[Asthariel]Livre 2: Conquête

Sylphenius se tenait pour la première fois debout face à la foule de ses « brigands », dans la vaste cour du manoir en ruine qui leur tenait désormais lieu de repaire. Celui-ci était situé dans les hauteurs, non loin de la ville, et avait été réaménagé pour assurer un minimum de confort.
C’était, pour la plupart des membres de la Main Noire, la première fois qu’ils voyaient son visage, qu’il leur avait jusqu’à maintenant toujours dissimulé.

-Frères ! *Il dissimula un léger dégoût alors qu’il prononçait ce mot, ne considérant pas un quart de ces ivrognes stupides comme ces frères.* Laissez moi d’abord vous remercier d’être venus jusqu’ici, car je sais ce que cela signifie pour vous. N’ayez crainte cependant, vous serez bientôt de retour chez vous, et ce avec tout les honneurs.
Vous aurez peut être remarqué que tous ne sont pas venus. Si certains doivent encore assurer leur rôle au sein de la ville, d’autres n’ont pas souhaité nous rejoindre. Soyez sûr que ces lâches paieront plus vite qu’ils ne le pensent.
Voici venu le moment de mettre en marche notre plan. Le siège d’Alphadona a commencé, sortez vos sabres et empêchez toute communication entre notre cité et l’extérieur. Quant aux dragons et aux navires, je m’en chargerais moi-même !

Seuls quelques jours avaient passé depuis l’assassinat de Carnevus, et pourtant de nombreux guerriers l’avaient rejoins déjà. Ils devaient rester prudent désormais, les gardes de la ville ayant pour mission de contrôler tout passage. Mais ses hommes savaient comment faire, et empruntaient les passages souterrains qui menaient à une taverne au beau cœur de la ville. Un vrai repaire de voyous, le lieu qui leur avait servi pour de nombreuses rencontres.

-Nous sommes donc enfin prêts maître ?
-Bien sûr mon ami, bien sûr.

Il s’agissait de Zalfar, l’un des rares brigands en qui il avait pleinement confiance.

-La trahison de Carnevus n’a fait que précipiter légèrement les choses, mais je comptais faire cesser cette mascarade sous peu de toute façon.
-J’espère que nos hommes seront à la hauteur, les forces d’Alphadona sont nettement plus nombreuses que les notre.
-Ils le seront, j’en suis persuadé. L’or que nous avons accumulé ces dernières années nous a permis de nous offrir un superbe stock d’armes. De plus, tu sais tout comme moi que nous disposons d’un avantage dont ils ne soupçonnent pas la force. *sourire en coin*

Le jeune Zalfar pâlit, songeant à la puissance que cet homme cachait. S’il commençait à y être accoutumé, la magie le mettait toujours légèrement mal à l’aise, notamment lorsqu’il constatait les capacités de son maître. Ses capacités avaient fait de lui un redoutable guerrier, et Sylphenius était d’ailleurs surnommé le « Chasseur » par un grand nombre des brigands. Il ne ratait jamais sa cible.

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Asthariel avait découvert la magie bien des années auparavant. Il devait avoir dans les douze ans lorsqu’il avait rencontré cet homme qui lui avait enseigné les bases de cet art jugé obscur par la plupart des hommes.

C’était à Kern, alors que son père l’avait emmené lors d’un de ses voyages dans cette cité port pendant qu’il traitait ses affaires. Car, si la famille d'Oligos bénéficiait tout de même de jolies rentes, son père avait à cœur de lui constituer une véritable fortune. Une envie que récupéra d'ailleurs son fils...


-Je vais devoir m’absenter Astha. J’ai besoin de discuter avec quelques personnes de la ville et j’aimerais que tu ne traînes pas dans mes pattes. Tu peux te promener dans ce quartier, mais tache de ne pas t’éloigner compris ?
-Tu veux que je reste tout seul ?
*soupir* -En effet. Tu n’es pas capable de te passer de moi 5 minutes ?
-Si, si, mais je…
-Dans ce cas nous nous retrouverons tout à l’heure à l’hôtel.

