[Asthariel]Livre 1: Alphadona

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Une ruelle sombre. L’odeur insupportable des excréments, le bruit des volets qui lentement se fermaient et les rares personnes osant encore parcourir les rues pressant le pas pour rentrer chez elles. Car dans les quartiers pauvres d’Alphadona, il n’avait jamais fait bon traîner dans les rues une fois la nuit arrivée.

Un homme cependant marchait dans l’ombre d’un pas décidé, les mains dans les poches. Son visage était invisible, masqué par la capuche d’un manteau de tissu marron, bien qu’il ne ressembla pas à un brigand.
Parvenu près d’un des panneaux d’affichage officiels qui grouillaient en ville, il sortit une main gantée de sa poche, et arracha l’une des affiches.
De la faible lueur d’une taverne proche, on aurait put distinguer un léger sourire sur son visage.

[Asthariel]Livre 1: Alphadona Avispopulacexq4

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La musique et les éclats de rires résonnaient, la fête battait son plein. La splendide villa de marbre blanc, située dans l’un des quartiers les plus prisés, à proximité du château et donnant directement sur l’un des petits lacs qui parcouraient la ville, regorgeait d’invités de marques et de la haute aristocratie. La grande terrasse légèrement arrondie ainsi que le jardin, amenant directement à l’eau, étaient animés par les conversations mondaines et les discussions allègres des hauts dignitaires d’Alphadona.

Le jeune homme était sur un petit nuage, recevant de toute part les salutations et les félicitations de toute l’aristocratie de la cité. Tant mieux, car cette réception lui avait coûté une petite fortune, un joli tas d’or qu’un paysan de la région n’aurait pu obtenir en une vie entière, sans même pourtant payer de taxes.

-Le Baron fera-t-il ce soir une apparition ? Il serait insensé qu’il ne vienne pas profiter d’une si plaisante soirée.
-Le seigneur de Vallier m’a en effet assuré qu’il nous honorerait de sa présence, et ce serait un grand plaisir pour moi qu’une telle personne daigne venir jusqu’ici.

L’agréable odeur de mets délicats était doucement perceptible dans l’air de cette chaude soirée, et le seigneur rayonnait.
« C’est l’odeur du bonheur, songea-t-il, l’odeur du succès »

-Il semble que vous ayez l’art d’organiser les réceptions les plus somptueuses, cher Asthariel. Le Baron lui-même ne saurait faire preuve d’autant de bon goût et de raffinement. *ton légèrement railleur*

Il reconnut la voix qui l’arracha de sa rêverie. C’était celle d’une élégante femme brune, portant une robe rouge qui mettait en valeurs ses formes généreuses sans pour autant vulgaires, légèrement fendue au niveau du genou gauche.
Elle s’approcha de lui, et lui tendit négligemment une main gantée jusqu’au coude de cuir blanc.

-Vous me flattez, ma chère. Cette petite sauterie toute juste improvisée n’est que peu de chose comparée aux soirées qu’organise sa magnificence. Cependant, il est vrai que l’éclat de votre personne saurait à lui seul donner à la plus triviale des beuveries des airs de finesse. *légère courbette de domestique et sourire narquois*
-C’est vous qui mignotez mon pauvre ami. Vous avez de la chance que je vous sache si délicat, car n’importe quelle autre femme aurait pus croire à des avances grossières.
-Nul mot ne saurait sembler grossier s’il s’en rapporte à vous, belle Larmina, bien qu’en effet mon pauvre verbe ne puisse jamais traduire une once de votre grâce.

Voilà le genre d’échange qu’ils avaient souvent, tournant sans cesse autour du pot, elle, tantôt aguichante et tantôt glaciale, le provocant parfois pour mieux se replier.
Mais ce soir, c’était différent. Depuis de longues semaines qu’il la courtisait, ce petit jeu perpétuel commençait à l’agacer et il comptait jouer cartes sur table, se sachant, en tant que maître de maison, en position de force. Elle était sa proie et il devait l’obtenir, comme il en avait l’habitude.
Lentement, il l’entraîna vers un coin de la terrasse, s’asseyant sur un banc situé sous les branches d’un arbre.

