenait sa fille entre ses mains, partit, me laissant à mon souffle qui revenait lentement, entre les mains des pères des trois autres maisons...

Il me fallut un certain temps avant de reprendre l'archet brisé, vestige d'une ancienne vie, mon violon neuf, et ma vie nouvelle en tant que rénégat de ma famille.

Les trois autres maîtres des Maisons se placèrent autour de moi. Ils ne savaient trop que ressentir: dégoût, pitié ou colère, devant ce que j'avais fait. Devant tout ce qui s'était passé pour une consécration, qui pourtant n'était qu'une petite cérémonie, malgré son importance capitale.

Mais l'un d'eux me scruta, moi et mes blessures, avec un regard froid et scrutateur. Il voyait que je ne regrettais pas d'avoir essayé de tuer ma soeur. Je regrettais d'avoir échoué. Et je le regrette toujours. Si j'avais réussi ma tâche, je ne serais pas dans la situation actuelle.

Le père, toutefois, ne savait trop que faire. Devais-je être arrêté par les trois autres maisons, après avoir été étranglé par un de leurs semblables, ou devais-je simplement m'en aller comme si de rien était. Au lieu de réfléchir avec sa tête, il se contenta de répondre par une phrase apprise par coeur.

Trenor, ancien fils de la Maison Guwen, pour les actions qui ont été posées ici, vous devrez subir le jugement des Quatre Maisons...

Le maître de la maison Yliur, Anem, venait officiellement de me faire comparaître au tribunal. Hé bien, les événements allaient de mieux en mieux à l'époque. Pourtant, maintenant que je la revois, je me permets un rire moqueur...

Et sous quels prétextes suis-je accusé?

Une multitudes de raisons me vinrent en tête à ce moment-là... Pour avoir attaqué les Pères des quatre Maisons en usant du Talan de mon violon? Pour tentative de meurtre? Ou simplement pour avoir été banni de la Maison Guwen?

Nous devrons juger de votre Consécration, jeune homme, et aussi des actes qui ont eu lieu ici en ce jour. Rien de tout cela n'aurait du arriver, mais vous en êtes la cause directe, vous et votre folie...

Les paroles me firent sourire... Malgré tout, Anem demeurait un homme de codes et de lois, et je le trouvais pathétique d'être incapable de raisonner autrement que dans le livre des ancêtres. On voyait aussi que cet homme n'avait aucune pitié pour moi, me blâmant de tous les événements de la cérémonie, incapable de comprendre que la source-même du problème était cette idiote de Safrane, qui s'était émiscée dans cette pièce avec la ferme intention de gâcher la cérémonie en faisant couler du sang à partir du sceau des Maisons, un affront qui, en temps normal, mériterait une place sur un bûcher!

Mais inconsciemment, il venait de me donner toutes les idées qui m'aideraient à démarrer ma nouvelle vie. Et pour cela, je lui suis maintenant bien plus que reconnaissant d'avoir été si bête.

Soit, et quand ces enjeux seront-ils discutés?

Dans 3 jours, dans cette même pièce, vous devrez subir le jugement des quatre Maisons Virtuoses.

Parfait... Maintenant veuillez m'excuser, je dois faire mes bagages et quitter ces lieux...

Je me rappelle encore avoir tourné dos aux Pères des maisons et d'être parti dans ma chambre, emballant mes affaires et serrant mon nouveau violon, maintenant sans archet, dans sa boîte... Ma première pensée vint au fait que je devrais lui en trouver un autre, et cela me semblait à ce moment-là bien plus important que le fait que mon père m'ait renié...
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