A vrai dire, il était plutôt content, lui qui n’avait à Alphadona pas le droit de se promener seul dans les rues. Il devait à chaque fois supporter la compagnie d’une grosse gouvernante qui se permettait même des fois de lui couvrir les yeux à la vue de certaines choses qu’elle ne jugeait pas bon qu’il voit. Ici, il pourrait enfin assouvir sa curiosité !

Il découvrait des choses, et cachait, derrière ses airs hautains, un vif intérêt pour cette ville qui l’entourait. Les enseignes bariolées des magasins, l’odeur du sang des carcasses du boucher, le bruit des vendeurs du marché, rien ne lui échappait.

Marchant dans une rue commerçante, il remarque quelque chose qui le troubla. Adossé au mur d’un bistrot, légèrement dissimulé dans l’ombre, un homme le fixait, ne baissant pas les yeux. Il était vêtu d’un long manteau sombre. « Comment cet homme ose-t-il me regarder ainsi ? »

Il marcha donc, ignorant l’effronté. Mais, alors qu’il passait non loin de lui, personnage s’adressa directement à lui :

-Voilà un petit prince qui semble bien perdu. Ta nounou doit te chercher petit, tu ne devrais pas la faire souffrir d’avantage.

Le visage du garçon devint plus blanc encore qu’il n’était d’habitude. Et pourtant, que pouvait faire cet homme, en plein jour et dans une rue peuplée de gardes ? « Ce vieil homme a sans doute abusé du vin, voilà tout »

-Ne t’inquiète pas, je ne te veux aucun mal. A vrai dire, tu m’intrigues. Tu sembles cacher sous tes airs de jeune coqs quelque chose qui pourrait m’intéresser. Accepterais tu de venir boire un verre en ma compagnie ?
-Pourquoi irais je boire une verre avec quelqu’un dont je ne connais même pas le nom?
-C’est vrai, j’ai oublié de me présenter. Les gens d’ici m’appellent Zákynthos. Si tu me cherches, demande de mes nouvelles à l’Antre de l’Orc, jeune Asthariel.

Le garçon resta sans voix. Il ne savait que répondre. Comment cet homme connaissait il son nom ? En temps normal, il aurait probablement fui, songeant à des vols, des enlèvements ou des choses pires encore. Mais là, c’était différent. Quelque chose chez ce vieil homme l’attirait sans qu’il puisse dire quoi. Peut être était ce du à ce sourire légèrement narquois et cette façon de lui parler d’égal à égal. Le mystère aussi, la curiosité. Voire même l'envie de désobéir à son père...

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-DEHORS !

Un souffle puissant se fit sentir, le brigand le plus proche de la jeune fille fut projeté contre le mur, le crane brisé.

-Le prochain qui la touche subira pire sort encore ! Je n’autorise aucun d’entre vous à poser ses sales pattes sur elle. Elle sera notre monnaie d’échange au moment du combat !
-Mais maît’, qu’est c’que ça change ? Si elle est là, autant qu’nous aut’ on en profite…

*slash* La tête de l’impudent vola au sol, tranchée net.

-J’ai dit.
-Merci seigneur, merci...
-Ne croyez pas qu'il s'agisse de compassion. Si je vous garde en bonne santé, ce n'est que pour être sûr que vous aurez encore de la valeur aux yeux de votre père. J'espère d'ailleurs pour vous que rien de douloureux ne saurait lui arriver d'ici là, car j'en connais quelques uns que cela ravirait.

*rire gras et stupides des soldats*

-Venez ma chère, laissez moi vous montrer vos nouveaux appartement.

Terrorisée, elle s’était évanouie.

-Voulez vous que je la porte mon bon maître ?
-Peuh!

Le brigand qui venait de lui parler était un petit homme aux épaules courbées et à la tête de rat.

