Les veilleurs de Thessalie
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 [Xalkain]Frëastolio Brogoria

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Xalkaïn
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MessageSujet: [Xalkain]Frëastolio Brogoria   [Xalkain]Frëastolio Brogoria EmptyMar 14 Nov - 19:57

Chapitre Premier
Naissance accidentelle

Il y a de cela plusieurs années, dans une chaumière bordant un petit village, un homme faisait les cent pas, ne s'arrêtant que pour regarder le village s'étendre au loin. De la cuisine de cette chaumière, la vue était exécrable. En effet, on ne pouvait que voir l'allée principale et les chaumières sales de d'autres familles aussi pauvres que la sienne. Car en cette allée, toutes les maisonnées étaient mal entretenues, voir pas dutout. Mais, c'était tout ce qu'il avait pu se payer. Avec son maigre salaire de scribe, pas moyen de se payer une vue sur les maisons cossues; pas même moyen d'apercevoir le clocher de la superbe église. Il aurait aimé pouvoir la contempler de sa cuisine, en admirer les vitraux dans la lumière de l'aube ou encore le clocher dans le couchant, mais il n'en était rien. Il se serait même contenté de côtoyer les hautes maisons des bourgeois. Ne serait-ce que pour se sentir des leurs, il aurait apprécié pouvoir observer les belles devantures des maisons de pierres que pouvaient se payer les mieux nantis de la région. De plus, le chemin pour se rendre au domaine du vicomte Furcho aurait été réduit de moitié. Mais, il avait du se contenter de cette petite place, pas même belle pour deux sous, en lisière du village, au milieu de toutes ces autres maisonnées ne différant de la sienne que par le niveau de saleté de chacune.

Il aurait pu habiter dans les dortoirs du vicomte s'il n'y avait pas eu sa femme. Cette femme qu'il avait mariée sur un coup de tête et qui l'embêtait au plus haut point. Certes, dans les premiers temps, elle s'était montrée bien gentille, le comblant parfaitement de toutes ses douceurs; elle l'attendait à chaque soir et elle s'abandonnait à lui sans retenue aucune. Mais voilà qu'un jour, elle avait commencé à enfler à vue d'oeil. La raison avait été évidente et confirmée par le docteur; la dame allait donner la vie. Dès lors, elle avait refusé à son mari toute forme de douceurs. Et cela était devenu d'autant plus encombrant car les suivantes du vicomte Furcho se refusaient elles aussi. En effet, d'aucune ne se montrait douce sous prétexte que le scribe serait père sous peu. Cela l'enrageait!

Dans peu, enfin, ses mois d'attente et de refoulement prendraient fin. Sa femme se trouvait enfermée dans la chambre avec le médecin et le mari savait qu'ils n'en sotriraient qu'avec un bébé dans les bras. En autant que cet événement lui rende sa femme douce et consentante du passé, le mari pouvait l'endurer. Tout de même, cela faisait presque deux heures qu'ils étaient, sa femme et le médecin, enfermés dans la chambre conjugale. Résigné à attendre longtemps encore, le mari avait fait bouillir l'eau. Accoudé à la table ronde, enfin presque, il la sirotait tranquillement, confiant que le bon temps revenait à grand pas. Faisant attention de ne pas mettre tout son poids au même endroit, il rêvait déjà aux prochains soirs. Il fut tiré de ses rêveries par un cri plus strident et long que ceux qu'il entendait depuis un moment déjà. Son réveil brusqua tant la patte la plus frêle de sa table qu'elle se fendit. Jurant sur la perte de sa table si chère, il ne se calma d'un coup que lorsque la porte s'ouvrit sur un homme grand et mince. Cet érudit gris de barbe et de chevelure qui avait, sa vie durant, étudié le corps humain autant théoriquement qu'en pratique affichait, malgré sa froideur habituelle, un semblant de sourire. D'une voix plate et énormement trop neutre même pour un homme glacial comme lui, il annonça que l'enfant était un garçon. Le mari digéra l'information avec désintérêt; peu lui importait le sexe de son enfant, celui de sa femme suffisait.
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MessageSujet: Re: [Xalkain]Frëastolio Brogoria   [Xalkain]Frëastolio Brogoria EmptyMar 14 Nov - 19:58