-Que cherchez vous donc à dire, noble compère ?
-Et vous, que tentez vous donc de cacher ? Voilà des jours que vous acceptez mes avances sans même broncher et que vous y répondez parfois vous-même, et pourtant vous ne cessez de vous complaire dans ce perpétuel rôle de vierge effarouchée. En ces longues semaines depuis lesquelles je vous courtise avec assiduité, et je ne m’en cache pas, je vous ai vu aussi bien engageante que retenue, aussi bouillonnante que distante, aussi démonstrative qu’exagérément prude, et pourtant je ne vous ai jamais vu une seule fois honnête.
Vous êtes pour moi comme une rose, qui, de loin, vous attire par sa beauté et son parfum et qui, alors même que vous tenteriez de la saisir pour mieux la porter à vos sens, vous agresse de ses épines.
-Pour quelqu’un qui dit ne pas avoir de verbe, voilà une bien belle tirade. Félicitez pour moi celui qui, d’une bouche délicate, vous donne si bons conseils. Cependant, si le style est agréable et fleuri, le discours lui-même n’en est pas moins injurieux. Vous m’accusez, moi, si chaste et si vertueuse, d’oser avoir la moindre arrière pensée quant à nos relations? Vous m’en voyez déçue et sachez que, si je n’étais si aimable, je m’en irais sur le champs. Est-ce ma faute, si, après tout, votre folle hardiesse vous laisse concevoir des choses qui ne sont pas?

Alors qu’il levait les yeux au ciel, elle poursuivit :

-Cependant, si c’est bien ma conduite qui pourtant se voulait exemplaire qui semble faire naître en vous des rêves insensés, je suis prête à faire preuve de quelques largesses pour réparer le mal que j’ai causé. *sourire malicieux*

Il sourit à son tour, observant qu’il avait enfin finit par obtenir ce qu’il désirait et voyant la main de la jeune femme remonter lentement vers le long de son genou comme une invitation.

Asthariel s’approcha, prenant doucement dans la sienne cette main gantée de blanc, et enlaça Larmina. Elle, si élégante, avait abandonné ses airs de mépris et semblait lui tendre ses lèvres avec volupté. Il avait tant attendu ce moment, et il en attendait encore tant d’autres! Il se pencha, la serrant délicatement contre lui de sa main placée dans le dos de la jeune femme, et s’apprêtait à l’embrasser lorsque derrière lui résonnèrent des cris, suivis de peu par de lourds fracas.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ (flashback)

Des années plus tôt. Debout devant le feu, à coté du grand fauteuil dans lequel était assis son père, le petit garçon attendait avec patience. Ses cheveux longs étaient clairs, presque blancs déjà, malgré ses 8 ans.

-…Et qui a eu le meilleur bulletin ?
-Bah, Tarmanis a toujours les meilleures notes, mais je passe juste après. En plus, le maître l’adore et son pè…
-Je ne veux pas le savoir ! *Puis, reprenant son calme* Je suis déçu Asthariel, très déçu. Quand cesseras tu de te contenter toujours de si peu ? Quand arrêteras tu de toujours te conforter avec de viles excuses ? Quand comprendras tu que l’on doit toujours être le meilleur ?
-Mais, père…
-Laisse moi terminer s’il te plait.
Me donneras-tu un jour une vraie raison d’être fier de toi ? Je l’espère sincèrement, et j’espère que tu sauras viser plus haut que cette perpétuelle seconde place et que tu ne laisseras à l’avenir à personne l’occasion d’être meilleur que toi. A moins que tu ne puisses faire mieux et que Tarmanis soit décidément plus intelligent que toi.
-Je… je le ferai père… *ton dépité, la tête baissée*

Il mentait, il le savait. Il ne pouvait pas faire mieux, Tarmanis était le favori du maître de classe et jamais, malgré tout ses efforts, Asthariel n’avait réussi à le surpasser.

« J’espère que tu ne laisseras à l’avenir à personne l’occasion d’être meilleur que toi… »

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Il releva la tête, contrarié, alors même que ses lèvres effleuraient celle de la belle, pour voir venir vers lui un jeune laquais, arrivant au pas de course.