Sylphenius la porta jusqu’à l’une des chambres vide du vieux manoir qu’ils avaient correctement aménagés, et la posa sur le lit, la laissant dormir.





Zalfar s’approcha de lui, le tirant de sa rêverie.

-Venez maître. La nuit va tomber dans quelques heures, nous devrions partir au plus vite.
-Tu as raison, nous n’allons pas tarder. Hep ! Vous deux ! Vous monterez la garde devant la porte de cette chambre. Personne ne rentre ni ne sort sans mon autorisation, c’est compris ?
-Oui, maître.
-Si j’apprend que vous avez faillis à votre mission… Soyez juste sûrs que vous aurez vite des raisons de le regretter *sourire cruel*

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Le jeune garçon, entrant dans l’Antre de l’Orc, regarda plus attentivement le vieillard qu’il avait suivit. Zakynthos, qui portait une assez longue barbe blanche, était un homme grand et droit. Il était plus richement habillé qu’Asthariel l’avait cru d’abord, bien que ses vêtements ne soient pas distinctifs d’une quelconque noblesse. Le vieil homme portait une sorte de long manteau bleu nuit bordé de deux longues bandes couleur argent.


Alors qu’ils rentraient dans la taverne, le barman regarda le jeune garçon d’un œil soupçonneux.

-Qu’est ce que c’est que ça ? Je sais pas ce que tu prépares Zak, mais je t’ai déjà dis que je voulais pas d’ennuis !
-Ne t’inquiète pas Grim… C’est un élève.

Le tavernier, après avoir maugréé, acquiesça.

-Nous prendrons tout les deux un thé. Tu pourras nous le servir dans la pièce du fond en haut?

*Nouveaux grommellements dudit Grim*

Ainsi Asthariel découvrit-il la magie, qui lui fut enseignée par cet étrange personnage qu’était Zakynthos. Après un moment de réticence (la magie, n’était ce pas de ces choses auxquelles seuls les superstitieux croyaient, ou encore que l’on ne voyait que dans les contes, comme les Orcs dont la taverne possédait le nom ?) mais surtout quelques démonstrations, le jeune garçon se passionna pour cet art étrange, probablement du fait de son jeune âge.
Chaque jours de ce voyage le jeune garçon rendait visite à Zakynthos, qui lui apprenait les bases de la magie.

-Vois tu, jeune disciple, cette force qu’est la magie est présente en chacun de nous, même s’il arrive qu’elle soit plus… palpable chez certains individus.
-Dans ce cas pourquoi personne ne l’utilise ? La vie serait beaucoup plus simple…
-Certains l’utilisent, mais ils sont en effet fort peu nombreux. Bien que la magie soit en chacun de nous, rare sont les personnes qui ne l’ont pas oubliée. J’appartiens à ceux qui pensent que cet art ne doit pas être perdu, c’est d’ailleurs pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui.
-Alors pourquoi ne pas la répandre, la transmettre à tous?
-Justement, je pense aussi que tous ne devraient y avoir accès. Tous ne sont pas dignes de recevoir ce savoir.
-C'est vrai ça... Vous imaginez? La magie pour la racaille du peuple.
-Tu penses que les nobles en sont plus dignes?
-Bien sûr. Mon père dit toujours que les gens du peuple ne sont que des rustres bons à rien.
-Dans ce cas j'ai encore beaucoup de chose à apprendre mon garçon. Sache en tout cas que pour l'instant, même les plus hauts dignitaires ne sont pas près... Pour certains, cette force ne leur servirait qu’à augmenter leur puissance et à servir leurs propres desseins... Espérons donc qu’un jour l’homme sera assez malin pour savoir s’en servir.
-Quand?
-Je ne sais pas... Tu es fatigant avec toutes tes questions... *sourire*
-Moi je pense que c'est plutôt vous qui êtes fatigué.