Chapitre Deuxième
Enfance prolongée

Seize années passèrent. Le garçon devenait lentement un homme, mais il restait tout de même un être insouciant. En fait, sa mère l'avait tant couvé qu'il était presque ignorant de la vie extérieure à sa chaumière. Jamais, ou presque, ne le laissait-elle vagabonder dans les rues de la cité. Elle ne voulait pas qu'il devienne comme son père et elle avait décidé que le seul moyen de l'en empêcher était de le garder enfant toute sa vie. Au diable son épanouissement personnel; elle voulait un fils qui soit parfait. Car pour elle la perfection était cette capacité d'obéir sans se soucier des raisons de cette obéissance. Elle avait jusque-là bien réussi. Il avait grandi d'une façon telle que, si sa mère ne l'avait pas gardé à ses côtés, il aurait déjà eu de nombreuses maîtresses. Mais, malgré cette beauté grandissante, il ne s'était pas abandonné au péché puisqu'il n'avait aucune idée de ce qu'était cette attirance éprouvée pour les demoiselles. Les rares fois qu'il sortait de chez lui, les jeunes filles le fixaient si intensément qu'il hâtait le pas pour fuir l'inconnu de cette attirance. Il n'osait questionner sa mère. Si elle ne lui en avait pas parlé c'était parce que ce n'était pas important ou parce que c'était mal. Et, si c'était contre la volonté de sa mère, il ne désirait pas en connaître les détails. Mais le mystère entourant la relation de sa mère avec son père l'intriguait au plus haut point. Il se demandait intensément à quel âge les personnes de sexe opposé avaient droit de se côtoyer.

Cet après-midi là, il revenait d'ailleurs d'acheter de l'encre chez le vicomte où la fille de celui-ci l'avait approché en s'informant de son père. Son père était très bien, seulement une vilaine entorse qui l'empêchait de faire le chemin jusqu'au domaine. Après qu'il lui eut fait part du but de sa visite, elle l'avait invité à la suivre dans sa chambre; elle avait quelques pots d'encre qu'elle lui donnerait volontiers. Le jeune homme s'était alors indigné de cette charité et avait laissé la jolie, penaude, sur place.

Lorsqu'il entra dans la maison, il sut à l'instant que quelque chose ne tournait pas rond. D'abord, il n'y avait aucun parchemin sur la table de la cuisine alors que son père devait normalement travailler jusqu'à la tombée de la nuit. Ensuite, sa mère était elle aussi accoudée à la table, chose qu'elle ne faisait jamais. Enfin, une inconnue occupait sa chaise de l'autre côté de la table. Jamais personne n'était entré dans la chaumière à l'exception du médecin et il se demandait quelle importance pouvait avoir cette étrangère.
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MessageSujet: Re: [Xalkain]Frëastolio Brogoria   [Xalkain]Frëastolio Brogoria EmptyMar 14 Nov - 19:58

Chapitre Troisième
Éducation précipitée

Comme pressé, refusant de perdre une seconde, son père répondit à toutes ses questions avant même qu'il ne les aie formulées. Il allait lui montrer comment dominer le monde en deux étapes. Ce soir, il lui montrait à maîtriser les femmes et, demain, les hommes. Sa mère servirait à son exemple et la belle demoiselle serait son exercice. Le jeune homme n'y comprenait absolument rien, mais son père enchaîna. Il se leva et, boitillant, alla déposer sa chaise collée sur celle de sa femme et s'y laissa tomber. Il fallait d'abord se montrer patient et aimant. Se penchant sur sa dame, il approcha ses lèvres des siennes et l'embrassa. Il fallait ensuite se montrer intéressé. Laissant les lèvres de sa femme, il entreprit de lui baiser le cou, rejetant les cheveux de celle-ci derrière ses épaules. Il fallait ensuite se montrer fougueux. Il recommença à embrasser sa femme, mais, d'un geste lent, il saisit la poitrine de celle-ci. Il fallait aussi se montrer entreprenant. Baissant les épaules de la robe, il découvrit la poitrine de sa femme. À ce moment, la femme protesta qu'il devrait laisser son fils découvrir par lui-même et qu'il était indigne de faire cela devant lui. Ne bronchant pas, il poursuivit; il fallait maîtriser la situation. Il se leva, saisit sa femme et la coucha sur la table. Il fallait aussi se montrer digne. Sur ces mots, il se dénuda entièrement. Enfin, il fallait savoir posséder. Sur ces mots, il initia le contact intime avec sa femme. Elle, qui s'était montrée réticente à l'idée que son fils y assiste, se laissa posséder dès lors. Le mari se montrait de plus en plus hardi dans ses assauts, de sorte que la table, en particulier les pattes, semblait souffrir.