-Mon seigneur ! Des miliciens tentent de pénétrer dans la villa, et nous n’avons réussi à leur faire entendre raison. Ils vous réclament sur le champs.
-Voyons, nulle raison de s’inquiéter mon brave. Faîtes leur porter un tonneau de vin pour les faire patienter, je les rejoindrais dans quelques instants. Il est normal que ces pauvres hommes participent à la fête.
-Cela ne sera pas nécessaire ! *voix forte*

Le bruit de la fête diminua, de nombreuse têtes se tournant vers le capitaine de la garde suivit d’une dizaine de soldats. Au bout de leurs lances, des gouttes de sang coulaient, n’échappant pas au regard d’Asthariel qui pourtant, resta impassible.

-Et bien, et bien, pouvez vous m’expliquer ce qui justi…
-Par ordre du Baron Onias de Vallier, bien aimé et estimé seigneur d’Alphadona, je vous arrête ! Vous, Asthariel d’Oligos, êtes accusé de crimes fortement répréhensibles, de sérieuse implication dans les affaires du réseau appelé communément Main Noire, de haute trahison envers notre fière cité ainsi que de sorcellerie ! Vous êtes à partir de maintenant privé de la totalité de vos biens, de vos terres, ainsi que de votre nom et de votre honneur, et serez condamné à mort sur la place publique vendredi à l’aube.

Vint le silence. Le vrai silence. Celui d’une foule qui, estomaquée, a le souffle coupé au point de ne plus pouvoir parler. Les charges étaient énormes, mais le pouvoir et l’influence du Baron l’était encore plus. Tous savaient qu’il n’aurait pas pris le risque d’accuser un personnage de son acabit s’il n’avait pas été sûr de ses dires, et Asthariel lui-même ne tenta pas de se justifier.

*Clak*

Sans apercevoir autre chose qu’un éclair de tissu blanc, le jeune homme reçut en plein visage une gifle puissante. Lentement, le silence laissa place à un brouhaha. Un homme, s’apprêtant à manger une légère pâtisserie exotique, l’éloigna brusquement de sa bouche, la jetant au sol avec répugnance. Le fautif, lui ne sentait plus que cette brûlure sur sa joue.

-Vous ?! Vous n’étiez autre, depuis tout ce temps, que cette racaille de Sylphenius ?

Larmina eut une grimace de dégoût alors qu'elle crachait ce nom, tout son être trahissant une vive agitation. La foule des nobles criait, l’injuriant. Tous avaient compris.

-Vipère !
-Goujat !
-Emmenez ce lâche voleur qui salit à la fois notre ville, notre honneur à tous ainsi que le nom du Seigneur de Vallier !

Plus que toutes les injures qui lui furent adressées et l’humiliation subie dans sa propre demeure, le regard de haine de Larmina le blessa au plus profond de lui-même.

Elle était dégoûtée. Après tout, qui eut pu le croire capable d'un tel vice? Cela avait commencé si jeune pourtant...

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Encore des années auparavant, peu après l'épisode du bulletin :

-Jamais, jamais je n’ai assisté à une chose pareille ! Quand votre père saura ça !
-Non non ! Ce n’est pas moi, je le promets… Pas mon père, s’il vous plaît.

Dans la cours de l’école Saint Mark régnait une vive agitation, une agitation bien inhabituelle pour cet établissement réservé aux fils des plus grands dignitaires de la cité. Les élèves regardaient le surveillant principal de l’école, Mr Dalmar, tenir de manière humiliante un jeune garçon par l’oreille.
Le cœur d’Asthariel battait à tout rompre…

-Taisez vous ! Moi qui croyais vous connaître, Tarmanis, je suis extrêmement déçu par votre attitude.
-Mais… je… *pleurs*
-Voler des objets de valeurs de Mme de Lastelle ! Je ne m’attendais pas une telle chose de votre part.