La veille de son retour à Alphadona, le vieil homme confia une mission au garçon :

-Je veux que tu t’entraînes quand tu ne seras pas auprès de moi. Bien sûr, je pourrais te suivre jusqu’à Alphadona, mais j’ai moi aussi d’autres choses à faire de mon coté.
Représente toi ton pouvoir la corde d'un arc: Plus tu tends la corde et plus la flèche, ta force donc, ira loin. Avec le temps, tu verras qu’il te sera plus facile de bander cet arc intérieur, à condition que tu t’entraînes. N’oublies pas donc, exerce toi à tendre la corde.

Ainsi s’acheva sa première semaine de ‘formation’, bien que de nombreuses suivirent : A chaque voyages de son père à Kern, le jeune garçon en profitait pour l’accompagner et poursuivre les après midi à l’Antre de l’Orc.

« Pour certains, cette force ne leur servirait qu’à augmenter leur puissance et à servir leurs propres desseins... »

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Asthariel ouvrit la porte et franchit le seuil de la taverne. Jetant un coup d’œil à l’intérieur, il avisa Grim ainsi qu’un autre client et les salua. C’était une journée froide et grise, et il était content de se mettre au chaud. Sans compter qu’il allait revoir son maître, dont il n’avait pas eut de nouvelles depuis des mois. Mais telle était la consigne : Pas de message sauf en cas de force majeur, un simple rendez vous à l’Antre de l’Orc chaque fois que le garçon venait à Kern.

-Bonjour Grim. Je suis ici pour toute la semaine, vous ne savez pas où je pourrais trouver le maître Zakynthos ?
-Sors d’ici ! Cet établissement est interdit aux mineurs non accompagnés, tu n’as rien à faire là ! *visage tendu par la colère*

Le tavernier, accourant précipitamment, le poussa brusquement et ferma la porte derrière lui, le faisant tomber. Le petit prince s’était fait mal, ses mains saignaient et sa joue avait été écorchée.
« Quoi ? Comment peut il me faire ça ? Je sais bien qu’il ne m’a jamais adoré, mais tout de même… Peuh ! Je sais pas ce qui lui a pris, mais il le paiera! »
Massant sa joue douloureuse, il pesta:
« J'espère au moins que le vieux saura arranger ça! »
Le garçon, un peu sonné, bouillonnait de rage. Il s’apprêtait à partir quand…

-Et petit ! Pardonnes à Grim, tu sais, il est un peu tendu ces derniers temps. Avec tout les gardes qui rôdent…

C’était le client qu’il avait salué tout à l’heure. Il semblait un peu inquiétant, avec ses joues mal rasées et ses cheveux crasseux.

-Tu cherches le vieux Zak gamin ?
-Je… Oui. Vous savez où il est ? D’habitude, je viens le retrouver ici, il semble toujours savoir quand je vais arriver.
-Oh il n’est pas bien loin tu sais. Tiens regarde, il est juste derrière toi. *geste de la main*

Asthariel se retourna, suivant le doigt du personnage qui désignait le château. Il ne comprit pas tout de suite, jusqu’à ce que son œil arrive jusqu’aux hauteurs de la citadelle de Kern :
Plissant les yeux, il distinguait, accrochées à la paroi noire des grandes tours, plusieurs silhouettes, pendues. Même d’aussi loin il reconnut la barbe et la longue robe bleue. Il comprit. Le rire de l'ivrogne résonnait dans son dos.

L'abysse, l'effroi...

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-Dépêche toi Tom. Rentre vite, et viens m’aider à fermer les volets.

Une mère appelait son fils, qui portait son cartable sur la tête. Elle même peinait à se protéger du vent, les rafales lui arrachant le chapeau qu’elle maintenait sur son chef.
Partout, c’était le même spectacle : A l’intérieur de la ville, les gens couraient, rentrant précipitamment chez eux. Mieux valait ne pas rester dehors lorsqu’une tempête s’abattait sur le port. Même si elles n’avaient en général pas lieu en cette saison, qui, bien que plus froide, était aussi plus calme, les signes ne trompaient pas : Partout les volets se fermaient, les portes claquaient et les gens s’enfermaient à double tour.