Entre deux assauts, il pointa la jeune fille et dit à son fils de mettre en pratique ses nouvelles connaissances. Sauf le respect de monsieur, elle préférait travailler en privé et, d'ailleurs, son tarif n'en était pas un de groupe. Absorbé par son combat, le père lui fit signe de faire à sa guise. Elle entraîna donc le jeune homme dans la chambre de celui-ci. Là, elle s'assit sur le bord du lit et fit signe au fils de venir prendre place à son côté. Aussitôt assis, il se pencha vers elle, lèvres devant. Elle le repoussa. Indigné, il protesta. Elle lui expliqua qu'il lui manquait plusieurs connaissances. D'abord, il fallait apprendre à se connaître. Ensuite, il ne fallait pas suivre un mode d'emploi, mais bien ses impulsions. Et enfin, il fallait laisser l'autre s'exprimer. Il fallait la croire; c'était son travail. Mais il faudrait faire croire à son père qu'il appliquait sa méthode. Ainsi, quelques instants après que la dame de l'autre côté de la porte aie lancé de grands cris, la jeune fille fit de même. Avant même que le jeune homme aie compris ce qui se passait, elle convint d'un rendez-vous le lendemain aux Jardins Publics juste après le dîner. Elle n'allait pas refuser de se livrer à lui, mais elle le désirait tant qu'elle voulait que l'amour lui soit réciproque. Car, oui, elle l'avait aimé la seconde qu'elle l'avait aperçu. Il était tout innocent par rapport à ces vieux débris qui la payaient chaque soir. Faisant mine de replacer sa chevelure, elle déclara au père que le paiement ne pressait guère et elle quitta.
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MessageSujet: Re: [Xalkain]Frëastolio Brogoria   [Xalkain]Frëastolio Brogoria EmptyMar 14 Nov - 19:59

Chapitre Quatrième
Évasion ecclésiastique

Le lendemain, un soleil éclatant se leva sur le village. Prétextant une envie d'aller voir les vitraux de l'église scintiller sous les rayons du levant, le fils partit de bonne heure. Il ne voulait pas se rendre aux Jardins avant bien longtemps, mais il lui répugnait de rester chez lui. Il n'avait pas tout à fait saisi tout ce qui c'était passé la veille, mais, selon la réaction première de sa mère et celle de la jeune femme, il avait compris que ce n'était pas bien vu. Aussi, il avait compris que ses parents lui cachaient le vrai monde, contrôlaient sa vie. Cette démonstration avait été comme un phare pour lui; elle l'avait éclairé sur bien des points obscurs de la vie. La jeune femme semblait avoir le même âge que lui, mais elle avait déjà un travail et sortait après la tombée de la nuit. Il avait eu le sentiment que la demoiselle pourrait lui en apprendre beaucoup plus que ses parents ne le faisaient.

Voilà une quinzaine de minutes qu'il marchait sans trop savoir où aller. Si seulement il avait su où trouver la belle, il aurait pu aller la rejoindre, mais il était obligé de patienter jusqu'au midi avant de la revoir. Il bifurqua vers l'église, décidé à ne pas mentir à sa mère malgré les événements récents.