Le jeune Tarmanis, jusque là considéré comme l’un des élèves les plus brillants de l’école, fut mené au bureau de Mr de Lastelle, le directeur.
Asthariel n’assista pas à la scène, mais lorsque le directeur le convoqua dans son bureau par la suite, il apprit (ou plutôt fit il semblant) cette incroyable nouvelle : Les bijoux de Mme de Lastelle (laquelle était d’ailleurs célèbre pour cette collection d’objets précieux) avaient été dérobés dans ses appartements, et la femme du directeur n’avait retrouvé à la place qu’un mouchoir brodé au nom du « ravisseur », Tarmanis. Le surveillant, apprenant la nouvelle, avait en effet retrouvé les biens de la Dame dans le pupitre de l’élève modèle.

Asthariel n’eut pas à feindre trop longtemps, le directeur l’ayant vite réexpédié en classe. Mr de Lastelle ne l’aimait pas trop, ce petit orphelin de mère avec ses cheveux blancs, bien qu'il fut désormais le premier de sa classe. A vrai dire, il lui faisait même un peu peur.

Le coeur du petit garçon battait toujours quand il retourna en cours, encore secoué par ce qu'il avait fait. C'est ainsi que commença sa carrière de malfaiteur, toujours poussé à devenir le meilleur.

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Asthariel, désormais connu sous le nom de Sylphenius, fut mené au cachot sans ménagement, les prisonniers eux même l’insultant et lui crachant au visage.
Mais il restait impassible, le regard dur et fixe, réfléchissant:
« Ainsi mon identité, malgré toutes nos précautions, a été découverte… A moins que l’on ne m’ait dénoncé… Mais qui ? »

-Tiens, prend ça et mange, c’est tout c’que t’auras droit avant demain, dit un garde, lui tendant une assiette de soupe nauséabonde. Et estime toi heureux ! J’comprend même pas que le Baron nourrisse une pourriture comme toi, sans compter que tu s’ras bientôt qu’un tas de viande morte accrochée à une corde.

Le seigneur destitué eut un sourire amer en contemplant sa maigre pitance, une bouillasse d’une couleur indéfinissable contrastant avec les mets incroyable que lui-même avait fais servir quelques heures plus tôt, et n’y toucha pas.

Il réfléchissait, ne parvenant pas à deviner lequel de ses hommes l’avait vendu, bien que peu d’entre eux ne connaissent son identité réelle. Qu’avait on pu leur promettre de plus que ce que pouvait leur rapporter le Main Noire ?
Car, si du temps de son père elle s’était limitée à un simple commerce illégal et relativement prolifique, le crime organisé avait pris avec lui tout son sens, sa vrai définition. Rapt, enlèvement, espionnage, chantage, trafic en tout genre et parfois même assassinat, telles étaient les activités de la Main Noire du temps de Sylphenius, des activités qui s’étaient vite révélées comme étant des sources de richesse ahurissantes.

Le jeune homme resta ainsi plusieurs jours, prostré dans un coin de sa geôle, sans manger ni boire.

Au matin de sa condamnation, les gardes ne trouvèrent qu’une cellule vide, le mur du fond défoncé sur un espace d’un mètre de diamètre. Les pauvres eurent bien du mal quand ils durent expliquer au Baron en personne ce qui s’était passé, n’ayant entendu le moindre bruit et la prison étant constamment surveillée de l’extérieur. Nul ne les revit d’ailleurs jamais…

*Blang*

Le bruit du métal sur le sol dur. Le miel et les jus de fruits se répandant sur les murs.

-Oh mon Di… *sa propre main portée à sa bouche étouffa son cri.*

Le bruit de ses pas résonnaient dans les couloirs. La servante marchait aussi vite qu’elle le pouvait, tentant d’ignorer ses hauts le cœur et cette image monstrueuse.

-Comment, vous dîtes ? C’est impossible, le Baron lui-même a posté ses gardes tout autour de la villa, et personne n’aurait pu s’en approcher sans être vu.
-Mais… je vous assure. Je venais apporter à monsieur son petit déjeuner comme il me l’a demandé hier quand je l’ai trouvé…

Bruits de pas précipités résonnant à nouveau dans la demeure de marbre. Le lieutenant avait du mal à croire les dires de la jeune bonne.
Il fit une grimace de dégoût et d’effroi lorsqu’il arriva dans la chambre, découvrant à son tour le cadavre, baignant dans son sang et autres rejets malodorants de son corps, la gorge ouverte.