Après quelques minutes, on ne voyait plus rien bouger dans les rues, mise à part la pluie battante et les objets violemment projetés par le vent. Seule une petite silhouette rouge, adossée au mur d’un boutique et les genoux repliés prêt du visage, était encore dans la rue. L’eau coulait abondamment dans les longs cheveux blancs du garçon. Il pleurait.

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Le Baron se rendit sur la grande terrasse de son château, du haut de laquelle il dominait la ville. D’ici, il pouvait apercevoir déjà la horde des brigands qui faisaient face à sa cité : La mer étant à l’Ouest, les troupes de Sylphenius avaient encerclé les portes Sud-Est, Sud et Sud-Ouest d’Alphadona.

-Quel vent ! On pourrait croire qu’une tempête s’annonce. Le ciel est à peu près dégagé pourtant.
-Vous avez raison messire. Ces maudites rafales empêchent malheureusement toute communication avec nos alliés voisins, que ce soit par la mer ou même par pigeons voyageurs.
-Bah, ce n’est pas une poignée de brigand qui va nous faire peur ! Si cette racaille de Sylphenius s’imagine qu’il va prendre cette ville avec si peu d’hommes, il se trompe complètement. Que se passe t il ? Qu’attendent nos archers pour tirer à partir du rempart ?
-Il semble que le vent les empêchent d’atteindre leur cible, votre seigneurie. Rien ne pourra garder nos ennemis de défoncer les portes à un moment ou à un autre.
-Il ne faut en aucun cas qu’ils pénètrent en nos murs. Dans ce cas ouvrez les portes ! Nous les combattrons au sol en dehors de la ville !
-Vous… vous êtes sûr ?
-Exécution. Et prévenez moi Godric. Je veux qu’il établisse un périmètre de sécurité tout autour du palais… on ne sait jamais.
-Bien monsieur.

Les six grandes portes massives s’ouvrirent les unes à la suite des autres, permettant ainsi aux soldats du seigneur de Vallier de déferler par les trois accès qui étaient menacés : Sud-Est, Sud et Sud-Ouest. La consigne était passée : pas de combat à l’intérieur de la ville !

Un peu plus loin :

-Et bien Zalfar, tout se passe comme prévu on dirait ! *grand sourire*
-C’est parfait maître, pareillement à ce que vous souhaitiez. Il semble que de Vallier ait concentré ses hommes devant les trois portails, comme convenu.
-Oh oh ! On dirait qu’une petite escouade de dragons tente une sortie !

La garde montée s’élança, attaquant par les airs les troupes de la Main Noire située au sol. Armés de longues lances, les dragonniers firent des dégâts, embrochant à chaque piqué deux ou trois soldats.

Le sifflement du vent se fit entendre encore plus fort aux oreilles de chacun. L’un des dragons, tentant une figure complexe pour se retourner, fut frappé en plein vol par la rafale : son aile se tordit et, après quelques contorsions, il s’écrasa sur une tour. Un autre dragonnier, qui avait lâché les rennes pour mieux manier son arme, fut soufflé également, et, perdant l’équilibre, chuta en un long hurlement.

-Voilà qui devrait les dissuader.
-Les pertes seront tout de même élevées pour nous, leurs soldats sont plus nombreux et bien mieux entraînés que les brigands...
-Bah, laissons. Qu’ils meurent pour notre cause, c’est déjà bien plus que ce qu’ils méritent. Nous autres avons une mission à accomplir. Vous avez amené ce que je vous ai demandé ?

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Sur la terrasse, le Baron se réjouissait, entouré de ses différents chefs de guerre.

-Le vent tourne on dirait. Même au sol, nos hommes n’auront aucune difficulté à les défaire ! Ils ont eut de la chance avec ce vent, mais cela ne suffira pas.