Bientôt, elle se dressa devant lui; elle devait bien faire trois fois sa chaumière en hauteur et, ce, sans compter que le clocher s'élevait beaucoup plus haut encore. Elle était magnifique! Bâtie le siècle précédant, elle avait survécue miraculeusement à l'Apocalypse et elle gardait toute la gloire et la droiture de cette époque passée. Ses pierres avaient été alignées par une main de maître et cimentée par un ouvrier consciencieux. En effet, pas une seule ne semblait occuper une place autre que celle qui lui avait été assignée au départ. Certes, elles avaient toutes un relief différent, mais cela était intentionnel, ajoutait à l'admiration que portait le jeune homme pour l'architecte d'une telle merveille. Car il lui était impossible de croire que les pierres n'avaient pas été placées une par une par le chef des opérations afin que chacune prenne sa place bien à elle. Mais, les pierres n'étaient rien par rapport aux vitraux. Ceux-ci étincelaient si magnifiquement que le fils ne tarissait jamais d'éloges à propos du vitrier qui avait oeuvré à la conception de tel spectacle visuel. Malgré cela, le jeune ne leva même pas les yeux pour admirer le clocher qui trônait en maître au-dessus de ceux-ci, au-dessus du village entier en fait. Ce matin-là, le clocher qui essuyait pluies et vents sans jamais ternir, qui sonnait si juste peu importe la température, qui brillait de mille feux sous les rayons du naissant ne se mérita même pas un coup d'oeil. Le jeune homme avait décidé que le Père saurait répondre à ses interrogations. Cet homme si droit pour qui sa mère avait un respect infini et qui recevait de Chaos lui-même les vérités absolues aux ambiguïtés de la vie saurait l'éclairer.

Le jeune homme passa la grande porte et entra dans l'église. Les cierges brûlaient en tous endroits et éclairaient la voûte du bâtiment d'une lumière vacillante qui ne servait qu'à compléter l'effet du soleil qui pénétrait les vitraux. Devant le jeune s'étendait l'allée centrale bordée de bancs et menant à l'autel, mais il n'y accorda qu'un bref regard. Tout de suite, il tourna à sa gauche et entra dans une cabine de bois. À cette heure, il était certain que le curé se trouvait au confessionnal prêt à accorder le pardon de Chaos aux pêcheurs. Lorsque le jeune homme lui conta les événements de la veille, le Père eut un moment de silence que le jeune interpréta comme un trouble grave. Jamais il n'avait connu un silong silence dans cette cabine. D'habitude, le Père se contentait de lui accorder le pardon, mais, cette fois, il semblait ne pas être certain de la marche à suivre. Enfin, lorsqu'il brisa le silence, ce fut pour presser le jeune de questions. Et il acquit au fil des réponses des certitudes accablantes. Cela ne faisait plus aucun doute dans l'esprit de l'ecclésiastique: cette chaumière abritait le démon. Il ordonna au pauvre petit de ne plus jamais mettre les pieds à nouveau chez lui; il parlerait au vicomte pour lui obtenir un abri. Il lui conseilla aussi de ne plus revoir cette fille. Ce conseil, le jeune n'allait pas le suivre puisqu'il brûlait d'envie de la revoir.

D'ailleurs, outre la certitude de la culpabilité de ses parents à des crimes graves, le Père ne lui avait rien apporté et il comptait maintenant sur la demoiselle pour lui répondre. Il lui restait tant à apprendre. Il se sentait sortir d'une coquille dont il n'avait eu aucune conscience depuis sa naissance; il voyait enfin la vie...
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MessageSujet: Re: [Xalkain]Frëastolio Brogoria   [Xalkain]Frëastolio Brogoria EmptyMar 14 Nov - 19:59

Chapitre Cinquième
Seconde recontre

Comme convenu, le rendez-vous eut bel et bien lieu aux Jardins Publics. Le soleil n'avait pas entâmé sa descente vers l'horizon lorsque la demoiselle arriva. Lui-même était assis sur un petit banc depuis un moment déjà. Après avoir quitté le Père, il n'avait trouvé autre endroit pour patienter que les Jardins. Il n'aurait su dire combien de temps il était resté ainsi plongé dans ses pensées avant d'apercevoir son inconnue. Il avait retourné les événements de la veille pendant de longues minutes en son esprit. Il tentait en vain de comprendre ce qu'ils signifiaient, ce qu'ils représentaient de si maléfique. Car le Père avait été clair - et il ne mentait jamais: c'était un péché grave qu'avaient commis ses parents. Il en était à se demander si c'était péché pour lui aussi ou si ce ne l'était que pour les parents lorsque la jeune fille arriva. Il était confus, ne savait par où commencer. Tant de questions se pressaient vers sa bouche, tentant de sortir toutes à la fois, mais refusant d'en laisser passer une devant l'autre. Il fut heureux de constater que, sans même avoir noté son embarras, la demoiselle prenait d'elle-même l'initiative de la rencontre. Après s'être assise à ses côtés sur le petit banc, elle déclara:

-J'ai l'impression que notre rencontre d'hier t'as laissé perplexe. Ce n'est pas grave. Je me nomme Elizania. Mon prénom suffira pour l'instant. Et toi? Au fait, ça ne te gêne pas que je parle ainsi? Après tout, nous devons avoir le même âge...

-Seize ans... j'ai seize ans. Elizania, c'est un joli nom. Moi, c'est Frëastolio. Mais, mon nom complet tu le connais; je t'ai entendue nommer mon père par son second nom hier.

-Oui, Brogoria... Il est connu chez le vicomte. Enfin, nous en parlerons une autre fois.

Elle s'était levée. Tout doucement, avec une grâce toute féminine, elle lui tendit sa main.

-Veux-tu m'accompagner? Cela fait si longtemps que je n'ai pas visité les Jardins.

-Heu, bien sûr, oui, répondit-il, hésitant, en se levant tout de même prestement.

Ils firent le tour des Jardins Publics, discutant de tout et de rien. Ils se rencontrèrent de la sorte pendant un long moment. Chaque fois, Elizania, dont il avait fini par savoir Del Ferlaya comme étant son second nom, forçait Frëastolio à lui tenir doucement la main. Ils visitaient les sections des jardins dans le même ordre précis que les allées obligeaient presque par leur configuration et se quittaient aux limites de ceux-ci. Elle s'éloignait vers le quartier pauvre alors que lui se dirigeait vers le marché.

Depuis qu'il se refusait de rentrer chez lui, il avait pris l'habitude de vagabonder aux abords du marché ses après-midi durant. Tout cela n'était dicté que par l'espoir. En effet, après sa première rencontre avec Elizania - enfin la première outre celle chez lui - il s'y était rendu et avait été victime d'une terrible chance. Comme guidé par Chaos, il s'était trouvé à tout hasard juste derrière un homme richement vêtu lorsque celui-ci avait échappé sa bourse. Le temps que Frëastolio se penche et la ramasse, l'homme avait disparu. Pas plus sot qu'on autre, il avait empoché le tout. Le soir venu, couché dans la paille d'une écurie laissée à elle-même où il avait trouvé refuge, il avait ouvert la bourse. Hormis la bague certie d'une pierre verte, il avait compté assez de pièces d'or pour se nourrir au moins une demi-année. C'était donc dans l'espoir de s'enrichir à nouveau qu'il bifurquait toujours vers le marché. Il n'osait pas revendre ni même porter la bague de peur d'être reconnu, mais il dépensait tout de même l'argent. Il s'était acheté trois habits en plus d'une cape de voyage sous laquelle il dormait. Il avait aussi offert une petite chaîne toute fine et brillante à Elizania. Il dépensait sans prendre vraiment gare, mais il préférait cela à une vie misérable comme celle de son père. D'ailleurs, il était convaincu que cette vie de sans-logis ne durerait pas. Avec l'aide d'Elizania, il finirait bien par se trouver une situation. En attendant, il vivait bon train sur cet or du Destin...

Un jour, alors que les deux amis marchaient dans les Jardins, Frëastolio aborda par mégarde un sujet délicat qu'ils avaient jusqu'à ce jour évité. Ils avaient plusieurs sujets "interdits": l'endroit où dormait Frëastolio, le travail d'Elizania, la raison qui faisait d'Elizania une demoiselle fort bien vêtue malgré le fait qu'elle habitât le quartier pauvre. Mais, cet après-midi là, par pure politesse, malencontreusement, le jeune homme questionna Elizania sur son père:


-Tu lisais souvent les livres que ton père transcris?