Il tapota le dos de la domestique dans une tentative dérisoire de la réconforter. La pauvre, elle qui n’était en service que depuis trois jours, tout le personnel du chef de la Main Noire ayant été renvoyé dès son arrestation.

-Il faut prévenir le Baron immédiatement. Ceci ne peut être que l’œuvre de Sylphenius ! *se tournant vers un autre garde* Vous, courrez à la citadelle prévenir le Seigneur de Vallier, et ordonnez que l’on fouille la ville. Cette ordure se trouve toujours en nos mûrs !

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A vrai dire, ce n’était pas tout à fait exact. Asthariel, évadé quelque jours auparavant de prison, se tenait debout sur une butte non loin des portes de la ville, à l’abri d’un arbre.
De son poste, il dominait toute la cité et pouvait distinguer clairement le port, puis la ville légèrement en pente ainsi que le château situé quelque peu en hauteur et entouré des vastes demeures des riches. Ces dernières possédaient de grands et agréable jardins, côtoyant souvent les quelques prises d’eau et petites cascades qui parsemaient la ville avant de se jeter dans la mer. Le tout était clos par une grand mur ocre d’environ 5 mètres de hauteur, comprenant de solides remparts et des chemins de ronde, ainsi que quelques tours de guet d’où s’envolaient parfois quelques dragons de la garde seigneuriale.

Ses cheveux blancs flottaient dans le vent, et il eut un sourire satisfait lorsqu’il vit un petit groupe de soldats sortir en courant de la villa et partir vers le palais.

Il ne lui avait pas été difficile, un fois sorti de sa cage, de connaître l’identité du traître qui l’avait vendu. Quelques jours seulement après sa propre arrestation, une personne avait emménagé dans sa somptueuse demeure, une personne qu’il ne connaissait que trop bien. Ce n’était autre que Vragnir Carnevus, l’un des brigands avec qui il « travaillait » depuis plusieurs années. Il apprit rapidement, auprès de ses différents contacts, comment ce salopard avait négocié avec le Baron pour, plutôt que d’empocher les 7 000 pièces d’or offertes pour sa capture, obtenir du même coup sa villa, ses terres et un titre de noblesse, et comment ce fils de chienne se faisait désormais appeler de Carnevus (qui comptait-il tromper ?) et prétendait se mêler à la Haute d’Aphadona.
Enfin, ce n’était désormais plus un problème, puisque lui-même était allé lui rendre une petite visite la nuit dernière. Et dire qu’il avait trouvé ce porc se prélassant dans ses draps… Il en tremblait encore de rage.

Quand il en eut vu assez, il repartit et marcha quelques minutes pour atteindre, à seulement quelques centaines de mètres de l’une des grandes portes de la ville, un chêne entouré de grandes pierres de granit. Il se mit à genou face à l’arbre, et commença à creuser avec ses propres mains. Au bout de quelques minutes, il s’arrêta, reprenant son souffle et saisissant dans ses mains un paquet long et fin, recouvert de papier. Lentement, le tenant avec déférence, il le porta en terre. Le paquet contenait l’épée de sa famille, symbole d’un temps où les nobles s’illustraient encore au combat. « Tu parles. Ils ne sont aujourd’hui bons qu’à lécher les bottes du Baron, comme de vulgaires caniches faisant leur numéro. »
L’arme, qu'il avait récupéré également la veille, était longue et fine avec un pommeau élégant, savamment décoré.

« Endors toi Invidia, et qu’avec toi Asthariel puisse sortir de la scène, il en est grand temps. Mais lorsqu’il reviendra, je serais Baron, et ce seront mes bottes que ces pantins baiseront ! »

Après avoir rebouché le trou, il se leva et épousseta prestement ses habits. Il était tant de mettre son plan à exécution.

Il se retourna une dernière fois, faisant face à la cité, et, passant dans son dos un arc, il brandit un sabre dans sa main droite, la lame étincelant dans les rayons du soleil.

-A nous deux Onias. Bientôt, Alphadona sera mienne, et je ferai lever ton sale derrière de son trône, car désormais, je suis Sylphenius ! JE SUIS SYLPHENIUS !

Fin du Livre 1

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