Alors qu’il contemplait le combat, accoudé au muret ocre de la terrasse, un laquais se glissa parmis eux, se dirigeant vers Godric le Lombart, le chef de la garde personnelle du Baron.
Après avoir écouté ce qu’on lui souffla à l’oreille, Godric pâlit. Quelques tremblements trahissaient sa nervosité.

-Pardonnez moi, Baron, mais le combat semble exiger mon attention. Je vous rejoindrais sous peu. *inclinaison de la tête*
-Va, Godric, va. Et que la pitié n’arrête pas ton bras, n’oublie pas que tout ces gueux nous ont trahis !

Le Lombart suivit le messager. Les deux hommes marchèrent plusieurs minutes dans les rues désertes (femmes et enfants étant barricadés chez eux), et arrivèrent enfin dans une petite ruelle sombre. Godric était tendu, l’attente lui semblait insupportable, même s’il savait d’avance qui allait apparaître. Après un court instant, le Lombart vit enfin du mouvement parmi les ombres.
Cinq silhouettes en sortir, enveloppées dans de grands manteaux sombres. L’une d’elle s’avança.

-Alors Godric, il semblerait que ce que j’ai à te proposer puisse t’intéresser ?
-Ne la touche pas, chien ! Tu paieras pour ce que tu as fais !
-Hahaha ! *éclat de rire à glacer le sang*

L’homme qui riait enleva sa capuche, laissant apparaître une cascade de cheveux blancs.

-Imbécile ! Cesse de faire le fier, tu sembles oublier que tu n’es pas en position de me dicter quoique ce soit. Je te propose un marché. Amènes moi à Onias et tu reverras ta fille. Tente de me trahir ou refuse et… …disons qu’elle sera… plus sauve que saine *sourire mauvais*
-Ordure ! Qu’est ce que tu lui as fais ?!
-Moi ? Rien, absolument rien. Mais je connais un certain nombre de mes brigands qui seraient ‘ravis’ de s’occuper d’elle…

Godric blêmit, puis, baissant la tête, déclara :

-Bien. Tu auras ce que tu désires. Mais je t’en pris, ne lui fais pas de mal.

Le petit groupe pénétra donc dans le château. Godric ouvrait la marche, s’assurant qu’aucun garde ne les voit. De temps en temps, Sylphenius, attendant dans l’ombre, l’entendait crier :
-Eh toi là ! Tes frères ont besoin de toi en bas pour surveiller les rues avoisinantes. Dépêche toi !

Puis :
-Bien monseigneur.

Sylphenius sentait son cœur battre à mesure qu’ils se rapprochaient de la terrasse. Il avait tant attendu ce moment ! Depuis des années qu’il songeait à tout cela, il avait hâte d’en finir. Mais…

*Bam*

Claquement de porte, le petit groupe se retourna brusquement. Devant celle-ci se trouvaient deux gardes qui, en train de parler, se turent lorsqu’ils les virent. Leurs yeux allaient de le Lombart aux hommes drapés de leurs capes grises, écarquillés.
Avant même qu’ils n’aient le temps de réagir, Zalfar bondissait. Sortant une épée courte et fine de sous son manteau, il s’élança vers le garde le plus proche, qui s’affala, un coup en plein cœur. Le deuxième, reculant pour éviter son ennemi, se tassa contre la porte, et mit ses mains en porte voix.
Le pauvre n’eut malheureusement pas le temps d’appeler à l’aide, une épée lui traversant la gorge. Sa bouche n’émit qu’un gargouillement sinistre, le sang commençant à jaillir à travers ses dents.

-Merci Nummi. Tuer toute la garde nous aurait été un peu trop long.
-Par tout les dieux… Nous devons accélérez avant que d’autres gardes n’arrivent et ne voient ça ! Suivez moi, la terrasse n’est plus très loin !