-Seulement quand il les égarait sur la table ou lorsque la fille du vicomte m'en prêtait un. Et toi, ton père, que fait-il comme travail?

La réaction fut instantanée. Des larmes perlèrent les joues de la demoiselle, puis devinrent ruisseaux et, finalement, torrents. Elle pleurait une peine refoulée pendant bien longtemps. Elle avait su être forte depuis la perte de ses parents, mais cette simple question avait su briser le mur qu'elle s'était elle-même créée face à ce triste évènement.
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Intermède Premier
Elizania Del Ferlaya

Ses parents étaient conseillers à la cour du vicomte depuis très longtemps. Pour eux, c'était tout naturel puisque leur famille respective l'avait été auparavant. De génération en génération, ils devenaient conseillers à la retraite de leurs parents. Cependant, arrivé à la huitième génération, les deux familles de conseillers n'avaient eu qu'un seul enfant; les Risetto une fille, Anna, et les Del Ferlaya un garçon, Marco. Dès leur plus jeune âge, ils s'étaient joyeusement côtoyés et leur amitié avait évolué en amour au fil des années. De leur union était née une fille, Elizania, dernière représentante de la longue lignée des conseillers du vicomte.

Peu après les célébrations du quinzième anniversaire de leur fille unique et chérie, les conseillers durent, sous les ordres du vicomte, se rendre en visite diplomatique chez un bourgeois voisin. Celui-ci avait commencé à prendre de l'expansion au détriment de ses propres voisins et le vicomte voulait s'assurer sa loyauté. Les conseillers ne revinrent jamais... en entier. Tout ce qu'on reçut fut une paire de doigts, l'un portant un anneau et l'autre une bague. L'affaire fut bien sûr habilement étouffée.

De ce jour, la vie d'Elizania devint un enfer. Elle fut confiée aux bons soins d'un valet en qui le vicomte avait pleine confiance. Cependant, la jeune Elizania avait grandi en beauté et l'attrait fut trop grand. Le valet fît de la jeune Del Ferlaya la fille de joie de la cour. Lui s'emplissait les poches secrètement pendant que les divers bourgeois au service du vicomte satisfaisaient leurs désirs à prix modique. Chaque fois, elle se débattait, mais, sous le poids du bourgeois qui l'écrasait, finissait par se laisser faire, résignée. Parfois, elle se surprenait même à apprécier le moment, mais cela la répugnait au plus haut point de devoir s'offrir au plus offrant alors qu'elle ne touchait pas un sou. Certains des clients les plus avertis en vinrent à apprendre que la jeune fille ne retirait pas un seul centième de ce qu'ils versaient au valet pour louer ses services spéciaux. Aussi, elle commença un jour à recevoir une somme supérieure à son prix habituel. Même dans le vice le plus extrême, quelques-uns de ces bourgeois gardaient un semblant d'humanité et prenaient en pitié cette pauvre orpheline obligée de vendre son corps au profit d'un autre. Surprenant au plus haut point, mais néanmoins appréciée de la jeune fille était cette attitude. Elle aurait préféré qu'ils ne recourent plus à ses services, mais, à cela, ils semblaient très peu enclins. Elle empochait donc la différence entre la somme versée et le prix dans l'espoir d'accumuler assez pour s'enfuir loin de la cour du vicomte et de cet esclavage.

Elle endura ce traitement durant près de deux longues années avant d'avoir suffisament d'argent pour fuir et se payer un petit logement dans le quartier pauvre.

Cela faisait quelques mois qu'elle s'était trouvée un emploi stable dans une petite boutique lorsque le père de Frëastolio s'y était présenté. Il était l'un de ses clients chez le vicomte et l'avait immédiatement reconnue. Il était revenu le surlendemain pour lui proposer un marché:


-Tu feras ce que tu sais faire de mieux, mais, cette fois, avec mon fils. Je te rémunérerai et, de plus, je ne te livrerai pas à ce bon Ernesto. Ce n'est pas un marché; c'est une obligation. Tu sais où j'habite. Sois-y demain soir, sans faute.
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