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Les hommes de la terrasse se retournèrent également lorsqu’ils entendirent la porte menant à la plateforme claquer à son tour. Onias de Vallier ne comprit pas tout de suite. Il y’eut une bourrasque d’une rare violence, et les deux gardes qui l’entouraient furent soufflés. Il n’entendit que leur cri puis la chute de leur corps, plus loin, en bas. Les autres conseillers qui étaient restés gisaient déjà sur le sol, égorgés.

Onias ne comprenait pas. Son visage était blanc comme un linge, même s’il tentait de garder contenance. La haine le submergea quand il vit le Lombart, puis son regard croisa celui de son ennemi.

-Alors Onias, on dirait que la partie est terminée. Quel dommage que ton fils ne soit pas là pour voir ça… Où se trouve cet avorton d’ailleurs ?
-Peuh… Pauvre fou. Tu ne te rends même pas compte de ce que tu viens de faire. Dans quelques jours, mes alliés débarqueront tous ici en masse et s’empresseront justement de rendre à mon fils ce qui lui revient de droit.
-Quel dommage… Je vais donc devoir le tuer lui aussi ? Enfin, si je peux prendre cette ville avec une ‘poignée’ brigands, je peux très bien défier la région en contrôlant la splendide Alphadona. Comme tu vois, nous avons pris toi et moi bien soin de ne pas abîmer cette jolie cité, et je vais d’ailleurs t’éliminer assez vite pour ne pas perdre la moitié de ma populace. A quoi me servirait il de contrôler la plus grande ville de la région s’il n’y a plus tout ces gueux pour me servir ?
-Tu es vraiment la pire des ordures hein ? *sourire* Quelle tristesse, il semble que je ne serai plus là pour voir ton cadavre balancé dans la boue avec tes frères les porcs…
-Quelle tristesse plutôt, que nous ne puissions poursuivre cette charmante conversation plus longtemps. C’est regrettable, mais il semble que le combat fasse des ravages, et malheureusement, ce ne sont pas les brigands qui en souffrent le plus… *ne sourit plus*

Dégainant son sabre, Sylphenius s’approcha du Baron, pointant son arme vers lui pour l’immobiliser. L’homme aux cheveux blancs regarda autour de lui et avisa le dragon qu’il n’avait pas remarqué jusqu’alors. Celui ci semblait s’être écrasé sur une tour pour retomber sur la terrasse, l’aile froissée. Il était parcouru de petits tremblements nerveux.

-Dis moi Zalfar… Le point faible des dragons, ce sont bien les yeux n’est ce pas ?
-Exact.
-Crevez les lui.
-Comment ?
-Crevez lui les yeux. S’il rugit assez fort, les combattants devraient regarder par ici quelques instants non ?
-Ah… oui. L’idée se tient. *esquisse un mouvement vers le dragon*
-Non, pas toi. Toi. *pointant l’un de ses hommes du doigt*

Le bandit, sans hésiter, sortit une dague courte et s’approcha de la bête. Celle ci semblait trop fatiguée pour se battre et peut être s’attendait elle même à être soignée.
Le bruit fut terrifiant. Même s’ils s’y étaient préparés, les occupants de la terrasse sursautèrent. Vu la hauteur, nul doute que le bruit s’était fait entendre dans toute la cité et même plus. A coté du dragon ne restait plus qu’une flaque de sang, simple reste du soldat imprudent.
Doucement, Sylphenius se glissa derrière le Baron, sa lame passée sous la gorge d’Onias.
D’en bas, chacun baissa sa garde un instant pour regarder d’où provenait ce son monstrueux. Leurs yeux se dirigèrent dans les hauteurs de la citadelle et, très vite, ils virent tomber un corps. Habillé d’émeraude, chacun reconnut le seigneur de Vallier. Tous comprirent, et le petit peuple, pour qui tout ceci n’était finalement qu’un simple changement sans grande conséquence, se rendit sans trop discuter.